Hockey  LNH

Qu’est-ce qui manque aux Oilers ?

Les Oilers d’Edmonton ont déjà des comptes à rendre.

Trois matchs sans victoire ont suffi à faire naître un vent d’exaspération sur cette ville albertaine. Voilà six ans qu’on promet aux fans des jours meilleurs.

On a repêché en premier en 2010, 2011 et 2012. Sixième en 2007, septième en 2013 et troisième en juin dernier. Les Oilers n’ont toujours pas de gardien numéro un de premier plan, la défense est poreuse, et les deux premiers compteurs actuels, Ted Purcell et David Perron, ont été acquis dans des échanges.

Les Nordiques de Québec ont obtenu eux aussi les premiers choix au total lors de trois saisons consécutives, en 1989, 1990 et 1991. Dès la saison 1992-1993, ils ont obtenu une saison de plus de 100 points. Ils ont remporté la Coupe Stanley sous les couleurs de l’Avalanche en 1996.

Les Penguins de Pittsburgh ont atteint la finale de la Coupe Stanley trois ans après l’arrivée de Sidney Crosby, quatre ans après celle d’Evgeny Malkin, et l’ont remportée le printemps suivant.

Quels ingrédients manque-t-il aux Oilers ? En quoi la construction de leur club diffère-t-elle de celle de puissances comme les Nordiques et les Penguins, ou encore les Blackhawks de Chicago ?

« Il y a la question du manque de leadership de la direction, mais aussi un certain facteur chance, confiait hier un membre de la direction d’une équipe de la LNH, qui a demandé à garder l’anonymat. 

« Personne n’était très excité par le repêchage de 2011, par exemple, avec Nail Yakupov, Alex Galchenyuk et Ryan Murray. Il n’y avait pas de Jonathan Toews, de Drew Doughty ou de Steven Stamkos. Et Toews a été repêché troisième au total par Chicago en 2006. Les Penguins auraient pu avoir Crosby, Malkin et Toews comme centres s’ils n’avaient pas choisi Jordan Staal au deuxième rang. »

« QUI PREND LES DÉCISIONS ? »

Regardons le squelette de l’équipe. Le succès passe généralement par des centres de talent, une défense de premier plan et un gardien fiable. Les Oilers ont longtemps dépendu de Sam Gagner, leur sixième choix au total en 2007, qui a été échangé cet été pour l’ailier Ted Purcell. Ryan Nugent-Hopkins, premier choix au total en 2011, a été lancé dans la gueule du loup à 18 ans, probablement un peu trop tôt. Il a souvent été blessé. On vient de faire la même chose avec Leon Draisaitl, sur qui on met déjà beaucoup de pression. Les deux autres premiers choix au total, Taylor Hall (2010) et Yakupov (2012), sont des ailiers.

En défense, Ryan Whitney a été considéré pendant plusieurs années comme le grand leader offensif malgré une cheville défectueuse. Il n’a déjà plus de travail aujourd’hui. Justin Schultz représente une option intéressante sur le plan offensif, mais il demeure faible défensivement. Il est le seul parmi les défenseurs des Oilers à avoir obtenu au moins 30 points en une saison depuis 5 ans et pourtant, sa production de 33 points l’an dernier lui a conféré le 38e rang seulement chez les défenseurs de la LNH.

Devant le filet, le premier choix de l’équipe en 2006, Devan Dubnyk, n’a jamais répondu aux attentes malgré de beaux flashs. Il a terminé la dernière saison dans la Ligue américaine chez les Bulldogs de Hamilton, filiale du Canadien, et doit se contenter d’un rôle d’auxiliaire cette année en Arizona.

« Quand je parle du leadership de la direction, qui prend les décisions à Edmonton ? questionne notre interlocuteur. Jamais notre propriétaire ne se serait mêlé de notre travail au repêchage. Chez les Oilers, Nail Yakupov était le choix du propriétaire, tandis que les hommes de hockey voulaient Ryan Murray. Est-ce que ça aurait fait une énorme différence ? Au moins, les Oilers l’auraient, leur défenseur. Le pire, c’est qu’ils en arrachent en défense et qu’ils ont donné sans rien obtenir en retour le seul qui était potable dans sa zone, Ladislav Smid. »

ENVIRONNEMENT ET GÉOGRAPHIE

Edmonton ne pourraient-ils pas échanger Yakupov aujourd’hui pour obtenir un défenseur ? « Sa valeur n’est plus très élevée, répond le dirigeant. Kyle Turris a été échangé aux Sénateurs d’Ottawa contre le jeune défenseur David Rundblad. Je ne suis pas convaincu que Yakupov a autant de valeur que n’en avait Turris à l’époque. C’est un petit joueur, Russe, ailier, même pas centre. Et il y a toujours la menace qu’il quitte pour la KHL si les choses ne fonctionnent pas à son goût. »

Et il y a la question de l’environnement dans lequel baignent ces joueurs, dirigés par l’entraîneur Dallas Eakins, ce même coach qui a fait disparaître toutes les reliques de l’histoire glorieuse des Oilers dans son vestiaire. « Ils ont donné ce club à des jeunes de 18 et 19 ans sans les encadrer, poursuit notre interlocuteur. 

« Ont-ils les bons entraîneurs ? Les standards qu’ils exigent de leurs jeunes joueurs en termes de conditionnement physique sont-ils assez élevés ? Ont-ils assez de talent à toutes les positions pour mener des entraînements avec un haut niveau d’exécution ? Pas sûr que ce soit le cas, et dans ce contexte, le groupe ne s’améliore pas. »

— Un membre de la direction d’une équipe de la LNH

En plus d’une gestion douteuse, l’organisation doit se buter à une réalité géographique difficile. « Ce n’est pas tant les joueurs que les femmes des joueurs qui ne veulent pas vivre à Edmonton, dit notre source. Ils doivent donc surpayer leurs joueurs, qu’ils ont ensuite beaucoup de difficulté à échanger. Benoit Pouliot n’aurait pas obtenu un tel contrat ailleurs. C’est un défi énorme, que vit aussi Winnipeg. Calgary est plus chanceux. Les impôts sont moins élevés, la ville est plus grande, il fait noir plus tard, elle est moins éloignée. »

Bref, on ne voit pas le bout du tunnel à Edmonton...

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