Ligue américaine

L’expérience californienne, un an plus tard

Un afflux d’équipes dans des marchés non traditionnels. Un calendrier complètement déséquilibré. La Ligue américaine se lançait dans un exercice périlleux quand elle a décidé, il y a un an, de s’installer en Californie.

La première saison de cette expérience sera bientôt chose du passé, et à parler avec les différents intervenants, le succès est retentissant.

« C’est super pour nous ! », tranche Jean-François Houle, entraîneur adjoint chez les Condors de Bakersfield.

L’OPÉRATION

L’hiver dernier, on apprenait que la LAH transférait cinq équipes en Californie.

Mais voilà, le calendrier posait problème. Dans une ligue au budget modeste, il fallait évidemment limiter au maximum les déplacements en avion. On a donc adopté une solution créative.

Les cinq nouvelles équipes californiennes se sont greffées aux Stars du Texas et au Rampage de San Antonio pour former la nouvelle division Pacifique. Les 2 formations texanes jouent encore 76 matchs cette saison, mais les 5 nouvelles, elles, en disputent maintenant… 68 ! 

L’ordre du classement est désormais déterminé par le pourcentage de points, et non plus par les points.

« En début de saison, je trouvais que c’était long avant qu’on joue des matchs. En tant que joueur, tu aimes ça rentrer dans un rythme. À un certain point, on avait joué 12 matchs et les autres équipes, 20-22. Maintenant, c’est mieux, a tempéré Émile Poirier, un espoir des Flames qui joue à Stockton, ville située à l’est de San Francisco.

« Ça donne beaucoup de temps pour les entraînements. Le but, c’est qu’on se développe », ajoute ce choix de 1er tour des Flames en 2013.

VOYAGEMENT FACILITÉ

Antoine Laganière défend les couleurs des Gulls de San Diego, aux portes du Mexique. L’ancien de l’Université Yale a connu l’époque où le club-école des Ducks d’Anaheim était installé en Virginie. « Le plus court voyage, c’était Hershey, à cinq heures d’autocar », rappelle-t-il.

« On joue huit matchs de moins. Ça ne semble pas être beaucoup, mais ces matchs-là qu’on joue en moins, ce sont les troisièmes matchs en trois soirs. On n’a pas de telles séquences. C’est la petite différence qui te permet de jouer tous tes matchs avec plus d’énergie », soutient Laganière.

« En tant qu’entraîneurs, ça nous permet d’avoir plus de temps sur la glace avec les joueurs pour travailler sur leurs habiletés, ajoute Houle. Ça nous donne plus de temps en gymnase, pour ceux qui doivent grossir et travailler. Ils ont moins de fatigue accumulée en évitant les 3 en 3, qui sont très durs sur le corps. »

Le nouveau calendrier a aussi ceci de magnifique que les 5 équipes californiennes jouent 58 de leurs 68 matchs à l’intérieur du « Golden State » : les 34 matchs à domicile, de même que 6 matchs à l’étranger contre chacune des 4 autres équipes californiennes.

Six des dix matchs à l’extérieur de l’État ont lieu au Texas, si bien qu’il n’y a que deux voyages de deux matchs à plus longue distance.

« À Norfolk, on restait deux semaines à la maison et on partait sur la route pour jouer des 3 en 3. Cette année, on joue plus de matchs en semaine, en raison de la proximité des autres villes. »

— Antoine Laganière, des Gulls de San Diego

Dernier avantage non négligeable : la logistique derrière les rappels de joueurs est grandement simplifiée.

« Au point de vue financier, des équipes comme les Sharks et les Kings peuvent même rappeler des joueurs simplement pour des entraînements, souligne Houle. Ça coûte beaucoup moins cher. L’an passé, les joueurs rappelés par les Kings partaient de Manchester et traversaient le pays. Tu prenais deux avions, ça te prenait huit heures, en plus du décalage. C’est plus efficace pour les équipes de la LNH. »

LA CERISE SUR LE GÂTEAU

De leur côté, les espoirs rappelés par les Oilers ne sont pas nécessairement plus près d’Edmonton cette année à Bakersfield que l’an dernier en Oklahoma. Mais ils évoluent dans un environnement plus stimulant.

Les Barons d’Oklahoma City étaient en effet 29es dans la Ligue américaine l’an dernier, avec en moyenne 3262 spectateurs par match. À Bakersfield, ils en attirent 4919.

Plus surprenant encore, les équipes de 2e et 3e places à ce chapitre sont en Californie : San Diego (8648) et Ontario (8387). Le Barracuda de San Jose (4223) fait moins belle figure, mais est contraint de jouer au domicile des Sharks. « Ils jouent dans un trop gros aréna pour la Ligue américaine », constate Poirier.

Enfin, dernier facteur de bonheur : le climat.

« Tu finis ton entraînement, tu n’as pas à t’enfermer chez toi, tu peux sortir, te dégourdir, te laisser aller pendant tes temps libres et revenir rechargé. Ça me bénéficie et je pense que les autres joueurs aussi », estime Laganière.

Avec ces mouvements, la Californie soutient maintenant huit équipes de la LNH ou de la LAH. On aurait dit ça il y a 30 ans qu’on se serait fait traiter d’hérétique !

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