Personnalité de la semaine

Jean-Pierre Farmer

Il a réalisé avec succès une intervention très délicate chez un bébé né prématurément avec une tumeur congénitale au cerveau d’un type rare. Le Dr Jean-Pierre Farmer, neurochirurgien pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants, est notre personnalité de la semaine.

Originaire de l’Ontario et diplômé de McGill, le Dr Jean-Pierre Farmer travaille à l’Hôpital de Montréal pour enfants depuis 25 ans. Il a réalisé 4000 interventions chirurgicales au cours de sa carrière. Mais le cas du petit Jolan Lemieux, né en août à Lévis, était particulier. Toujours en convalescence, l’enfant se porte maintenant très bien.

« Pour l’affection qu’il avait, une tumeur au cerveau, c’est le plus jeune patient qu’on a opéré ici, dit le Dr Farmer. Dans l’histoire de l’hôpital, il y a peut-être eu une trentaine de tumeurs congénitales. »

« On a déjà fait de petites opérations chez des prématurés, mais pas de cette ampleur. »

— Jean-Pierre Farmer

Quand les médecins ont aperçu une tache grise au cerveau de Jolan en faisant une échographie après que sa mère s’était rendue aux urgences de l’hôpital de Lévis parce qu’elle perdait des liquides, tout un processus s’est mis en branle pour sauver l’enfant. Il est né par césarienne et a été transféré au CHUL, à Québec. Puis il a été transporté par avion à Montréal pour être opéré.

« Ce que cette histoire raconte, c’est également toute la planification et la collaboration entre les différents centres hospitaliers au Québec, dit le médecin. Le fait qu’un enfant de Lévis puisse avoir accès à la technologie que nous avons ici de façon très rapide. Ça aurait pu être un enfant de la Beauce ou de Chicoutimi. Nous utilisons un appareil de résonance magnétique intraopératoire, le seul du genre au Québec. »

L’appareil, inauguré en 2009, a été utilisé dans près de 450 cas depuis. Il a été acquis grâce aux dons de diverses personnes et de divers organismes, dont Opération Enfant Soleil.

« C’est un appareil hybride qui peut servir aux examens diagnostiques et à planifier les cas, ainsi qu’à d’obtenir des images pendant la chirurgie en tout temps. »

« FAIRE UNE DIFFÉRENCE »

Le Dr Farmer est un homme humble qui n’a pas l’habitude d’être sous le feu des projecteurs. Pendant son entretien avec La Presse, il souligne qu’une intervention chirurgicale est un travail d’équipe : infirmières, anesthésistes, médecins, en tout, une douzaine de personnes y contribuent. Une intervention comme celle de Jolan dure environ huit heures, pendant lesquelles le chirurgien demeure présent.

« Ce qui m’intéresse le plus, c’est de faire une différence, dit-il. Dans un domaine comme la neurochirurgie pédiatrique, tu ne veux pas faire une différence à court terme. Tu veux faire une différence pour la vie et amener tes patients à devenir des adultes qui auront une qualité de vie appréciable et seront capables de contribuer à la société. C’est pour ça que j’ai voulu devenir médecin. »

« Le plus gratifiant, c’est quand je revois d’anciens patients devenus grands et qu’ils vont bien. »

— Jean-Pierre Farmer

« Je veux aussi faire avancer mon domaine, poursuit-il, c’est pourquoi j’ai fait beaucoup de recherche, notamment sur les innovations opératoires, les interventions chirurgicales pour l’épilepsie et la spasticité du cerveau. »

Conscient de l’importance de la relève, il a également beaucoup contribué à la formation en neurochirurgie pédiatrique. Bref, il travaille 12 heures par jour.

Le métier de chirurgien est des plus stressants et exigeants, reconnaît-il. « Plus les risques sont élevés, plus c’est stressant, pas seulement pendant la chirurgie, mais aussi avant et après, dit-il. Même en congé, ça reste dans la tête. J’essaie de passer du temps de qualité en famille. C’est ce que je privilégie pour me détendre. »

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