OPINION ÉLECTION DE DONALD TRUMP

Nous sommes responsables

Je ne cesse, depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, de me questionner sur les causes d’un tel événement et sur ma propre responsabilité dans cet état de fait.

Je me sens, en effet, responsable. Je me considère moi-même comme un progressiste, alors pourquoi devrais-je me culpabiliser de l’élection d’un homme comme Donald Trump, qui représente l’exacte antithèse de ce en quoi je crois, qui se pose en défenseur des valeurs contre lesquelles je me suis battu toute ma vie ?

D’abord, parce que l’engagement progressiste vise l’émancipation de la société humaine. J’ai donc, en tant que progressiste, une responsabilité plus grande face à l’histoire, aux humains, à la terre. Mais aussi parce que ceux qui ont élu Donald Trump au poste le plus prestigieux et probablement le plus puissant de la planète, les mêmes qui souhaitent voir l’élection de Marine Le Pen en France ou – et ils sont beaucoup plus nombreux que ce que l’on pourrait s’imaginer – , souhaitent voir l’apparition d’un parti s’inspirant de ces traditions chez nous, ne sont pas des extraterrestres, ce sont mes voisins, mes collègues, mes amis. Ce sont des hommes et des femmes de la culture majoritaire, ce sont des gens de la classe moyenne, des travailleurs, des ouvriers.

Si ces gens croient que Donald Trump, ses idées et ses propositions répondent à leurs aspirations, alors c’est que j’ai, personnellement, lamentablement échoué.

Comment expliquer que la classe ouvrière américaine choisisse comme champion un milliardaire antisyndicaliste, alors que l’on sait que les syndicats participent à l’augmentation des conditions de vie de ces classes ? Comment se fait-il qu’elle ait choisi un démagogue sans scrupule, un homme qui n’a pas hésité à se soustraire à l’impôt pour augmenter sa fortune personnelle, alors que l’on sait que l’évasion fiscale des plus riches prive les classes moyennes et ouvrières des services publics accessibles et de qualités auxquels elles peuvent légitimement aspirer ?

Qu’elle ait voté pour un homme qui a délocalisé ses entreprises, au détriment des travailleurs américains, pour augmenter ses marges de profit, alors que l’on sait que la délocalisation de la production là où la main-d’œuvre est le plus dépréciée frappe, d’abord et avant tout, cette classe ?

Si les classes moyennes et ouvrières désertent les partis et mouvements progressistes au profit des partis et mouvements d’extrême droite, ce n’est pas, comme plusieurs le laissent pourtant entendre depuis le 8 novembre, parce que ces gens sont foncièrement réactionnaires, racistes, homophobes ou misogynes, devant donc être classés dans le fameux « basket of deplorables », mais bien parce que nous, les progressistes, avons cessé de nous intéresser à eux, à leurs craintes, à leurs aspirations, nous avons cessé de nous adresser à eux et que d’autres l’ont fait.

Quoi que l’on puisse penser du mode de vie des classes moyennes et ouvrières occidentales, on ne peut s’attendre à ce que celles-ci le regardent se désagréger sans réagir.

Si la réaction de celles-ci face aux transformations sociales et économiques n’est pas celle que nous avions appréhendée, sinon qu’espérée, peut-être est-ce parce que nous nous sommes tellement éloignés d’elles, en tant que progressistes, de leur réalité, de leurs craintes et de leurs aspirations, que nous avons nous-mêmes posé les jalons des ruines que nous contemplons.

ÉLECTION DE DONALD TRUMP

Nous sommes responsables

Je ne cesse, depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, de me questionner sur les causes d’un tel événement et sur ma propre responsabilité dans cet état de fait.

Je me sens, en effet, responsable. Je me considère moi-même comme un progressiste, alors pourquoi devrais-je me culpabiliser de l’élection d’un homme comme Donald Trump, qui représente l’exacte antithèse de ce en quoi je crois, qui se pose en défenseur des valeurs contre lesquelles je me suis battu toute ma vie ?

D’abord, parce que l’engagement progressiste vise l’émancipation de la société humaine. J’ai donc, en tant que progressiste, une responsabilité plus grande face à l’histoire, aux humains, à la Terre. Mais aussi parce que ceux qui ont élu Donald Trump au poste le plus prestigieux et probablement le plus puissant de la planète, les mêmes qui souhaitent voir l’élection de Marine Le Pen en France ou – et ils sont beaucoup plus nombreux que ce que l’on pourrait s’imaginer – souhaitent voir l’apparition d’un parti s’inspirant de ces traditions chez nous, ne sont pas des extraterrestres, ce sont mes voisins, mes collègues, mes amis. Ce sont des hommes et des femmes de la culture majoritaire, ce sont des gens de la classe moyenne, des travailleurs, des ouvriers.

Si ces gens croient que Donald Trump, ses idées et ses propositions répondent à leurs aspirations, alors c’est que j’ai, personnellement, lamentablement échoué.

Comment expliquer que la classe ouvrière américaine choisisse comme champion un milliardaire antisyndicaliste, alors que l’on sait que les syndicats participent à l’amélioration des conditions de vie de ces classes ? Comment se fait-il qu’elle ait choisi un démagogue sans scrupules, un homme qui n’a pas hésité à se soustraire à l’impôt pour augmenter sa fortune personnelle, alors que l’on sait que l’évasion fiscale des plus riches prive les classes moyennes et ouvrières des services publics accessibles et de qualité auxquels elles peuvent légitimement aspirer ?

Qu’elle ait voté pour un homme qui a délocalisé ses entreprises, au détriment des travailleurs américains, pour augmenter ses marges de profit, alors que l’on sait que la délocalisation de la production là où la main-d’œuvre est le plus dépréciée frappe, d’abord et avant tout, cette classe ?

Si les classes moyennes et ouvrières désertent les partis et mouvements progressistes au profit des partis et mouvements d’extrême droite, ce n’est pas, comme plusieurs le laissent pourtant entendre depuis le 8 novembre, parce que ces gens sont foncièrement réactionnaires, racistes, homophobes ou misogynes, devant donc être classés dans le fameux « basket of deplorables », mais bien parce que nous, les progressistes, avons cessé de nous intéresser à eux, à leurs craintes, à leurs aspirations, nous avons cessé de nous adresser à eux et que d’autres l’ont fait.

Quoi que l’on puisse penser du mode de vie des classes moyennes et ouvrières occidentales, on ne peut s’attendre à ce que celles-ci le regardent se désagréger sans réagir.

Si la réaction de celles-ci face aux transformations sociales et économiques n’est pas celle que nous avions appréhendée, sinon qu’espérée, peut-être est-ce parce que nous nous sommes tellement éloignés d’elles, en tant que progressistes, de leur réalité, de leurs craintes et de leurs aspirations, que nous avons nous-mêmes posé les jalons des ruines que nous contemplons.

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