SOCCER  BILLET

Douleur et fierté

C’est dur. N’allez surtout pas croire qu’on n’est pas fier d’eux, mais c’est triste quand même. Après une défaite si difficile à encaisser ! On aimerait certes garder la tête levée, mais comme la balloune s’est si vite dégonflée, on a du mal à trouver une façon d’être constructif et de se concentrer sur les éléments positifs.

Pendant au moins 45 minutes, l’Impact de Montréal nous a encore fait rêver. Un songe que plus de 61 000 personnes auraient aimé se voir prolonger… Jusqu’à ce que Dario Benedetto se charge de nous ramener à la réalité.

Ce même Benedetto qui était passé à côté de son match au Stade Azteca. Celui-là même qui rate un filet ouvert alors que l’Impact mène 1-0 en première mi-temps. Malgré bien des imprécisions, l’accumulation d’occasions lui aura finalement permis de débloquer. Et une fois la confiance retrouvée, ce n’est pas une, ni deux, mais bien trois réalisations qui permettent au Club América de s’imposer et de donner raison à ceux qui estimaient la différence de niveau trop importante pour que l’Impact arrive à rivaliser. Triste réalité.

Et bien que ce soit cruel, je ne peux m’empêcher de penser que le Bleu-blanc-noir devra vite traverser les étapes du deuil. Frank Klopas en faisait lui-même la remarque après le match : « On a l’impression que tout vient de se terminer et pourtant, la saison ne fait que commencer. Et nous avons beaucoup de matchs à rattraper. »

UN RYTHME EFFRÉNÉ

Évidemment, si on tient à retirer quelques constats du match, c’est lors d’un début de deuxième mi-temps au rythme effréné que le onze montréalais a laissé la rencontre lui échapper.

Fatigués d’une première demie pourtant bien maîtrisée, les hommes de Klopas n’ont jamais su retisser les liens qui maintenaient ensemble le bloc-équipe après que les attaquants d’América eurent trouvé une façon de découper leur défense. Du jeu si décousu qu’il ne pouvait que profiter aux Aguilas.

Mais à quoi bon s’acharner sur un moment d’inattention en défense centrale ou sur une coûteuse passivité sur le flanc droit de l’arrière-garde ? Les Montréalais ont tout donné. On ne saurait le leur reprocher.

Klopas, de son côté, aurait-il pu y aller d’une substitution pour empêcher le match de basculer ? Franchement, permettez-moi d’en douter. J’aurais certes préféré qu’on fasse entrer Patrice Bernier plus tôt, mais au risque de paraître fataliste, j’ai du mal à me convaincre que l’issue du match aurait changé.

Par ailleurs, avec le recul, on s’aperçoit que la perte de Camara aura probablement pesé davantage que celle d’Evan Bush. À un moment donné, les obstacles étaient trop nombreux pour éviter de sombrer. Tiens, je suis peut-être déjà rendu à l’étape de l’acceptation…

Puisqu’il faut toujours tenter de retenir une leçon de la défaite, prenons le commentaire lucide de Laurent Ciman, qui parlait de cette mauvaise tendance qu’a l’Impact de jouer ses matchs en deux temps : « On est concentré et on joue au football en 1re mi-temps. Et en 2e, on n’arrive pas à gérer et on laisse trop d’espace. » Voilà, tout est là, et les Aguilas se sont assurés de bien le démontrer.

Traverser les étapes du deuil sans se précipiter, c’est probablement ce qu’il reste à faire pour qu’on en vienne éventuellement à se rappeler le parcours exceptionnel qu’a accompli l’Impact en 2015. Mais pour l’heure, il n’y a que la douleur d’avoir été envoyé au tapis par un farouche luchador. Et même si ça fait mal, le Bleu-blanc-noir aura besoin de son public pour se relever.

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