Milieu hospitalier

Soins intensifs pédiatriques : des patients vulnérables aux besoins immenses

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent à même l’unité des soins intensifs pédiatriques du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec. Aussitôt, un véritable essaim de professionnels se dirige vers le lit de Jack, brave petit homme de 9 ans qui se remet d’une chirurgie cardiaque. On conduit jusqu’à sa chambre le jeune patient, sans oublier son équipement encombrant de perfusions, de fils et d’équipements sophistiqués. C’est là que l’attend Isabelle, son infirmière, pour qui l’univers entier se résume désormais au mieux-être de Jack — et seulement lui. Voici la réalité des infirmières affectées aux soins intensifs pédiatriques.

Des cas variés, mais des environnements identiques

Les unités de soins intensifs pédiatriques accueillent de jeunes patients âgés de 0 à 18 ans qui présentent d’importants risques de complications. Les cas y sont infinis : problèmes respiratoires, infections graves, opérations lourdes, chimiothérapies avec surveillance accrue… Pour être prêt à réagir à toute éventualité, le personnel de l’unité des soins intensifs pédiatriques du CHU de Québec a aménagé les 10 chambres de manière identique. Le matériel y est rangé et organisé exactement de la même façon. « Quand ça presse, ce n’est pas le temps de commencer à chercher », résume Isabelle Grondin, infirmière.

L’évaluation et la surveillance en continu de l’état de santé

Ici, chaque infirmière se concentre sur une seule personne, et l’évaluation comme la surveillance de l’état de santé du patient sont faits en continu. « Chez un enfant, tout peut changer en un instant, explique Mme Grondin. La surveillance est constante : il faut reconnaître le moindre changement dès qu’il apparaît et réagir rapidement. »

L’infirmière au cœur d’une équipe

Les enfants forment une clientèle vulnérable qui mobilise une équipe étendue de professionnels : intensivistes, médecins spécialistes, pharmaciens, inhalothérapeutes, préposés, travailleurs sociaux… « Dans un tel contexte de collaboration, l’infirmière assure le rôle pivot dans l’équipe de soins », illustre Luc Mathieu, président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). Figure de stabilité par sa présence constante et sa compétence, cette professionnelle agit comme agente de liaison entre les différents intervenants, la famille et le patient en rapportant notamment ses observations et en faisant étant des variations de l’état de santé de ce jeune.

Occuper son plein champ d’exercice

« La collaboration interprofessionnelle permet de défaire les silos et de travailler en transversalité. Il s’agit d’occuper pleinement son champ d’exercice afin que le patient puisse voir le bon professionnel, au bon moment, pour ainsi bien répondre à ses besoins de santé et assurer la qualité et la sécurité des soins », indique M. Mathieu. Pour renforcer une telle collaboration, l’OIIQ a supervisé la création d’un microsite de référence définissant le plein champ d’exercice des différents professionnels de la santé. Aujourd’hui, 28 ordres professionnels participent à cet effort, soit plus de 220 000 professionnels de la santé et des services sociaux.

Une complexité omniprésente

Les études en soins infirmiers préparent les futurs professionnels à différentes situations, notamment le déroulement de certaines opérations. « Aux soins intensifs pédiatriques, on élève la complexité d’un cran : tout est plus petit, tout est plus compliqué », fait valoir Isabelle Grondin. Un exemple ? Pour réanimer un patient à l’aide d’un défibrillateur, les directives prévoient habituellement une intensité et un nombre de décharges bien précis. Pour l’enfant, il faut plutôt effectuer un calcul dans le feu de l’action, en fonction du poids de ce patient.

Une boussole pour la famille

Un enfant qui nécessite des soins intensifs représente une terrible épreuve pour la famille. Normal, donc, que les proches se sentent démunis et angoissés. « Mon rôle, c’est d’accompagner les parents, de leur montrer tout ce qu’ils peuvent faire », dit Mme Grondin. Au chevet du jeune 24 heures sur 24, l’infirmière agit comme un repère, un phare pour les familles ; elle accompagne les parents et s’assure qu’ils comprennent bien l’état de santé de leur enfant.

L’histoire d’Isabelle vous touche ?

Voyez une infirmière en soins intensifs pédiatriques pratiquer auprès de Louis-Jean Cormier dans la websérie Stagiaire d’un jour, où, le temps d’une journée, quatre personnalités connues plongent dans la profession infirmière.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.