Enquête de l’UPAC

Pierre Bibeau assure ne pas avoir été questionné sur ses prêts

Québec — Les enquêteurs de l’Unité permanente anticorruption n’ont pas même abordé la question des transactions bancaires de Pierre Bibeau lorsqu’ils ont rencontré l’ancien organisateur libéral à l’automne 2016, assure ce dernier.

« Les enquêteurs de l’UPAC ne m’ont jamais parlé de ces chèques », a souligné l’ancien organisateur libéral, en entrevue téléphonique avec La Presse. Dans leur numéro d’hier, les journaux de Québecor ont révélé que l’escouade anticorruption avait étroitement scruté les transactions de M. Bibeau après des signalements faits par Desjardins et la Banque Royale, les deux institutions avec lesquelles M. Bibeau faisait affaire.

Le dépôt de 135 000 $ à la Banque Royale vient, explique-t-il, du remboursement d’une série d’emprunts faits par l’ancien chef de cabinet de Robert Bourassa, Mario Bertrand. Par la suite, M. Bertrand, qui vit en Europe, a emprunté 175 000 $ supplémentaires, pour son ex-conjointe et ses enfants qui sont toujours à Montréal, a expliqué M. Bibeau.

Ami de l’ancien apparatchik du PLQ, le président de l’Assemblée nationale Jacques Chagnon corrobore. Bien qu’il ait été surpris d’apprendre hier matin l’ampleur des sommes en jeu, M. Chagnon indique que M. Bibeau avait évoqué sans réserve cette créance avec des proches. « Il nous avait même dit qu’il avait des problèmes à se faire rembourser. Cela l’agaçait ! », se souvient M. Chagnon.

Depuis son départ du cabinet Bourassa, en 1990, M. Bibeau a toujours gagné autour de 200 000 $ par année – en dollars constants ; il a d’abord présidé la RIO, puis était passé à la Société des parcs sous le PQ. Quand les libéraux ont repris le pouvoir, il a atterri à la vice-présidence de Loto-Québec. Le deuxième prêt, de 175 000 $, « venait de la vente de ma moitié de la maison que j’avais avec Line Beauchamp [ex-ministre libérale] », explique-t-il. « Si l’argent avait été placé, je ne l’aurais pas retiré pour le prêter, mais j’ai préféré aider un ami plutôt que de le laisser à 1 % par année [à la banque] », explique-t-il.

Pris en filature

Le Journal de Montréal a publié hier une série de photos montrant que l’UPAC avait pris M. Bibeau en filature. Il semble que les enquêteurs envisageaient de mettre des micros dans son bureau de Loto-Québec de même que dans son auto, sans qu’on puisse savoir si cela a été fait.

Tôt hier matin, M. Bibeau a répliqué aux articles sur sa page Facebook. « Suite aux allégations de Zambito et possiblement à un signalement de la CONCAFE Revenu Québec a fait une enquête où j’ai dû justifier tous les entrées et sorties d’argent entre 2010 et 2014, y compris leur fournir une copie des chèques. » Devant la commission Charbonneau, l’entrepreneur Lino Zambito avait soutenu avoir donné 30 000 $ en liquide à M. Bibeau, lors d’une rencontre à son bureau de Loto-Québec, fait que ce dernier a toujours nié.

« Suite à leur enquête Revenu Québec m’a confirmé par lettre qu’il n’avait rien trouvé d’anormal dans toutes les transactions. Depuis plusieurs années j’ai prêté de l’argent à Mario Bertrand pour sa famille et il m’avait toujours remboursé. Je lui ai prêté un autre 175 000 $ en janvier 2012 toujours pour sa femme qu’il me disait (de toute façon ce qu’il ferait avec l’argent ne me regardait pas) », écrit Pierre Bibeau.

« Si l’UPAC a placé un mouchard et m’a suivi, ils n’ont certainement rien trouvé d’incriminant, car je n’ai jamais rien fait d’illégal », insiste-t-il, rappelant que le commissaire de l’UPAC, Robert Lafrenière avait traité de « bandit » l’auteur de ces fuites, à l’évidence venues de son organisation.

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