Éducation

De la BD à l’école pour faire lire les garçons

Les garçons aiment la bande dessinée. Après les journaux, c’est ce qu’ils lisent le plus, selon une étude de l’OCDE. « Il est inadmissible qu’on ne fasse pas plus de place à la bédé [à l’école], estime Marie-Hélène Marcoux, conseillère pédagogique à la Commission scolaire des Navigateurs. Dans un contexte où la réussite scolaire et le décrochage des garçons préoccupent les responsables, c’est un outil qu’il valait la peine d’explorer. »

Elle-même amatrice de bande dessinée depuis l’enfance, l’ex-enseignante a pris conscience des possibilités pédagogiques de ce médium lorsqu’elle a fait la classe en Belgique. Au pays de Tintin, de Boule et Bill et des Schtroumpfs, petits et grands lisent de la bédé et, surtout, personne ne s’offusque d’en voir dans les mains des enfants à l’école. « J’en ai un peu fait mon cheval de bataille », dit-elle.

Plut tôt cet automne, Marie-Hélène Marcoux a publié La BD au secondaire, un ouvrage destiné à accompagner les enseignants dans l’intégration de la bande dessinée dans leurs cours. En plus d’une partie plutôt théorique où l’auteure passe en revue les riches codes narratifs qu’il faut maîtriser pour lire une bédé, la pédagogue propose une série d’ateliers et de jeux destinés à développer la compétence en lecture.

« Je vise assez directement les garçons, mais je vise aussi l’ensemble de la classe. Ça me réconforte de savoir qu’avec cette démarche-là, je vais pouvoir atteindre les garçons. » 

— Marie-Hélène Marcoux

La possibilité de capter l’attention des élèves de sexe masculin incite, selon elle, d’autres professeurs à tenter l’expérience.

Convaincre les enseignants de faire lire de la bande dessinée à leurs élèves est toutefois plus facile à dire qu’à faire. Marie-Hélène Marcoux a en effet constaté une certaine résistance. « Je le sens chez les enseignants qui n’en ont pas lu depuis longtemps », dit-elle, supposant que ces derniers associent automatiquement la bédé à un simple divertissement. L’opinion de ces professeurs-là tend à changer lorsqu’elle leur met dans les mains une œuvre de Zviane ou de Michel Rabagliati.

Son ouvrage s’appuie d’ailleurs sur des extraits des aventures de Paul, l’alter ego du bédéiste Rabagliati, et Jane, le renard et moi, cosigné par l’auteure Fanny Britt et la dessinatrice Isabelle Arsenault. Ces œuvres plus « littéraires » que de vieux Archie mal traduits ou bien des albums de gags en une planche contribuent à faire tomber les préjugés que certains entretiennent encore à l’endroit de ce médium populaire.

« Tout ce que j’ai mis dans mon livre, je l’ai testé », assure Marie-Hélène Marcoux. Un peu déçus de la voir arriver avec des planches en noir et blanc, ses élèves se sont pris au jeu. « On réussissait à lire un Paul au complet en quelques cours, alors que certains de ces albums font 140 pages. Et les garçons sont très engagés dans cette tâche », précise-t-elle.

« L’objectif, ce n’est pas d’en faire des lecteurs opérationnels, c’est-à-dire qui lisent pour être capables de répondre à des questions. L’objectif, c’est d’en faire des lecteurs pour la vie. »

La BD au secondaire

Marie-Hélène Marcoux

Chenelière Éducation, 296 pages

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