Chronique 

Tataki de téléromans

Accumulez-vous du retard dans l’écoute de vos séries québécoises préférées ? En avez-vous sacrifié quelques-unes, par manque de temps ou d’intérêt ?

C’est fort possible et bien normal. Plusieurs téléromans traversent des creux de vague, des périodes de stagnation. Comme une équipe de hockey qui en arrache pendant une série de parties – bonjour, le Canadien ! – avant de rebondir avec un nouvel entraîneur derrière le banc.

Faisons le point sur quelques émissions populaires que l’on aime, mais qui tirent parfois l’élastique de notre patience. Plongeons d’abord dans O’ à TVA, qui a connu des heures plus palpitantes, il faut l’admettre.

Ça niaise autour des interminables recherches généalogiques de Solange (Micheline Lanctôt) et Jacqueline (Marie Tifo) sur les ancêtres O’Hara, qui servent maintenant à nommer des bières de la nouvelle microbrasserie. Heureusement, on compresse ici deux intrigues moins captivantes. Merci.

Ça piétine avec Samuel (Guy Nadon), qui ne se soigne pas et pour qui un cellulaire – acheté chez Vidéotron, bien sûr – semble être un objet inconnu du futur. Hein, ça sonne, ce bidule-là ? Oui, Samuel. C’est un té-lé-pho-ne.

Ça niaisait entre François (Hugo Giroux) et Louisa (Marilyse Bourke) depuis quoi, un an déjà ? Finalement, les deux célibataires ont échangé un baiser mardi soir. Ça évitera à Louisa de subir un autre monologue ininterrompu de Peter Miller.

Ça piétinait également entre les jeunes Mathieu (David Noël) et Éric (Guillaume Gauthier) depuis très, très longtemps, et on a presque failli se désintéresser de cette histoire, pourtant tricotée avec beaucoup de délicatesse.

Et comme dans L’échappée, O’ nous a fait le coup du cœur du bébé que l’on n’entend pas à l’échographie. La semaine dernière, Ruptures et Mémoires vives ont traité du syndrome de Münchhausen en même temps. Nos auteurs puiseraient-ils leur inspiration à la même source ?

Directions opposées

Du côté d’Unité 9, les accrochages répétés entre Normand Despins (François Papineau) et la nouvelle aumônière (Karen Elkin) tournent en rond. Le scandale des bobettes de Shandy (Catherine-Anne Toupin) bouffe aussi du précieux temps d’antenne.

C’est difficile pour les scénaristes de maintenir un rythme soutenu sur une aussi longue période. Ces baisses de régime n’ont rien d’alarmant. Pourvu qu’elles ne se transforment pas en pannes sèches.

Dans L’échappée, les dernières semaines ont été plus vigoureuses. Marie-Louise (Bianca Gervais) a rouvert l’enquête sur la disparition de Maisie Wolfe, qui pourrait a) éclaircir, Dieu en soit loué, le meurtre d’Agnès (Évelyne Rompré) et b) lui procurer un copain en la personne du barbu Daniel (Éric Robidoux).

Le personnage de Jade (Charlotte Aubin) s’avère de plus en plus antipathique. À part bardasser des kayaks et déplacer des vestes de sauvetage, elle ne fabrique rien de constructif. Et avec sa fausse couche, Jade s’enfonce davantage. Mettons que c’est lourd.

La fin de l’épisode de Mémoires vives de mardi tend à confirmer ma théorie voulant que Jérémie Gendron (Pier-Luc Funk) ait enfermé la Dre Judith Laramée (Marianne Farley) dans le sous-sol de Claire (Marie-Thérèse Fortin).

De mieux en mieux

Je m’adapte doucement à L’heure bleue de TVA. Au départ, le déménagement d’Anne-Sophie (Céline Bonnier) dans le Mile End m’apparaissait farfelu et irréaliste. Après quelques épisodes, non seulement ça se tient mieux, mais ça s’explique. La « méchante » ou l’ingrate du couple n’est pas nécessairement Anne-Sophie.

L’entrée en scène du fils de Bernard (Benoît Gouin), soit l’ex-prisonnier Raphaël (Jean-Philippe Perras), apporte à L’heure bleue une touche rock’n’roll pas du tout désagréable. Le personnage de l’ésotérique Pauline (Sylvie Moreau), caricatural au départ, a pris de la profondeur. Vraiment, tout se place mieux.

L’épisode de Ruptures de la semaine prochaine augmente la tension entre le bureau de Jean-Luc De Vries (Normand D’Amour) et celui d’Ariane (Mélissa Désormeaux-Poulin) à un niveau réjouissant. C’est du bonbon.

Au secours de Béatrice continue d’être la meilleure série de fiction à TVA, selon moi. Le dévoué et fougueux Gabriel Côté (Vincent Graton), plus venin que miel, a chambardé l’univers de Béatrice (Sophie Lorain). La conversion de la vilaine Dre Adrienne Bannon (Isabelle Blais) en urgentologue sensible n’est pas du tout incongrue. Dans la vraie vie, les gens changent aussi.

En début de semaine, District 31 a négocié un virage mafia/crime organisé fascinant. Le nouvel enquêteur Tom Castalagne (David Boutin), adepte des bonnes vieilles méthodes, est parfait. Et notre Poupou national (Sébastien Delorme) n’est pas mort, malgré les trois coups de feu qui ont été tirés dans son dos.

Les dieux de la télévision sont bien bons pour nous.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.