Opinion

Le texto, divinité incontestable chez les ados, fête ses 25 ans

« Merry Christmas » : voilà quel était le tout premier texto, ou SMS (Short Messaging Service), envoyé par Neil Papworth à Richard Jarvis, le 3 décembre 1992, il y a déjà 25 ans.

Cet ingénieur en Grande-Bretagne ne se doutait certainement pas que cette invention deviendrait légion. En effet, et malgré un début relativement timide, cette technologie a réellement transformé la façon de communiquer dans notre société. 

En 1995, moins d’un message texte par mois (0,4, plus exactement) était envoyé par les personnes qui disposaient d’un appareil muni d’un appareil pour texter. Ce n’est que vers 1999 que les textos deviennent interopérables, c’est-à-dire qu’ils peuvent enfin être envoyés d’un opérateur vers un autre. C’est réellement là que la folie des textos a débuté. 

Ainsi, aujourd’hui, près de 5 milliards de personnes utilisent le texto, soit près des trois quarts de la population mondiale. Véritable phénomène de société, ce sont plus de 23 milliards de messages textes qui sont envoyés chaque jour. Si on y ajoute ceux envoyés par WhatsApp et Facebook Messenger, cela fait plus de 83 milliards de messages. Le 1er janvier est le jour de l’année où il y a le plus de textos envoyés.

Divinité pour les ados ?

Depuis près de 10 ans, ce sont les adolescents qui sont les plus accrocs aux textos. Pourquoi textent-ils ?

Les raisons sont nombreuses, mais il est certain que cela les rend heureux, et c’est d’ailleurs ce que de nombreuses études ont démontré.

Et à en croire les chiffres astronomiques d’échanges de messages entre les jeunes, plusieurs pourraient penser que ces derniers préfèrent s’écrire plutôt que de se parler.

La Chaire de recherche du Canada sur les technologies en éducation a réalisé une enquête auprès de 4390 élèves du secondaire. Les résultats révèlent que près de 80 % des élèves possèdent un téléphone cellulaire (dont 93 % un téléphone intelligent), mais que leur usage est majoritairement proscrit en classe. Or, cela n’empêche aucunement les jeunes de l’utiliser, souvent au grand dam des enseignants, notamment pour l’envoi de messages textes. 

Les élèves interrogés lors de l’enquête indiquent que l’usage du texto n’a pas d’impact sur la qualité du français, surtout parce qu’il s’agit, pour eux, d’un système de communication différent, propre à leur groupe d’âge.

Le texto serait en effet pour eux un outil qui leur permet d’écrire rapidement – et souvent discrètement – tout en transmettant des émotions (avec les émojis).

Enfin, même si les élèves interrogés considèrent que le recours aux messages textes n’a aucun impact négatif sur la réussite scolaire ou la qualité de leur français, ils estiment tout de même que l’utilisation du téléphone cellulaire en classe peut amener à des difficultés, tout particulièrement en ce qui concerne la gestion de classe pour l’enseignant ou leur propre niveau de concentration. 

Un outil efficace ?

Dans un contexte où les technologies sont omniprésentes dans notre société, pourquoi ne pas profiter de cet engouement des jeunes pour le téléphone cellulaire et les textos afin d’amener les élèves à se servir de leur téléphone portable comme outil de travail ? C’est ce que certaines écoles ont choisi de faire, comme le Collège Olympe-de-Gouges, en France. Cela permet notamment de rendre l’élève plus actif en classe et d’amorcer chez lui un changement d’attitude important face à cet outil.

Depuis peu, plusieurs se posent la question si l’on doit, ou non, interdire les téléphones portables à l’école, comme l’ont décidé les Français depuis le 10 décembre dernier. En 2018, dans notre société du savoir et du numérique, faut-il vraiment abolir le téléphone à l’école ou plutôt apprendre à l’utiliser comme un vecteur nouveau et efficace d’apprentissage ?

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.