Santé

Les sept défis de la pédiatrie

Étendre la vaccination pédiatrique aux maladies tropicales et émergentes. L’immunothérapie oncologique. Utiliser la génomique pour prédire, prévenir et traiter les maladies. Trouver les origines fœtales et pédiatriques de la santé et des maladies de l’adulte pour une intervention précoce. Mieux comprendre l’interaction entre la biologie et l’environnement physique et social. Étendre à tous les hôpitaux et cliniques les meilleures pratiques. Offrir aux pays pauvres les traitements proposés dans les pays riches.

Telle est la liste des sept défis de la recherche pédiatrique au XXIe siècle, selon des spécialistes des universités Johns-Hopkins et Yale. « On est rendu au point où on peut vraiment éradiquer certaines maladies ou réduire à néant leur impact », explique Tina Cheng, de Johns-Hopkins, auteure principale de l’essai publié en avril dans la revue Pediatrics. « Avec l’immunothérapie, on pourra étendre à d’autres cancers les succès qu’on a connus avec la leucémie. Avec la génomique, on pourra détecter dès la naissance les maladies chroniques et rares et les traiter, et savoir dès le départ quels traitements sont les meilleurs pour chaque patient. »

La pédiatre de Baltimore avait publié l’an dernier dans la revue Pediatric Research une liste des sept plus importantes avancées en pédiatrie des 40 dernières années.

« On tient pour acquis les succès d’aujourd’hui, sans se rendre compte qu’il a fallu beaucoup de recherche fondamentale pour y arriver. Je veux raviver l’intérêt pour la recherche en pédiatrie, dont le financement décline parce que de moins en moins d’enfants sont gravement malades dans les pays riches. »

Une liste plus internationale

Justement, la liste des sept défis du XXIe siècle est plus internationale que celle des sept avancées de la fin du XXe. « Oui, c’est vrai, il y a des besoins énormes dans les pays pauvres, dit la Dre Cheng. Mais parfois, il y a des intersections. Les parents qui voyagent avec de jeunes enfants dans des pays touchés par le Zika ou la malaria, ou les femmes enceintes qui doivent se rendre dans un pays touché par le Zika. Ou alors la vaccination antigrippale, qui peut prévenir beaucoup d’absentéisme scolaire et faciliter la vie des parents. On sous-estime souvent l’importance de la mortalité due à la grippe, parce que peu de cas sont formellement identifiés et qu’il s’agit souvent d’enfants déjà malades. Et à l’intérieur même des pays riches, il y a des disparités entre les hôpitaux, particulièrement à l’extérieur des grands centres. »

Faut-il détecter dès la naissance des maladies pour lesquelles on n’a pas de traitement ? « Oui, parce qu’il est très rare qu’on ne puisse absolument rien faire, dit la Dre Cheng. On peut à tout le moins surveiller les conséquences connexes de ces maladies et les traiter quand elles apparaissent, éviter certains facteurs de risque de déclenchement et d’exacerbation. Les progrès qu’on a connus avec des maladies chroniques comme l’hémoglobinose S [altération de l’hémoglobine] montrent bien qu’une approche incrémentale peut être couronnée de succès. Mais il reste que c’est une discussion éthique qu’il faut avoir avec les parents. Il faut aussi réfléchir à la discrimination génétique. »

Les sept avancées depuis 1970

La vaccination en bas âge

Le sommeil des bébés sur le dos pour prévenir la mort subite du nourrisson

La guérison de la leucémie

La survie des prématurés en les aidant à respirer

La prévention de la transmission du VIH de la mère au bébé à l’accouchement

L’augmentation de l’espérance de vie pour les enfants atteints de maladies chroniques

Les sièges d’enfant et ceintures de sécurité en voiture

Source : Pediatric Research

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.