Une collaboration toute naturelle
Martin Brodeur tenait mordicus à travailler pour Hockey Canada. L’adjoint au DG des Blues de St. Louis a même cogné à leur porte l’an dernier pour offrir ses services.
Hockey Canada a vite sauté sur l’occasion l’été dernier. Avec l’absence des principaux hommes de hockey de la LNH, retenus avec leurs équipes respectives, Brodeur est chargé de bâtir l’équipe olympique du Canada avec Sean Burke et quelques autres.
« Quand j’ai obtenu le poste [avec les Blues], j’ai glissé un mot à Scott Salmond [VP Opérations hockey chez Hockey Canada], je lui ai dit de ne pas hésiter s’ils avaient besoin d’aide un jour, que je leur en devais tellement avec les expériences qu’ils m’avaient permis de vivre. »
La médaille d’or olympique en 2002 à Salt Lake City a constitué un moment charnière dans sa carrière.
« Cette médaille a changé la perception que les gens avaient de moi, je crois, a-t-il confié hier au téléphone. Ça a ouvert les yeux de bien du monde. Sans cette occasion-là, mes succès auraient peut-être été uniquement rattachés [à l’efficacité du système défensif du] New Jersey et non pas à ce que je pouvais apporter au sport. Si tu regardes mes accomplissements, beaucoup sont survenus après ma médaille d’or. »
Brodeur a en effet remporté le trophée Vézina à quatre reprises après 2002, même s’il avait déjà gagné deux fois la Coupe Stanley.
« Personne ne nous a vraiment donné de crédit à cause de notre style de jeu, avec la trappe. Nous, on a pris ça à cœur, même si on savait qu’on se faisait des ennemis. On avait une fierté au New Jersey. Mais avec le recul, je ne peux pas me plaindre non plus de la reconnaissance que j’ai eue. »
Son patron, Doug Armstrong, l’a aiguillé vers Hockey Canada, au sein duquel il est activement impliqué depuis plusieurs années. Au repêchage en juin, Sean Burke lui a demandé de se joindre au groupe.
« Il m’a demandé de l’aider pour bâtir l’équipe en prévision des Olympiques, en me mentionnant que c’était une belle façon aussi de mettre ton pied dans la porte avec Hockey Canada. Le hockey est un petit monde. À mon premier camp d’entraînement au New Jersey, Burke était le gardien [numéro un]. »
Brodeur a fait le dernier voyage avec l’équipe à l’occasion d’un tournoi international. « Je suis allé en Finlande avec eux, mais je raterai les deux prochains tournois. Je travaille quand même avec les Blues et ce n’est pas évident pour moi de me libérer à tout bout de champ. Je ne serai pas aux Jeux, mais je vais être à Riga pour des matchs préparatoires. »
Son rôle ? « Je suis un peu les yeux derrière tout le monde. Ils ont fait des sélections et me demandent conseil. On a fait beaucoup de meetings téléphoniques. Chaque semaine, je passe deux heures au téléphone avec eux. »
Parmi les principaux candidats, on note les anciens joueurs de la LNH Rene Bourque, Christian Thomas, Gilbert Brule, Ted Purcell, Simon Després, Mason Raymond et Ben Scrivens.
« En ce moment, toute notre attention est concentrée sur les joueurs qui participent aux tournois. On va peut-être ajouter des joueurs éventuellement, comme des jeunes de niveau collégial ou junior, mais on mise surtout sur les joueurs de la KHL, des ligues européennes, on essaie de créer une chimie et un esprit d’équipe. S’il y a des jeunes qui se joignent au groupe, ça sera vers la fin du processus. »
La KHL pourrait cependant mettre des bâtons dans les roues des décideurs de Hockey Canada. Elle menace de ne pas permettre à ses joueurs de participer aux Jeux. La plupart des candidats à l’équipe canadienne s’y trouvent.
Simon Després a déjà confié à La Presse par courriel ces derniers jours qu’il pourrait quitter la Ligue si jamais on ne lui permet pas de prendre part aux Jeux.
« On doit prendre la décision de la KHL en considération, dit Brodeur, mais on va s’ajuster quand elle prendra sa décision. On va y aller avec les joueurs qu’on aura la chance d’obtenir. »
Pendant ce temps, à St. Louis, les Blues occupent le deuxième rang du classement général.
« Je suis un peu surpris, compte tenu de nos nombreux blessés en début de saison et du fait qu’on disputait sept de nos neuf premiers matchs sur la route. »
— Martin Brodeur
L’acquisition de Brayden Schenn, obtenu des Flyers en juin en retour de Jori Lehtera et d’un choix de premier tour, permet aux Blues de compter sur un formidable premier trio, peut-être le meilleur de la LNH. Schenn, Jaden Schwartz et Vladimir Tarasenko sont parmi les 11 premiers compteurs de la LNH.
« Brayden Schenn, ç'a été un bon échange. Doug a fait son boulot là-dessus. Ce n’est pas moi qui l’ai mis sur la table, mais quand c’est arrivé, j’ai appuyé la décision de Doug. J’ai beaucoup joué contre Brayden Schenn quand j’étais au New Jersey. Je savais quel type de joueur il était. Mais je ne savais pas qu’il était si proche de Jaden Schwartz. Il y a vraiment une bonne chimie entre eux. Ils se connaissent depuis longtemps. »
Où Brodeur se voit-il dans cinq ans ? Dans 10 ans ? « J’apprends chaque jour. Je ne suis pas prêt en ce moment à être DG, j’ai quand même un garçon de 8 ans à la maison et je n’ai pas le temps de m’investir comme un directeur général doit le faire. Du moins pour quelques années encore. J’ai joué longtemps au hockey, je mérite d’avoir un peu de temps à moi. Par contre, j’adore mon boulet actuel. C’est valorisant et ça m’occupe en ce moment. »