Le Canadien
Mieux vaut laisser mûrir les jeunes
La Presse
Sans vouloir décourager les espoirs du Canadien, les postes semblent tous pourvus à l’aube du camp d’entraînement de l’équipe.
L’embauche d’Alexander Semin, la mutation d’Alex Galchenyuk au centre, puis l’arrivée, le week-end dernier, de Tomas Fleischmann, à l’essai pour les prochaines semaines, s’avèrent des obstacles supplémentaires pour les Charles Hudon, Nikita Scherbak, Sven Andrighetto, Michael McCarron et compagnie.
Certains partisans seront déçus. Ils rêvaient déjà de voir Scherbak, choix de premier tour de l’équipe en 2014, occuper l’aile droite au sein du premier ou du deuxième trio.
Par contre, il est faux de prétendre qu’on nuit au développement d’un jeune en retardant son entrée dans la LNH. De beaux talents se sont évaporés parce qu’ils ont accédé trop vite à la Ligue nationale.
« En général, c’est toujours mieux ça que l’inverse », a confié l’ancien directeur général du Canadien André Savard, au téléphone.
À l’époque, en 2001, Savard avait multiplié les embauches de vétérans afin de ne pas jeter les espoirs du Canadien trop vite dans la gueule du loup.
« Une organisation ne doit pas employer une recrue par “obligation”, précise celui qui est désormais recruteur pour les Devils du New Jersey. Souvent, ces recrues connaissent une baisse de régime en novembre. Si tu t’es trop fié à elles, tu es dans le trouble parce qu’il est trop tard pour dénicher des vétérans. J’aime la façon d’opérer des Red Wings de Detroit. »
À moins de posséder des recrues au talent exceptionnel comme Sidney Crosby, John Tavares, Jamie Benn ou Aaron Ekblad, mieux vaut laisser mûrir les jeunes à leur rythme dans les mineures.
Ainsi, les erreurs du jeune joueur ne sont pas décriées par 21 000 fans et des centaines de journalistes. « La pression, c’est une chose, mais le temps d’utilisation est primordial », dit Savard.
« Comment le jeune qui joue 5 minutes dans la LNH se développera-t-il comparativement à celui qui joue 18 minutes dans toutes les situations ? C’est faux d’affirmer qu’un jeune apprendra de la tribune de la presse. »
— André Savard
N’était-ce pas Max Pacioretty qui, à l’époque, avait demandé de rester plus longtemps dans la Ligue américaine pour parfaire son développement, à son rythme ? Seuls Alexander Ovechkin, Steven Stamkos et Joe Pavelski ont marqué plus de buts que lui depuis trois ans.
D’ailleurs, Pacioretty, Tomas Plekanec, David Desharnais, P.K. Subban, Andrei Markov, Brendan Gallagher, Lars Eller, Jeff Petry et Nathan Beaulieu ont tous joué dans la Ligue américaine avant d’accéder à la LNH. Plekanec et Desharnais y sont restés trois ans. Alex Emelin est demeuré longtemps en Russie avant de traverser l’Atlantique.
Il n’y a rien de mieux pour une organisation que de garder ses jeunes affamés, de leur permettre de réaliser qu’un poste se mérite. Carey Price et Alex Galchenyuk auraient d’ailleurs probablement profité d’un stage un peu plus long dans la Ligue américaine.
Hudon, McCarron, Scherbak, Andrighetto, Zachary Fucale, Christian Thomas et compagnie profiteront sans doute grandement d’une saison supplémentaire de développement avec les IceCaps de St. John’s dans un rôle de premier plan. Le camp d’entraînement servira ainsi à déterminer lesquels sont les plus aptes à un rappel en cas de blessure.
D’ailleurs, selon nos espions présents au tournoi des recrues, McCarron et Scherbak en ont encore à apprendre avant de pouvoir aider le CH…