Témoignage

Apprivoiser l’arthrite grâce au sport

« Ce n’est pas facile de lâcher prise dans une société de performance », explique Nathalie Bisson. Après avoir reçu un diagnostic d’arthrite à 37 ans, Nathalie est devenue un modèle de détermination et de persévérance en courant des marathons… et un exemple de sagesse en encourageant les gens à ne pas trop s’en mettre sur les épaules. Aujourd’hui jeune de 54 ans, l’autrice du livre Le Pace du bonheur et conférencière à la prochaine Rencontre sur l’arthrite partage son histoire.

Une journée critique

Ça faisait des mois que Nathalie ressentait de la fatigue et des courbatures, mais elle se disait que c’était normal. Après tout, elle travaillait de soir comme préposée aux bénéficiaires et s’occupait de quatre enfants. Puis, un matin, elle n’arrive pas à tenir sa tasse de café. Elle est incapable de démarrer sa voiture. Elle échappe un plateau d’instruments chirurgicaux. Le diagnostic tombe : polyarthrite rhumatoïde sévère.

Une douleur incurable

La polyarthrite rhumatoïde touche un adulte canadien sur cent, et deux à trois fois plus de femmes que d’hommes, de tous âges. Il s’agit d’une maladie inflammatoire provoquant de la douleur, des raideurs et de l’enflure aux articulations. «  On n’en meurt pas, mais on n’en guérit jamais », partage Nathalie. Au moment du diagnostic, le médecin de Nathalie prédit qu’elle aura besoin d’une marchette dès l’année suivante.

Des outils pour apprivoiser la maladie

Nathalie expérimente les phases que l’on traverse lors d’un deuil : déni, colère, tristesse. « C’est un passage obligé, il faut se permettre de s’échouer avant de choisir de se relever », dit-elle. Elle effectue des recherches sur Internet, en quête de conseils et de solutions pour mieux vivre avec la maladie.

Faire les premiers pas

Nathalie se tourne alors vers un deuxième médecin, prônant le mouvement, qui la met en garde : « Jusqu’où es-tu prête à aller ? » Incapable de marcher ou de courir, Nathalie s’attaque au vélo stationnaire. À sa première séance, elle s’effondre après 75 secondes. « C’était difficile, mais je n’ai pas lâché », dit-elle. « J’ajoutais quelques secondes chaque jour. Et après quelques mois, je pouvais compter mon temps en minutes. » Avec les années, elle renforce ses articulations et parvient même à parcourir à vélo les centaines de kilomètres qui séparent Québec de la Gaspésie.

Courir pour se libérer

Un double décès survient : Nathalie enterre sa mère et sa sœur la même journée. C’est un choc terrible et malgré une recommandation d’éviter la course à pied (à cause du plus grand impact sur les articulations), elle ouvre la porte et s’élance. Elle court pour vaincre sa peine.

« C’est là que j’ai décidé que j’allais courir un marathon », se souvient-elle. Elle accomplit l’exploit en 2011 à Rimouski, parcourant 42 km en dépit de la douleur.

Le piège de la contre-performance

Deux ans plus tard, un examen de résonance magnétique révèle que c’est le retour à la case départ. « L’abus de performance m’a rattrapée », confie Nathalie. « J’étais un modèle pour les autres, j’étais fière de moi, mais je poussais la machine trop loin. » Ne voulant pas pour autant se priver du plaisir de l’activité physique, la sportive adopte une toute nouvelle mentalité. « J’ai lâché la performance pour plutôt valoriser ma persévérance, mon endurance. »

Trouver son propre pace

Chez les coureurs aguerris, le pace est le nombre de minutes qu’il faut pour parcourir un kilomètre. Suivant autrefois minutieusement l’évolution de cet indice, Nathalie l’a remplacé par un autre : le pace du bonheur. « Est-ce que je suis fière de moi ? Est-ce que je donne le meilleur de moi-même ? » La coureuse rappelle que peu importe le temps requis, ceux qui terminent un marathon ont franchi la même distance et décrochent la même médaille. Cette philosophie de vie reposant sur le lâcher-prise est présentée en détail dans son livre Le Pace du bonheur : courir et vivre pour soi.

Une conférence pour doser la performance

Le 26 octobre prochain, dans le cadre de la Rencontre sur l’arthrite au Centre des congrès de Québec, Nathalie Bisson animera une conférence aux côtés de la médaillée olympique Nathalie Lambert. Lors de cette présentation intitulée Comment gagner à faire partie de SA solution, les deux femmes partageront leur histoire ainsi que leur nouvelle perception de la performance et des conséquences du surentraînement.

L’histoire de Nathalie vous touche ?

Vous pouvez contribuer à améliorer la situation des personnes atteintes d’arthrite en faisant un don du montant de votre choix à la Société de l’arthrite.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.