L’avis du Nutritionniste

Trop de soya et plus de pulpe ?

Chaque semaine, je reçois des tonnes de questions sur la nutrition. Plusieurs d’entre elles sont récurrentes. Pour 2017, je poursuis ma guerre contre la désinformation nutritionnelle. Ainsi, je répondrai, de temps à autre, aux questions les plus fréquentes. En voici deux.

Depuis quelque temps, j’essaie de diminuer la quantité de viande que je mange. Par contre, j’ai entendu dire que manger trop de soya pouvait être cancérigène. Qu’en pensez-vous ?

Depuis le début de ma carrière, au moins trois ou quatre fois par année, je suis dans l’obligation de démentir un mythe concernant le soya. Je crois qu’il est simplement normal qu’un aliment qui gagne en popularité fasse l’objet de davantage de questionnements.

En fait, la plupart des rumeurs entourant le soya concernent un point particulier : les phytoestrogènes. Le soya est une des plantes les plus riches en cette classe de molécules qui doit son nom à sa ressemblance avec l’œstrogène. Comme cette hormone joue un rôle dans de nombreux processus métaboliques, certains croient que le fait de consommer du soya, donc des phytoestrogènes, pourrait influencer ces processus.

Par exemple, l’œstrogène est impliqué dans certains types de cancer du sein. Ainsi, plusieurs femmes craignent de manger du soya, de peur d’augmenter leurs risques de cancer. En réalité, rien n’indique que de manger du soya, ou des aliments dérivés de cette plante, augmente les risques d’en souffrir. Même chez les femmes qui sont à risque ou qui sont des survivantes du cancer du sein, il n’est pas nécessaire d’éviter le soya. Le site de la Société canadienne du cancer souligne qu’il est possible de consommer jusqu’à trois portions d’aliments dérivés du soya par jour, sans risque.

Attention, toutefois, ce ne sont pas toutes les sources de soya qui s’équivalent. Comme pour tout en alimentation, il faut tenir compte du degré de transformation. Il est plus intéressant de consommer du soya sous forme d’edamames, de tofu ou de tempeh, par exemple, que sous des formes ultratransformées. Si la principale source de soya dans votre alimentation provient d’huile ou de farine qui sont utilisées par l’industrie pour « cuisiner » des gâteaux, des biscuits et des beignes, disons que ce n’est pas la quantité de phytoestrogènes dans votre alimentation qui mérite réellement d’être examinée.

Est-ce que le jus d’orange « extra pulpe » est meilleur pour la santé que le jus d’orange « sans pulpe » ?

On a beaucoup parlé des jus de fruits à la fin de 2016. On sait maintenant que les jus, à cause de la quantité de sucres libres qu’ils contiennent, ne s’avèrent pas aussi intéressants pour la santé que ce que l’industrie veut nous faire croire. Le principal problème provient de la transformation du fruit en jus, ce qui en retire les fibres. Ces dernières jouent des rôles importants pour notre santé et ralentissent l’absorption du sucre. Quand on sait que l’Organisation mondiale de la santé recommande de consommer moins de 50 g de sucres libres, et qu’un simple verre de jus d’orange (250 ml) en contient 22 g, on comprend qu’il est facile de dépasser cette quantité quand on boit des sucres liquides.

Cela étant dit, certains jus d’orange sont vendus sans pulpe, avec un peu de pulpe, avec beaucoup de pulpe. Est-ce que cela procure une différence dans la quantité de fibres ? La réponse est non. Il suffit de comparer les tableaux de la valeur nutritive sur les différents contenants de jus d’orange pour réaliser que même ceux contenant beaucoup de pulpe sont considérés comme des sources négligeables de fibres. Bref, rien ne bat le fruit entier !

Vous vous posez des questions sur la nutrition ? N’hésitez pas à m’écrire. Vos questions pourraient faire l’objet d’une prochaine chronique.

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