Technologies de l’information

Bond des inscriptions dans les écoles de génie

Après des années d’efforts plus ou moins fructueux, les universités montréalaises connaissent finalement un bond considérable des inscriptions dans leurs programmes de baccalauréat en génie informatique, logiciel et des technologies de l’information (TI). L’engouement pour l’intelligence artificielle, avec le rayonnement de ses vedettes montréalaises et l’annonce d’investissements dans le domaine de grandes entreprises comme Facebook, Google et Microsoft, y serait-il pour quelque chose ? Les avis sont partagés, mais chose certaine, la hausse des inscriptions est significative.

À McGill, le nombre total d’étudiants inscrits au baccalauréat en génie logiciel a augmenté de 27 % en un an. À l’École de technologie supérieure (ETS), le nombre de nouveaux étudiants inscrits aux programmes de génie des TI et de génie logiciel a augmenté de 28 % par rapport à l’an dernier.

40 % 

Augmentation du nombre d’inscriptions à Polytechnique Montréal dans les baccalauréats en génie informatique et logiciel l’automne dernier

« C’est énorme comme augmentation et depuis cinq ans, la taille du département a doublé », indique Jean-Marc Robert, directeur du département de génie logiciel et des TI à l’ETS.

« On accueille aussi beaucoup plus d’étudiants en année préparatoire maintenant, et le génie logiciel ou des TI sont parmi leurs premiers choix, alors qu’ils étaient auparavant les laissés-pour-compte derrière le génie mécanique et de la construction », ajoute-t-il.

Des pistes pour expliquer cette affluence

Est-ce que ce bond dans les inscriptions est dû à l’attention médiatique dont a bénéficié l’intelligence artificielle récemment ?

« C’est certain que les gens comprennent maintenant avec le rayonnement de l’intelligence artificielle que les TI ont un impact sur tous les secteurs de la société, de la radiologie à l’énergie, et qu’il y a de la place pour eux dans ces différents types d’emplois où il y a un grand volet créatif. » 

— Steven Chamberland, directeur des affaires académiques et de la vie étudiante à Polytechnique Montréal

Il compare l’engouement pour l’intelligence artificielle à celui pour le jeu vidéo il y a une dizaine d’années à Montréal.

« Ubisoft est devenu immense, Warner et d’autres grands studios sont venus s’installer, toute une culture du jeu vidéo s’est développée à Montréal et beaucoup d’étudiants sont venus dans les programmes de TI pour cette raison, se souvient-il. Je crois que l’on connaît maintenant une nouvelle vague grâce à l’intelligence artificielle. »

Jean-Marc Robert, de l’ETS, croit pour sa part que c’est la grande pénurie de main-d’œuvre dans le domaine qui frappe les jeunes.

« Nous avions l’an dernier plus de 2000 offres de stage pour 700 étudiants en génie logiciel et des TI, alors les étudiants peuvent choisir des entreprises qui offrent des stages avec des défis technologiques et des conditions salariales vraiment intéressantes », affirme Jean-Marc Robert, directeur du département de génie logiciel et des TI à l’ETS.

Les besoins sont si nombreux, toutefois, que malgré la hausse d’étudiants dans les programmes, les écoles d’ingénieurs n’arrivent pas encore à répondre à la demande.

D’autres programmes aussi touchés

À l’Université Concordia, on indique que le nombre d’inscriptions dans tous les programmes en génie et en informatique a crû d’environ 50 % depuis cinq ans. Et Mourad Debbabi, chercheur à l’Institut d’ingénierie des systèmes d’information de l’Université Concordia, croit que ce serait en partie en raison de l’engouement pour l’intelligence artificielle.

« Si un jeune veut aller travailler dans une compagnie de systèmes ferroviaires, indique-t-il, on lui demandera de faire de la gestion intelligente du réseau de transport, s’il veut aller dans une compagnie électrique, on lui demandera de travailler avec un réseau électrique intelligent, s’il veut aller dans l’aérospatiale, il travaillera avec des avions connectés et des drones. »

L’intelligence artificielle est maintenant présente aussi dans l’industrie automobile et dans les bâtiments.

« L’intelligence artificielle est dans plusieurs industries maintenant, elle s’insère dans tous les programmes de génie et suscite un grand intérêt chez les étudiants. » 

— Mourad Debbabi, chercheur à l’Institut d’ingénierie des systèmes d’information de l’Université Concordia

Les établissements universitaires n’avaient donc pas attendu l’explosion de l’intérêt pour l’intelligence artificielle pour l’intégrer dans leurs programmes de génie.

L’Université McGill voit aussi que l’intérêt pour les questions d’intelligence artificielle dépasse largement ses programmes de génie pour réunir dans les classes des étudiants en arts, en droit et en sciences humaines, notamment. Les cours existants ne cessent de gagner en popularité et d’autres sont en développement.

« L’intelligence artificielle touchera à tous les secteurs de la société, affirme Bruce Lennox, doyen de la faculté des sciences de l’Université McGill. Les gens de différents domaines doivent apprendre à travailler ensemble sur ces questions. »

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