Société

Vraiment « plates », les comptables ? 

« Je suis plate » et « Les CPA sont plates » sont les slogans de la plus récente campagne de l’Ordre des comptables professionnels agréés (CPA) du Québec , qui met en vedette des jeunes comptables aux carrières excitantes. Les comptables sont-ils si « plates » que ça ? Pourquoi ce préjugé leur colle-t-il autant à la peau ?

« Je suis fier d’être un CPA », lance Pierre-Yves McSween, célèbre comptable agréé et chroniqueur connu pour son franc-parler. « Mais ça fait longtemps que la profession a cette image “plate” ! Il y a tellement de préjugés à notre sujet, et la télévision contribue à véhiculer ces stéréotypes de gens coincés, ennuyeux, introvertis, voire de vraies bibittes, alors que franchement, ce sont des gens brillants, qui ont une vision complète sur le marché des affaires. »

Non, les comptables ne font pas seulement les déclarations de revenus, souligne-t-il. « C’est extrêmement réducteur. On est des victimes ! On est sur le bûcher du préjugé national ! »

À l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec aussi, on a noté cette tendance.

« L’image de la personne plate et rationnelle qui aligne les colonnes de chiffres est encore très présente dans l’esprit des gens. »

— Lyne Lortie, vice-présidente, affaires publiques, stratégie de marque et communications de l’Ordre des CPA

« On a voulu dire tout haut ce que les gens pensent tout bas ! Cette campagne veut démontrer que la profession évolue et qu’être comptable agréé, c’est occuper un poste stratégique dans les organisations et avoir la possibilité de travailler dans tous les domaines, souligne Lyne Lortie, de l’Ordre des CPA. Car les CPA sont partout, dans tous les milieux, les effets spéciaux, le développement durable, la musique, les nouvelles technologies. »

Le contexte actuel de l’éducation, avec la multiplication des étudiants et des programmes offerts, a fait naître une concurrence entre les différents programmes universitaires. « On veut recruter les meilleurs et montrer que c’est un métier excitant, car on est en concurrence avec notamment le métier d’avocat, explique Lyne Lortie. Il y a toujours cette image qu’être CPA, ce n’est pas aussi excitant que d’être avocat ou d’avoir son MBA ! »

Des connaissances variées

Pierre-Yves McSween confie qu’il recommencerait ses études demain matin, car, dit-il, il a une incroyable connaissance générale qui lui sert au quotidien.

« J’ai suivi des cours d’économie, de finances, de management et de fiscalité. C’est très formateur. Le comptable agréé fait plein de choses, il analyse des états financiers, fait des prévisions, gère les risques, énumère-t-il. Et on en a besoin plus que jamais ! On taquine le comptable, mais ça devient soudain votre meilleur ami quand il vous donne des conseils financiers ! »

Anna Martini, vice-présidente exécutive et chef de la direction financière du Canadien de Montréal et d’evenko, est l’un des visages de la campagne publicitaire de l’Ordre. Elle souligne que les domaines dans lesquels les CPA peuvent travailler sont de plus en plus variés.

« Les CPA, ce sont aussi des dirigeants d’entreprise, qui ont des emplois dans des industries des plus novatrices comme l’intelligence artificielle. »

— Anna Martini, qui gère les finances du groupe CH, du plan stratégique et des projets de transformation

« Je dis souvent que tout peut être expliqué par un chiffre, souligne-t-elle. On doit prendre les bonnes décisions. Les salaires des joueurs de hockey ? C’est la job du DG, mais on travaille en équipe et il y a des budgets à respecter. »

Offensive de séduction

Arnaud Granata, éditeur d’Infopresse, estime que cette campagne réussit à nous surprendre par son humour très second degré. « C’est une campagne qui se veut aussi en mode séduction, car on veut montrer qu’il y a quelque chose d’inspirant dans la profession de comptable qu’on veut rendre très désirable », analyse-t-il.

Avec les années, l’image du métier évolue, la profession rajeunit et compte de plus en plus de femmes, souligne Arnaud Granata.

« Pierre-Yves McSween est devenu la preuve que la comptabilité est cool. Il dépoussière l’image que bien des gens peuvent avoir du comptable. »

— Arnaud Granata, éditeur d’Infopresse

« Son langage est coloré et accessible, c’est un agent de changement », souligne de son côté Lyne Lortie.

Pierre-Yves McSween a aussi noté son impact sur la profession. « Mes collègues me remercient, car ils me disent que depuis que je suis dans les médias, quand ils entrent dans un bar et qu’ils signalent qu’ils sont comptables agréés, les gens leur parlent ! », rigole-t-il.

Celui qu’on peut voir sur la page couverture du magazine L’actualité énumère quelques comptables agréés célèbres. « Il y a notre premier ministre François Legault, Jacques Aubé, vice-président exécutif d’evenko qui parle avec U2 et d’autres artistes, Monique Leroux, ancienne présidente du Mouvement Desjardins, et le champion olympique Alexandre Bilodeau. Il n’y a rien de plate là-dedans ! »

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