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PERSONNE N’EST ÉPARGNÉ

Qui sont les 261 000 Québécois qui ont joué aux ALV des bars dans la dernière année ? Et les 614 000 qui ont joué aux machines à sous des casinos ? Surtout, lesquels d’entre eux deviennent dépendants de ces appareils ? Voici ce que répondent les experts, qui constatent tous qu’il n’y a plus de profil unique. Et que la maladie des joueurs fait un nombre incroyable de victimes collatérales.

LES FEMMES 

« Depuis deux ans, le nombre de femmes a beaucoup, beaucoup, beaucoup augmenté. Elles nous arrivent plus souvent des casinos que des bars. Plusieurs ont aussi un problème d’alcool. Et plusieurs racontent qu’elles se sont prostituées pour avoir des sous. »

— Robert W., porte-parole de Gamblers anonymes

40 %

Proportion approximative de femmes parmi les joueurs traités au Centre de réadaptation en dépendance de Montréal et à la Maison Jean-Lapointe.

66 %

C’est le nombre de Québécois qui indiquent avoir joué, au cours des 12 derniers mois, à un jeu de hasard, y compris l’achat de billet de loterie.

Selon le genre, quelle proportion des joueurs québécois ont joué aux ALV dans la dernière année ?

Femmes : 5,1 %

Hommes : 7,3 %

LES RICHES

« Plusieurs de nos membres gagnent plus de 100 000 $ par année. Il y a le vice-président d’une banque, des médecins, des entrepreneurs. À tel point que les gens moins fortunés pensent parfois qu’ils n’ont pas leur place, parce qu’ils n’ont pas perdu autant qu’eux. Mais ce n’est pas le montant perdu qui compte. Quand tu n’as plus de bouffe à donner à tes enfants, tu as besoin d’aide. »

— Robert W., porte-parole de Gamblers anonymes

Au total, les gens moins fortunés demeurent 50 % plus susceptibles de jouer aux ALV.

Selon le revenu, quelle proportion des joueurs ont joué aux ALV dans la dernière année ?

Québécois gagnant un revenu moyen supérieur ou supérieur : 5,4 %

Québécois gagnant un revenu inférieur ou moyen inférieur : 7,4 %*

Québécois n’ayant donné aucune information à ce sujet : 8,4 %*

LES INSTRUITS

« Le jeu pathologique, ce n’est pas une question d’intelligence. Lors de mes interventions de crise, j’ai vu des hommes brillants, des étudiants de 20, 21 ans. J’ai aussi vu un mathématicien qui était convaincu de percer le mystère de l’appareil. Au casino. Quelqu’un qui contrôle tout dans sa vie n’accepte pas de se buter à une machine qu’il ne peut pas contrôler. Ça devient presque une obsession. »

— Louis-Philippe Bertrand, coordonnateur du programme de jeu à la Maison Jean-Lapointe

28 %

Chez les joueurs morts par suicide, proportion qui avaient un niveau d’éducation supérieure (contre 19 % chez les non-joueurs morts par suicide)

Selon le niveau de scolarité, quelle proportion de joueurs a joué aux ALV dans la dernière année ?

Québécois n’ayant pas terminé leurs études secondaires : 9,5 %*

Québécois les ayant terminées ou rendus au niveau collégial : 6,7 %

Québécois ayant entrepris ou terminé des études universitaires : 3,9 %

SANTÉ MENTALE

« Les joueurs qui se suicident ont aussi d’autres problèmes de santé mentale ; ce n’est pas seulement le jeu qui les a conduits au suicide. Souvent, le jeu représente pour eux une évasion. Mais chez certains, il est possible que ce soit les problèmes de jeu qui entraînent l’apparition des autres problèmes. »

— Monique Séguin, chercheuse au groupe sur le suicide de l’Université McGill et professeure à l’Université du Québec en Outaouais

68 %

Proportion des joueurs morts par suicide qui avaient au moins un autre trouble en plus de leur problème de dépendance

