Les vins de la semaine

Quand l’équilibre va, tout va

Il fut un temps où je fuyais les vins à fort taux d’alcool. C’était à une époque où on glorifiait le raisin le plus mûr possible et les extractions poussées. Les vins étaient alors complètement déséquilibrés et l’alcool, omniprésent. Lorsque la viticulture et les vinifications sont très soignées, qu’on se préoccupe plus de plantes et de sols que de maturité, le vin peut avoir un taux d’alcool élevé tout en restant parfaitement équilibré et digeste.

Réussite totale

De retour dans le millésime 2017, la cuvée Le Combal de Catherine Maisonneuve et Mathieu Cosse est fidèle à elle-même et offre un des meilleurs vins dans cette gamme de prix, toutes catégories confondues. Le vin impressionne toujours par sa matière mûre, sa complexité, sa profondeur et sa longueur, mais surtout par son équilibre sans faille. Des arômes de fruits noirs bien mûrs, avec des notes d’épices, d’anis, de terre noire et une pointe florale, ouvrent le bal. La bouche est à la fois ample, mûre et juteuse, gorgée de fruit, d’éclat et de fraîcheur. Des tanins très fins, mais fermes, apportent du relief et s’égrènent sur une longue finale, à l’impression minérale. Déjà délicieux, il offrira beaucoup de plaisir pendant des années encore. À déguster avec un confit de canard, des côtelettes d’agneau ou un cassoulet.

Cosse Maisonneuve Le Combal Cahors 2017, 20,80 $ (10675001), 13,5 %

Garde : de 4 à 6 ans

Petit trésor, grande satisfaction

Mâcon-Péronne est une appellation régionale de Bourgogne avec une dénomination géographique complémentaire. C’est-à-dire qu’elle s’applique à un territoire plus restreint, par rapport à Mâcon tout court, par exemple. Ces appellations regorgent de petits trésors, comme ce vin qui offre un très bon rapport qualité-prix, chose devenue rare en Bourgogne. Le nez est fin, joli et frais, sur des arômes d’agrumes, de poire, de pomme verte, avec des notes de crème et d’amande. Une très belle matière fruitée en bouche offre une texture caressante. La bouche est ample, mais sans aucune lourdeur malgré un taux d’alcool élevé. Elle reste fraîche, voire tonique, et très harmonieuse. Très sec, et sans bois, le vin, riche, est fait pour la table. À essayer avec du poisson ou du poulet en sauce, au beurre blanc, à la crème, du homard ou encore des ris de veau.

Domaine du Mont Épin Mâcon-Péronne 2020, 23,95 $ (13620815), 14,7 %, bio

Garde : 2 ou 3 ans

Riche, complexe et singulier

Vitatge Vielh est une cuvée issue de très vieilles vignes, de 60 à 100 ans d’âge, des cépages locaux gros manseng, petit manseng, courbu et camaralet. Ils sont cultivés, complantés, à 400 m d’altitude au pied des Pyrénées. En 2017, c’est 60 % du premier, 30 % du deuxième et 10 % de courbu qui composent la cuvée. Les vins fermentent en demi-muids et en foudres, puis y sont élevés pendant un an sur lies. Quel vin ! Il arbore une couleur dorée et s’ouvre sur des notes de céréales, de pêche, d’orange et de miel. La bouche est ample, grasse, mais aussi fine et élégante, portée par une acidité fraîche. Très harmonieux, avec de légers amers qui se pointent sur une longue finale, il se boit avec poissons ou pétoncles au curry, rôti de porc aux abricots, volaille à la crème ou aux champignons.

Clos Lapeyre Jurançon Vitatge Vielh 2017, 28,25 $ (11629761), 13 %, bio

Garde : de 3 à 6 ans

À boire

Soutenir l’Ukraine avec son vin

Dans la péninsule du Niagara, les vignerons Nadia et Ilya Senchuk ont trouvé une manière généreuse de soutenir leur pays d’origine, l’Ukraine. Jusqu’au 12 mars, la totalité des ventes de leur petit vignoble sera versée à la Fondation canadienne pour l’Ukraine. Une partie des sommes obtenues par la vente des bouteilles à la SAQ ira également à l’organisme.

Hamilton — La route des vins était tranquille lundi matin, dans la péninsule du Niagara. À l’entrée de la région viticole, en banlieue d’Hamilton, le va-et-vient des voitures était cependant soutenu au vignoble Leaning Post.

Les propriétaires, Nadia et Ilya Senchuk, ont eu une idée hors du commun pour soutenir leur pays d’origine, l’Ukraine, qui subit une attaque de la Russie. Ils remettront la totalité de leurs ventes réalisées au domaine entre le 5 et le 12 mars pour le soutenir. « On se sent tellement impuissants et inutiles, confie Nadia Senchuk, la voix chargée d’émotion. C’est un investissement énorme pour un petit vignoble comme nous, mais c’est le mieux qu’on puisse faire. »

Les clients ont immédiatement répondu à l’appel. Dans la seule journée de mardi, le domaine a vendu pour 14 000 $ de vin, soit environ 500 bouteilles. C’est une quantité considérable pour un domaine qui commercialise en moyenne 72 000 bouteilles par année.

Leaning Post vend depuis peu au Québec. Au moment de rédiger ce texte, près de 400 bouteilles de son riesling étaient offertes à la SAQ et, pour chaque bouteille vendue, jusqu’au 20 mars, les propriétaires et leur agent Sélection Caviste verseront 4 $ à la fondation.

Aider plus

Dans la vieille grange convertie en chai, les boîtes remplies de vêtements, de jouets et d’aliments non périssables s’accumulent dans les couloirs de Leaning Post.

Nadia et Ilya Senchuk ne font pas qu’envoyer de l’argent pour soutenir l’Ukraine, le vignoble a en effet sollicité les dons et offre d’expédier la marchandise au pays en guerre.

« Notre travail, c’est d’expédier du vin tous les jours, ajoute le vigneron Ilya Senchuk. On a voulu que notre expertise serve de manière concrète. »

La famille de Nadia et Ilya Senchuk habite dans l’ouest de l’Ukraine, loin de Kyiv. Heureusement, elle n’est pas touchée par les bombardements russes. Les vignerons gardent un contact étroit et se tiennent prêts à intervenir si la situation dégénère.

Leaning Post n’est pas le seul vignoble canadien exploité par des propriétaires ukrainiens. Toujours dans la région de Niagara, à Beamsville, on trouve aussi le vignoble Rosewood.

L’Ukraine n’est pas connue pour sa production viticole, pourtant, le pays cultive près de 40 000 hectares de vigne et produit du vin dans quatre régions différentes.

Grand riesling, grande cause

Ilya Senchuk a voulu devenir vigneron alors qu’il avait 19 ans. Sa famille, établie à Winnipeg, ne buvait pas beaucoup d’alcool, mais un article sur le vin a piqué sa curiosité. Il a déménagé à Niagara pour ses études et après quelques années comme consultant, il a acheté, en 2011, un vignoble abandonné tout près d’Hamilton avec sa femme, Nadia. Leaning Post totalise aujourd’hui un peu moins de quatre hectares de vigne. Comme c’est la pratique dans la région, le domaine achète aussi des raisins à d’autres producteurs, dont du riesling. La cuvée en vente au Québec est très typique. Ses arômes de silex et de melon miel envahissent le verre. Issu de la vendange 2018, une année chaude à Niagara, le vin n’a pas une attaque très tranchante. La texture ronde se prolonge dans une finale parfumée et subtilement saline.

Leaning Post Riesling Péninsule du Niagara 2018, 25,15 $ (14503354), 11,4 %

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