Mon clin d’œil

« Mes amis valent bien une dinde. »

— Donald Trump s’apprêtant à gracier beaucoup de gens

Réplique

Une déferlante de transphobie

En réponse au texte de Nadia El-Mabrouk, Christian Sabourin, Stella Mylonakis et François Dugré, « Identités de genre : des projets de loi aux enjeux cruciaux pour nos enfants », publié le 19 novembre

Encore une fois, alors que nous nous apprêtions à vivre de difficiles émotions liées à une date d’importance pour la communauté trans, nous allons devoir prendre de nos énergies pour nous mobiliser et faire face à une déferlante de transphobie.

Cette fois et sans surprises, avouons-le, c’est Nadia El-Mabrouk, Christian Sabourin, Stella Mylonakis et François Dugré, membres d’un collectif ayant soumis un mémoire pour les projets de loi PL-70 et C-6, qui se donnent le beau rôle de nous faire la leçon sur les dangers des approches trans-affirmatives dans une lettre d’opinion intitulée « Des projets de loi aux enjeux cruciaux pour nos enfants » dans une rubrique faussement identifiée « Identités de genre », parce qu’on n’y parle pas d’identité de genre, non en fait, on y parle de thérapies de conversion. Et ce que je sais, c’est que les auteurs sont obsédés par le bien-être de mon fils.

Tellement obsédés qu’ils voudraient eux-mêmes planifier son parcours de soins auprès de professionnels qui favorisent une approche d’attente vigilante. Au-delà des recommandations de l’Association professionnelle canadienne pour la santé transgenre (CPATH), de l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres (WPATH), de l’Académie américaine de pédiatrie, du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association américaine de psychiatrie (DSM-5) et de la Classification internationale des maladies (CIM-11), des chartes des droits et libertés du Québec et de l’Ontario (pour ne pas nommer celle du Canada) et, plus près de nous, celle de l’équipe de l’hôpital Sainte-Justine et celle du centre Meraki.

Selon eux, tout ce beau monde se trompe, fait fausse route et se base sur des « études produites par des groupes de pression et hautement contestables » alors qu’ils nous présentent une seule étude, non pas « contestée par la communauté LGBTQ » qu’ils méprisent avec leurs guillemets, mais par des médecins, des chercheurs et des spécialistes du développement.

Ce qui m’effraie encore plus, c’est qu’ils se cachent derrière une fausse sympathie pour les membres de la communauté LGBTQ en reconnaissant que l’« on ne peut qu’approuver l’interdiction de pratiques moyenâgeuses pour changer l’orientation sexuelle d’une personne ».

Si nous nous entendons sur un point, c’est bien ce dernier. Mais de vouloir maintenir ces mêmes pratiques moyenâgeuses pour des enfants qui, comme mon fils sont trans, ne peut que me faire douter de cette pseudo solidarité.

Si vous avez pris le temps de publier cette lettre d’opinion un 19 novembre, la veille de la Journée du souvenir trans, journée douloureuse pour plusieurs, j’ose espérer que vous ferez aussi de la place aux lettres qui vous seront envoyées par des spécialistes des réalités trans.

Je souhaite aussi que vous questionniez vos codes d’éthiques et votre prise de position dans la publication de lettres qui semblent évoquer une opinion démocratique, mais qui sont remplies de haine des personnes trans, et surtout des enfants trans. Et ne croyez pas que ces écrits n’affectent en rien la santé mentale et le bien-être de nos enfants, assez vieux pour lire votre journal, mais trop jeunes et marginalisés pour être entendus de lui. La transphobie, ils la subissent régulièrement, mais très certainement pas de la part des gens qui veulent mettre en place des lois qui tentent de les protéger.

* Cosignataires : : Maël Ste-Marie-Raymond, personne trans ; Mario Dionne Raymond, parent d’un enfant trans ; Jacques Ste-Marie, grand-parent d’un enfant trans, sociologue ; Élyse Leconte, parent d’un enfant trans, infirmière ; Tamara Torres, mère d’un jeune trans ; Erin Mulvaney, parent d’un enfant trans ; Marc Chartrand, parent d’un enfant trans ; Marie-Hélène Cousineau, mère d’un enfant trans ; Marie-Soleil Pepin, mère d’un enfant trans ; Stéphanie Bonham Carter, mère d’un enfant trans ; Andrea Guzman, mère d’un jeune trans ; Andra Canura, mère d’un enfant trans ; Ariane Couture, maman d’un enfant trans, conjointe d’un homme trans ; Aline Desrosiers, maman d’un ado trans ; Nancy Ryan, maman d’un enfant trans ; Rachel Dionne Raymond, tante d’un jeune trans ; Marize Dionne Raymond, tante d’un jeune trans ; Marie-Josée Brouillette, mère d’un enfant divergeant dans le genre ; Isabelle Blouin Gagné ; Karine Dicaire, mère d’un enfant trans ; Alain Rousseau, père d’un enfant trans

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