Questions pour un patron

La créativité pour accueillir la génération Y

La Presse Affaires donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque vendredi, un patron répond à cinq questions posées par le chef d’entreprise interviewé la semaine précédente. Julien Ponce, vice-président exécutif de Morneau Shepell, répond aujourd’hui aux questions de Raymond Leduc, président de Nova Bus et de Prévost.

Quelles innovations observez-vous chez vos clients en matière de bien-être au travail ? Quelles sont les principales mesures ayant beaucoup d’impact pour peu de frais ?

On note de plus en plus d’intérêt de la part des organisations pour les questions de mieux-être et bien-être au travail. Je pense que les entreprises reconnaissent que les problèmes de santé globale (santé mentale, physique et financière) de leurs employés ont un impact important sur la productivité et l’engagement, en plus d’engendrer des coûts considérables. Les employeurs doivent mettre l’accent sur un environnement de travail sain.

On doit concevoir de bons outils pour repérer et évaluer les facteurs de risque, tant individuels qu’organisationnels, de façon à mettre en place des mesures ciblées. Des programmes d’aide aux employés ou de prévention en santé mentale et la formation des gestionnaires et des employés sont deux solutions peu coûteuses qui ont des impacts importants. Il y a également toutes sortes d’initiatives pour promouvoir la santé. On peut aussi utiliser la technologie pour organiser, par exemple, des compétitions d’activité physique à l’intérieur des organisations.

On parle beaucoup de l’arrivée des milléniaux sur le marché du travail. Concrètement, comment transforment-ils les organisations ? Que peut-on faire pour les intégrer adéquatement ?

Il faut comprendre qu’ils représenteront environ 50 % de la force du travail en 2020 et probablement 75 % en 2025. C’est la génération évidemment du numérique, des nouvelles technologies, des médias sociaux. Ils s’attendent à une interaction immédiate et en continu. Ils sont exigeants, impatients et il est naturel pour eux de donner de la rétroaction, de dire leur opinion et de manifester leur accord ou non. La génération Y ne fonctionne pas sur des relations d’autorité ou de hiérarchie, mais plutôt sur des bases où la communication et le travail d’équipe sont super importants.

Pour les intégrer, les entreprises doivent être créatives. Il faut leur offrir des expériences stimulantes, leur lancer des défis, leur présenter des occasions pour s’épanouir, leur offrir de la flexibilité, organiser l’environnement de travail pour faciliter les interactions sociales et les échanges d’idées.

Quelles meilleures pratiques avez-vous notées pour la rémunération totale ?

Il n’y a pas de solution unique. Ce qui est très important, c’est d’aligner nos pratiques de rémunération avec notre stratégie d’entreprise, tant pour les besoins actuels que futurs de notre main-d’œuvre. Quand on parle de rémunération totale, il y a des éléments de satisfaction et des éléments de motivation. Les éléments de satisfaction sont le salaire, les avantages sociaux, des éléments qui permettent d’attirer des gens, mais qui ne sont pas nécessairement des stimulateurs de performance. Les éléments de motivation peuvent être des bonis, des opportunités d’emploi, de l’autonomie. La communication hautement personnalisée est essentielle. On doit présenter la rémunération de façon holistique, parler, en plus du salaire, des éléments comme la santé, le mieux-être, le milieu de travail.

Quels sont les défis et les avantages liés à l’intégration d’expatriés en milieu de travail au Québec ?

Peu importe l’endroit, ce sont essentiellement les mêmes défis et avantages. L’ampleur des défis dépendra de la différence entre les valeurs et la culture de l’entreprise et des expatriés. Ceux-ci arrivent évidemment avec leurs propres valeurs, comportements et habitudes. Aux coutumes du nouveau pays s’ajoutent celles du milieu de travail. En plus de tout ça, il y a la langue, le climat, l’école pour leurs enfants, la hiérarchie de l’entreprise qui peut être différente d’une culture à l’autre, le sentiment d’isolement et de solitude. Les expatriés viennent avec une diversité d’opinions, d’expériences et de compétences qui viennent enrichir les entreprises et les collègues. Ça peut stimuler beaucoup en termes d’innovation et de diversité de l’environnement.

Comment, selon vous, les technologies influencent-elles la performance des employés et des entreprises ?

De façon générale, la technologie a eu un impact très positif sur la performance des employés et des entreprises. Les changements que l’on vit à l’ère de ce que j’appelle « la révolution technologique » sont tout aussi, sinon plus importants que ceux de la révolution industrielle. Ça crée une toute nouvelle façon d’interagir, de communiquer, d’analyser des quantités d’informations et de données pour la prise de nos décisions. Les technologies changent à un rythme effréné et ça fait en sorte que les entreprises et les employés doivent constamment remettre en question leur modèle d’affaires et leurs façons de faire. Sinon, ils seront dépassés en peu de temps.

À lire la semaine prochaine : Stéphan La Roche, directeur des Musées de la civilisation de Québec, répond aux questions de Julien Ponce.

LE PARCOURS DE JULIEN PONCE EN BREF

ÂGE : 50 ans

ÉTUDES : Julien Ponce est diplômé du Harvard Business School Advanced Management Program et est titulaire d’un baccalauréat en mathématiques de l’Université de Montréal. Il est également fellow de la Society of Actuaries et de l’Institut canadien des actuaires.

VICE-PRÉSIDENT EXÉCUTIF DEPUIS : 2000

NOMBRE D’EMPLOYÉS : 4000, dont plus de 1600 au Québec

AVANT D’ÊTRE VICE-PRÉSIDENT : Julien Ponce a gravi les échelons chez Morneau Shepell en débutant comme stagiaire. Il a occupé divers postes au sein de l’entreprise, notamment comme associé responsable des relations clients et associé directeur du bureau de Montréal.

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