Opinion – Transport

Rendre la mobilité durable irrésistible

Lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui a eu lieu à Paris, l’année dernière, de nombreux pays se sont engagés à réduire leur empreinte de carbone.

Au même moment, VIA Rail et les membres de l’Union internationale des chemins de fer (UIC) prenaient l’engagement collectif de réduire leurs émissions de CO2 ainsi que celles des voyageurs dans leurs pays respectifs. Ces engagements à apporter de véritables changements ne sont pas seulement souhaitables, ils sont nécessaires.

Nos objectifs sont clairs : VIA Rail s’engage à réduire l’empreinte de carbone attribuable à ses activités ferroviaires de 50 % d’ici 2030 et de 75 % d’ici 2050 (comparativement à 1990) ; et accroître la part modale du transport ferroviaire de 50 % d’ici 2030 et de 100 % d’ici 2050 (comparativement à 2010).

Nous avons déjà réduit nos émissions de 41,1 % par rapport à 1990. Depuis 2010, nos émissions de GES et notre consommation de carburant ont diminué de 25 % et 27 %, et ce, en moins de six ans.

Et chaque fois qu’un Canadien choisit nos trains au lieu de sa voiture, il réduit son empreinte de carbone par kilomètre parcouru de 56 %. Mais nous pouvons tous faire beaucoup mieux.

Le secteur des transports est l’un des plus grands responsables de la pollution atmosphérique au pays. En 2014, il a produit 24 % des émissions de GES à l’échelle nationale, dont 52 % étaient attribuables à l’utilisation des véhicules personnels. Au Canada, la mobilité (en particulier les déplacements intervilles) est synonyme de pollution, et nous ne sommes pas près de cesser de voyager. Ainsi, le seul choix qui s’offre à nous est d’améliorer le ratio de notre mobilité par rapport aux émissions que celle-ci produit. En fin de compte, tout cela est lié à nos préférences personnelles.

DES SOLUTIONS PRATIQUES ET FLUIDES

En matière de déplacements, la commodité et la flexibilité sont primordiales et, jusqu’à maintenant, les statistiques indiquent que les gens sont clairement d’avis que leur automobile représente l’option la plus pratique. Pour lutter contre les effets négatifs du recours aux véhicules personnels, des mesures dissuasives (péages autoroutiers, taxe supplémentaire sur les automobiles les plus polluantes) ont été mises en œuvre dans l’espoir qu’en faisant payer les gens qui font de « mauvais » choix, ils changeraient leurs habitudes. Mais pourquoi ne pas aborder cet enjeu sous un autre angle, en offrant des solutions pratiques et fluides afin de rendre le choix « sensé » irrésistible ?

Les gouvernements peuvent atteindre cet objectif en encourageant les moyens de transport efficaces, fiables et rapides.

Notre premier Rapport sur la mobilité durable fait justement le point sur nos réalisations et sur les objectifs que nous nous sommes fixés. Les résultats obtenus sont impressionnants, mais nous avons en quelque sorte atteint un plateau en raison des contraintes que nous impose la structure d’exploitation actuelle. Elle nous oblige à partager l’infrastructure avec des trains de marchandises, une situation contraignante qui fait en sorte que nous n’offrons pas la flexibilité que le voyageur recherche.

Pour ces raisons, nous avons commencé à envisager des solutions en marge du système actuel et à nous demander ce que nous pourrions réaliser sur le plan environnemental et financier si ces contraintes n’existaient plus.

RÉSERVÉ AUX PASSAGERS

Le plan que nous avons élaboré – qui a récemment fait l’objet d’une mention dans le budget 2016 du gouvernement fédéral – consiste tout d’abord à construire un couloir exclusivement réservé au transport des passagers, équipé de voies ferrées électrifiées, dans le corridor le plus achalandé au pays, qui relie Québec, Montréal, Ottawa et Toronto. Ce projet entraînerait une réduction de 98 % des émissions de GES de VIA Rail par rapport à ses émissions actuelles. Et il permettrait aux Canadiens de réduire l’empreinte de carbone de leurs déplacements de 94 %.

Selon des estimations d’experts indépendants, notre projet permettrait d’éliminer annuellement plus de 5,5 millions de déplacements en automobile. L’augmentation de l’achalandage de VIA Rail serait telle que sa rentabilité pourrait intéresser des investisseurs aguerris tels les régimes de retraite canadiens. Ceux-ci investissent dans des sociétés de train-passagers à travers le monde.

En plus de réduire l’empreinte carbone du Canada et de générer de l’investissement, le projet créerait des milliers d’emplois, stimulerait l’économie, augmenterait la valeur des propriétés, et pourrait permettre d’éliminer les subventions d’exploitation octroyées annuellement à VIA Rail par le gouvernement du Canada.

Cela aurait le mérite de rendre la mobilité durable irrésistible !

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