56 %

Proportion des joueurs morts par suicide qui avaient un trouble de la personnalité (contre 49 % des non-joueurs)

2 %

Proportion des joueurs morts par suicide qui avaient utilisé des services de psychothérapie (contre 12 % des non-joueurs)

LES COMMUNAUTÉS CULTURELLES

« Les gens de certaines communautés viennent moins en thérapie. Dans leur milieu, le jeu est très tabou. Mais lors de nos interventions de crise au casino, c’est très multiculturel. On voit des Asiatiques, des Arabes, des Français, des Anglais. »

— Louis-Philippe Bertrand, Maison Jean-Lapointe

LA FAMILLE

Quand une personne est obsédée par le jeu, des familles entières explosent ou se retrouvent à la rue, et des enfants sont négligés.

« L’entourage qui consulte a un sentiment de trahison énorme. Tu te réveilles et tu réalises que tu ne connais pas la personne avec qui tu vis. Des femmes disent : j’aurais mieux aimé qu’il me trompe… »

— Michelle Morin, psychoéducatrice et responsable du programme de jeu et de cyberdépendance au Centre de réadaptation en dépendance de Montréal

« Ma fille étudie pour devenir infirmière. C’est une fille exemplaire. Mais elle s’est fait tirer des œufs, elle a reçu des lettres anonymes de gens qui lui disaient que sa mère était une “crosseuse” et que son fils serait sûrement un “crosseur” plus tard. »

— Roxanne, une joueuse pathologique qui a fraudé son entourage

Selon le statut matrimonial, quelle proportion des joueurs ont joué aux ALV dans la dernière année ?

Québécois mariés ou en union libre : 4,6 %

Québécois veufs, séparés ou divorcés : 5,1 %

Québécois célibataires, jamais mariés : 11,4 %*

LES CRIMES

Environ XX % (À VENIR) des joueurs pathologiques volent ou fraudent pour jouer, selon le Centre québécois d’excellence pour la prévention et le traitement du jeu.

La trésorière d’un syndicat du milieu de la santé a été condamnée à la prison la semaine dernière, pour avoir vidé le compte de l’organisme afin de jouer le tout – soit près de 0,7 million de dollars – au casino. Sa fraude a tellement secoué le président du syndicat qu’il s’est retrouvé en congé de maladie.

Voici d’autres exemples tirés de jugements des dernières années :

• Une infirmière auxiliaire a obtenu un prêt d’une patiente âgée et a en plus volé les chèques en blanc de cette dernière pour la frauder.

• Un technicien en vérification fiscale au ministère du Revenu a faussement déclaré à un contribuable qu’il devait une somme importante au ministère du Revenu, et l’a accaparée pour jouer.

• Un courtier d’assurance en dommages « obsédé par les jeux de poker vidéo » s’est approprié les primes d’assurances versées par trois clients différents.

« Plusieurs fraudent, mais certains n’ont même pas besoin de le faire. Un monsieur immigrant qui gagnait 37 000 $ par an comme mécanicien a réussi à recevoir 15 cartes de crédit. Mais comment est-ce possible ? »

— Michelle Morin, psychoéducatrice et responsable du programme de jeu et de cyberdépendance au Centre de réadaptation en dépendance de Montréal

Source des données sur les joueurs en général :

Enquête sur les habitudes de jeu au Québec (ENHJEU-QUÉBEC), 2012, Université Concordia et Université de Montréal (sondage fait auprès de 23 000 joueurs)

Note : Les données suivies d’un astérisque (*) sont à interpréter avec prudence, parce qu’il y a peu de gens dans les échantillons en question. Il est donc possible qu’ils ne soient pas représentatifs des catégories de population correspondantes.

Source des données sur les joueurs et les non-joueurs morts par suicide au Québec : 

« Suicide and gambling : psychopathology and treatment-seeking », Psychol Addict Behav, 2010.

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