JULIE FAVREAU
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La Presse
Julie Favreau faisait déjà de la performance quand elle était au cégep. Mais sa rencontre avec Caroline Dubois, en 2003, lors de leurs études à l’UQAM, a marqué son style. Elle faisait un bac en arts visuels. Caroline Dubois aussi, tout en étudiant la danse. « Cette rencontre a été importante. On se demandait ce qu’était la présence ou la nature conceptuelle d’un mouvement. On a tracé ensemble les bases de nos pratiques. » Leur association se poursuit. La vidéo de l’expo
, qu’elle présente au MBAM, en témoigne : Caroline Dubois y danse avec une corde dans les jardins du centre d’art Hospitalfield, en Écosse.Sa résidence à l’École supérieure des beaux-arts d’Aix-en-Provence et à Marseille, en 2005, lui a confirmé son engouement pour le mariage de la danse et des arts visuels. « J’ai participé à des stages de danse à la Friche la Belle de Mai et à un atelier aux Laboratoires d’Aubervilliers, à Paris. J’ai commencé alors à approfondir, en parallèle, mes trois branches artistiques : la branche sculpture, la branche vidéo et la branche mise en scène et chorégraphie. »
Dans ce cadre, elle a créé
, une combinaison d’installation, de performances et de vidéo inspirée par le roman , de Witold Gombrowicz, et par le film , de Jean-Jacques Annaud. « Ça m’a permis d’exprimer mes préoccupations, de parler de la transmission de la connaissance. C’était un moment significatif pour moi. »« C’était en 2012, à la fin de mes études. La bourse était pour deux ans. Grâce à elle, j’ai pu aller à New York, enseigner à l’Université Concordia et créer plusieurs œuvres, dont la vidéo de l’expo
, présentée en 2014 à Concordia. J’ai exposé à Battat Contemporary et j’ai fait [un corpus exposé à la galerie Clark et à New York]. » Une œuvre qu’elle considère comme sa meilleure et qui lui a valu le prix Pierre-Ayot, qui promeut l’excellence de la nouvelle création en arts visuels.En 2014, l’Edinburgh Art Festival a invité l’artiste à exposer à la Scottish National Gallery of Modern Art. « Les organisateurs avaient regardé mon travail sur mon site. Ça fonctionnait avec ce qu’ils aimaient. Le genre de travail que je fais, tu en vois beaucoup en Grande-Bretagne : une certaine folie dans la mise en scène, les performances, les objets. C’était incroyable d’être invitée là-bas. »
Sa résidence d’un an au centre d’artistes Bethanien, à Berlin, débutera l’an prochain, mais Julie Favreau pressent déjà que l’occasion offerte par le Conseil des arts et des lettres du Québec sera un moment-clé pour elle. « Je vais y créer la suite de l’expo
que je présente à la Fonderie Darling à partir du 22 septembre. À la fin de la résidence, j’aurai droit à une expo et à un catalogue. » Son travail à Berlin s’inspirera de la vidéo projetée à la Fonderie. « On parle beaucoup des , des LGBT et la représentation de la femme est sexuellement très chargée dans les clips. J’ai donc décidé de faire un film sur une hétérosexuelle blanche dans la trentaine, tout en sensualité et en simplicité. »