Plan d’action en santé mentale

Les psychiatres estiment que Québec laisse tomber leurs patients

Le nouveau Plan d’action en santé mentale du gouvernement ne comprend « que des vœux pieux et aucune mesure concrète » pour aider les personnes souffrant de maladie mentale, dénonce l’Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ).

« Hier, j’étais avec un patient qui est hospitalisé depuis 500 jours. Il attend une place en hébergement adapté. En attendant, il reste à l’hôpital. Et dans le nouveau plan, rien n’est proposé pour régler ce genre de situation », déplore la Dre Karine Igartua, présidente de l’AMPQ.

Le nouveau Plan d’action en santé mentale du gouvernement était attendu depuis longtemps, puisque le dernier avait pris fin en 2010. Vendredi, le ministre de la Santé Gaétan Barrette a déposé son nouveau plan 2015-2020, qui inclut des investissements de 70 millions. Des efforts seront notamment faits pour assurer un meilleur suivi auprès des adolescents qui, trop souvent, se retrouvent laissés pour compte lorsqu’ils arrivent à l’âge adulte. Le Plan d’action mise également sur une meilleure coordination entre les différents acteurs du réseau.

« On formule des vœux pieux. On renvoie cette responsabilité dans les centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS). Mais on ne propose rien de concret et, en même temps, on coupe les budgets », critique la Dre Igartua.

Selon elle, des mesures auraient dû être prises pour favoriser la création de ressources d’hébergement. « On doit dégorger les lits de soins actifs rapidement. Ces lits coûtent 100 000 $ par année », dit-elle.

Au cabinet du ministre Barrette, on réplique que le Plan d’action veut favoriser le « suivi intensif dans le milieu ». « Cette approche permet d’éviter l’hospitalisation à long terme ou les retours à l’urgence, car c’est la communauté qui épaule la personne dans son rétablissement : ses proches, les organisations d’aide et groupes communautaires ont un important rôle de soutien à jouer, dans le suivi des traitements, l’évitement des rechutes, etc. Nous croyons que cette approche est la plus appropriée pour une prise en charge à long terme », explique Joanne Beauvais, attachée de presse du ministre.

MEILLEUR ACCÈS À LA PSYCHOTHÉRAPIE

Les psychiatres s’attristent aussi de voir que le Plan d’action ne prévoit aucune mesure pour favoriser l’accès à des psychothérapies. « Parfois, l’attente pour ces traitements au public est de plus d’un an. Comme médecin, on est tenté de donner plus de médicaments pour soulager le patient qui devra attendre plus d’un an avant d’avoir un tel traitement au public et qui n’a pas les moyens d’aller au privé », note la Dre Igartua.

Le cabinet du ministre Barrette précise qu’un avis de l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) est attendu à ce sujet. « Nos estimations prévoient qu’il en coûterait au moins 400 millions annuellement que d’inclure la psychothérapie dans le panier de services de la RAMQ. Il aurait été irresponsable de faire de telles annonces sans prendre le temps de recevoir cet avis », explique Mme Beauvais.

La Dre Igartua affirme que le dernier plan d’action en santé mentale avait redirigé 75 % des ressources vers la première ligne. « Mais seulement 40 % des patients ont suivi. Les patients les plus lourds ne peuvent pas y être traités. Il faut penser à eux et, malheureusement, le nouveau plan ne le fait pas assez », conclut-elle.

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