Personnalités de la semaine
Le D
Kevin Petrecca et Frédéric LeblondLa Presse
Les deux chercheurs travaillent à ce projet depuis 2012. La semaine dernière, ils ont publié un article scientifique faisant état des résultats obtenus auprès de 17 patients dans la revue
. Au cours des prochaines années, ils comptent l’utiliser dans le cadre d’essais cliniques sur une centaine de patients. L’instrumentation développée combine l’utilisation de la fibre optique, du laser, d’un spectromètre et d’algorithmes. Différentes demandes de brevet ont déjà été déposées.« Le grand avantage, c’est que le neurochirurgien va pouvoir l’utiliser facilement pendant l’opération. Pendant qu’il va opérer, il pourra pointer rapidement la sonde sur de minuscules zones du cerveau et obtenir des informations lui permettant de déterminer si ces zones sont saines ou cancéreuses », explique Frédéric Leblond, qui travaille depuis une dizaine d’années dans le domaine de l’instrumentation médicale.
Auparavant, la chirurgie ne disposait pas d’outils assez précis pour distinguer les cellules saines des cellules cancéreuses présentes dans la zone du cerveau entourant une tumeur.
« La technologie d’imagerie par résonance magnétique (IRM) nous permet de voir une tumeur et de l’enlever, dit le D
Petrecca. Mais 95 % des patients ont des cellules cancéreuses autour de la tumeur, jusque-là impossibles à détecter. On peut envoyer des radiations dans cette zone, mais ce n’est pas suffisant pour tout guérir. Et on ne veut pas enlever des parties saines du cerveau. »« Grâce à la sonde, on peut voir, dans 92 % des cas, ces zones cancéreuses et les enlever. On pense que de cette façon, nous allons pouvoir allonger le délai avant une récidive. »
— D
Kevin PetreccaRappelons que le cancer du cerveau, qui touche 8 personnes sur 100 000, est l’un des plus mortels. Seulement 15 % des patients atteints d’un gliome de stade 4, le degré de gravité le plus élevé, demeurent en vie cinq ans après le diagnostic. Le temps de survie moyen d’un patient atteint d’un gliome de stade 4 est de 14,6 mois.
« Avec ce type de cancer, la chimiothérapie et les radiations ne sont pas efficaces, dit le D
Petrecca. Une bonne chirurgie peut faire une grande différence. Contrairement au développement d’un médicament, qui peut durer vingt-cinq ans, nous pensons donc que cette innovation aura des bénéfices pour les patients et sera accessible à court terme. »