Ariel Kouakou disparu depuis un mois

Une escouade spéciale aurait-elle fait mieux ?

Un mois jour pour jour après la disparition du petit Ariel Kouakou, au terme de « 30 longs jours et 30 longues nuits sans indice », le père du garçon de 10 ans a demandé, hier, que soit créée une escouade policière spéciale exclusivement consacrée à la recherche d’enfants disparus. Au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on n’est toutefois pas emballé par l’idée, au contraire.

« Nous pensons qu’une telle escouade aurait pris les choses en main plus tôt, aurait pris des actions plus importantes », a dit Kouadio Frédéric Kouakou en point de presse.

« Ça prend plus de moyens humains, techniques et financiers, a-t-il ajouté. Peut-être que [l’histoire d’Ariel] sera le début de quelque chose. » Réitérant une nouvelle fois que sa famille privilégie la thèse de l’enlèvement, M. Kouakou souhaiterait que davantage de ressources policières soient dégagées pour la recherche de son fils.

Militant pour la même idée, Pina Arcamone, directrice générale du réseau Enfants-Retour, a donné en exemple la Cellule des personnes disparues, organe créé en Belgique en 1995 par la police nationale et à laquelle des enquêteurs sont affectés à temps plein. Elle a également évoqué le Centre national pour les enfants disparus et exploités, aux États-Unis, qui fait notamment appel à des agents retraités dans des régions où les effectifs sont plus minces.

Des changements « cosmétiques »

Porte-parole du SPVM, Ian Lafrenière voit les choses autrement. Il affirme que la question a déjà été plus d’une fois soulevée par le passé, mais que, selon lui, la création d’une telle escouade serait essentiellement « cosmétique ».

Il estime même que le déploiement de cette équipe retarderait le début des recherches qui, pour l’instant, sont plutôt amorcées par les patrouilleurs qui connaissent bien le quartier.

« Dans le cas d’Ariel, au cours des deux premières heures suivant le signalement de sa disparition, 20 policiers ont été mobilisés à temps plein, et tous les policiers de Montréal ont été mis au courant », a dit M. Lafrenière.

« Tous les commerces ouverts du secteur ont été visités, on est allés chez tous les amis connus, même aux anciennes adresses. Ce qu’on veut, ce sont des policiers qui connaissent le terrain. »

— Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM

Pour la suite des recherches, le porte-parole a rappelé que le SPVM avait envoyé les enquêteurs des crimes majeurs, « les gens les plus spécialisés de l’île de Montréal », en plus de la patrouille nautique, des chiens pisteurs et de la cavalerie.

« Je ne crois pas qu’une équipe spécialisée à temps plein en aurait fait davantage. »

La mairesse Valérie Plante s’est pour sa part montrée ouverte à aborder la question avec le SPVM. C’est toutefois le corps policier qui aura le dernier mot.

« Ce n’est pas moi qui vais dire au SPVM : vous devez créer une escouade spéciale ou une division particulière. »

— Valérie Plante, mairesse de Montréal

« Mais en tant que mairesse de Montréal, je peux avoir une discussion pour m’assurer que nos policiers et policières ont les ressources nécessaires pour mener à bien tout type d’opérations, dont celles de la disparition d’enfants », a indiqué Mme Plante, hier. Elle n’a pas développé davantage sur la possibilité d’allouer un financement supplémentaire au SPVM pour la création d’une telle escouade.

M. Lafrenière a par ailleurs indiqué qu’une structure de coordination provinciale existait déjà, sous la responsabilité de la Sûreté du Québec, qui agissait notamment à titre de « mémoire corporative ». Il a aussi assuré que le SPVM se prêterait à une rétroaction complète de l’enquête lorsqu’elle sera terminée.

« On veut des réponses »

Ariel Jeffrey Kouakou, 10 ans, a été vu pour la dernière fois le 12 mars dernier en matinée.

« On veut des réponses », a tranché Charles N’Dakon, un proche de la famille.

La gorge nouée, M. Kouakou a répété avoir « l’intime conviction qu’Ariel reviendra ».

« Nous ne nous laisserons pas abattre par la tristesse. Nous ne sommes pas des lâcheux. Nous puiserons dans nos dernières énergies pour aller jusqu’au bout de cette épreuve. »

— Kouadio Frédéric Kouakou, père d’Ariel

« C’est cette force, en dedans de moi, qui transcende toutes les émotions que je peux avoir », a ajouté M. Kouakou.

Pina Arcamone a également signalé que n’importe quelle information, même en apparence insignifiante, pouvait faire la différence dans l’enquête.

Jusqu’ici, le SPVM a mis de l’avant la thèse de la noyade pour expliquer la disparition d’Ariel. Une nouvelle fois, hier, le père du garçon a mis en doute cette piste. Selon lui, la bande vidéo montrant les dernières images connues d’Ariel au parc des Bateliers ne permet pas de conclure qu’il s’est dirigé par la suite vers la rivière des Prairies, située à quelques dizaines de mètres de là. Jamais on ne le voit toutefois sortir du parc.

« À aucun moment je ne le vois tomber dans l’eau, même glisser, a dit M. Kouakou. Il n’est pas dans cette direction. »

Dans tous les cas, il a tenu à saluer l’engagement des policiers déjà sur le terrain, « des pères [et mères] de famille qui ont les enfants à cœur et qui font tout pour retrouver Ariel ». Il a également rendu hommage aux bénévoles qui ont donné de leur temps pour les battues et les chaînes humaines des dernières semaines.

— Avec William Kretz, collaboration spéciale

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