Ski de fond

Alex Harvey et la pression

« J’aimerais finir parmi les cinq premiers, et peut-être faire un podium aussi. » C’est ainsi qu’Alex Harvey parlait de ses objectifs début mars, juste avant le début du Tour de ski du Canada. Pas de faux-fuyant, pas de mascarade : des chiffres simples, précis, qui ont le mérite d’être clairs mais qui auraient pu donner le vertige à bien des athlètes.

Le vertige, parce que ce Tour n’a rien d’une promenade du dimanche, avec au pays les meilleurs fondeurs de la planète, des légendes vivantes, tous ici pour gagner et finir leur saison en force. Le vertige aussi parce qu’Harvey a connu une saison moyenne, qu’il était 15e au classement de la Coupe du monde juste avant le Tour. 

Mais lui le disait ouvertement : je veux finir cinquième ou mieux.

Et voilà qu’Alex Harvey y est presque. Avec deux courses à faire, il est au quatrième rang de ce premier tour de ski de fond sur le sol nord-américain. Il n’a pas explosé. Il n’a pas été déclassé. Devant les siens, chez lui, il n’a pas croulé sous la pression.

« Alex est un athlète qui gère bien la pression. Historiquement, il a eu de la facilité avec ça. Il est à l’aise », explique son entraîneur Louis Bouchard. 

« Ses bonnes performances ont toujours été – à l’exception de Sotchi – dans des événements majeurs, aux championnats du monde, où il y a plus de pression. » 

— Louis Bouchard, entraîneur d’Alex Harvey

Ses quatre médailles en Championnats du monde et ses quatre autres en Championnats du monde junior illustrent à merveille la relation d’Alex Harvey avec la pression, croit son entraîneur. 

« Alex, à tous les championnats du monde depuis qu’il est junior, il a eu un podium. Il performe au bon moment, il a de la facilité là-dedans. Le Tour de ski ici, au Québec et au Canada, c’est une pression similaire. Et il réagit encore bien. »

À la maison, Harvey a dû être à la hauteur des attentes de la foule. Il a aussi dû faire face à une pression médiatique autrement plus élevée qu’à l’habitude, alors qu’il skie en Suède, en Norvège ou en Suisse.

Malgré tout ça, il a su tenir ses promesses. Dans les six courses du Tour à ce jour, il a réussi un podium au sprint à Québec et plusieurs top 10. Il reste deux courses à sa saison, aujourd’hui (15 km style libre, départ à intervalles) et demain (15 km style classique, poursuite), toutes deux à Canmore.

MISSION ACCOMPLIE

Pour Louis Bouchard, peu importe la suite, Harvey peut déjà dire « mission accomplie ». « Je suis satisfait, même si la fatigue venait à prendre le dessus, je suis content de ce qu’on a fait », dit-il.

« Lui aussi est content de son Tour, il n’y a aucun doute. Il est dans le top 5 actuellement. Il a de bonnes chances de rester au quatrième, ou, dans un scénario moins bon, de tomber cinquième. Au final, ce sera un très bon Tour. »

Harvey n’a que deux secondes d’avance sur le cinquième au classement du Tour, le Norvégien Emil Iversen. Sauf que les dernières courses d’Iversen ont été difficiles et qu’il semble au bout du rouleau. Sinon, le sixième rang est occupé par le Français Maurice Manificat, à 44 secondes d’Harvey. 

Le grand inconnu pour les deux dernières courses sera la fatigue. Le Tour imposait au peloton huit courses en 12 jours. 

« La fatigue est un gros facteur pour tout le monde en ce moment. Je veux qu’il reste en santé pour qu’il soit capable de pousser au maximum, note Louis Bouchard. Il y en a qui ne seront pas capables. J’espère qu’Alex va être de ceux qui vont être capables. »

Au bout du compte, qu’est-ce que ce Tour nous dit sur Alex Harvey ? Qu’il est de ces athlètes capables de composer avec la pression sûrement, et assurément qu’il est, à 27 ans, l’un des meilleurs de son sport.

« Ça nous dit que cet athlète-là est un athlète de haut niveau, qui peut être dans les 10 meilleurs de son sport et parfois faire un podium, dit Louis Bouchard. Ça augure bien pour la saison prochaine. »

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