Until the Lions

Nouveau chapitre d’une épopée chorégraphique

Fidèle invité de marque de Danse Danse, Akram Khan investira pour la toute première fois demain soir la scène circulaire de la Tohu afin d’y présenter Until the Lions, plus récente création du chorégraphe anglo-bengali inspirée du poème épique hindou du Mahabharata.

Le fabuleux destin d’Akram Khan est définitivement lié au Mahabharata, ce poème épopée de la mythologie hindoue dont les incroyables personnages ont bercé son enfance. D’abord lu par sa mère et très présent dans les cours de Katak traditionnel (danse du nord de l’Inde) qu’il suit depuis l’âge de 7 ans, le Mahabharata se retrouve également au cœur de la mythique création de Peter Brook dans laquelle il a joué de 1987 à 1989 alors qu’il était jeune adolescent. Après s’être emparé dans Ronin (2003) du dieu Krishna et du guerrier Arjuna, Akram Khan a choisi pour Until the Lions de s’inspirer de l’histoire d’Amba, fille du roi du Kashi.

Pour ce faire, il a pu s’appuyer sur Until the lions : Echoes of the Mahabharata, un livre de Karthika Naïr, auteure soucieuse de donner une voix à certains personnages subalternes du Mahabharata, dont Amba, enlevée le jour de ses noces par Bheeshma, guerrier mi-homme mi-dieu, qui devait l’épouser, mais qui, faisant vœu de chasteté, la donne finalement à un autre.

« Karthika Naïr écrivait des poèmes autour du personnage d’Amba et elle la voyait très bien au centre d’une chorégraphie très puissante. J’ai tout de suite été attiré par cette princesse de la mythologie dépeinte comme une perturbatrice de l’ordre des choses. La poésie de Karthika lui redonnait le pouvoir d’une manière intéressante. J’ai donc voulu explorer le périple d’Amba d’une manière positive », explique Akram Khan, qui incarne dans Until the Lions le rôle de Bheeshma.

« J’ai trouvé ça très inspirant de voir les choses de la perspective de l’héroïne plutôt que du héros dans cette histoire. »

— Akram Khan

Sur la scène circulaire de la Tohu, le danseur et chorégraphe sera accompagné par Christine Joy Ritter et Ching-Ying Chien qui interprètent respectivement Shikhandi et Amba, les deux figures de la princesse venues l’assaillir et se venger.

« Amba se transforme émotionnellement, alors que c’est physiquement pour Shikhandi puisqu’elle est la réincarnation en mâle d’Amba. Christine Joy et Ching-Ying ont toutes les deux cette belle capacité de transformation », précise le chorégraphe dont la nouvelle pièce tire son titre Until the Lions de l’adage africain « Jusqu’à ce que les lions aient leurs historiens, la chasse glorifiera toujours le chasseur… ».

Entre tradition et modernité

Avec un style unique qu’il qualifie lui-même de Katak contemporain, Akram Khan a depuis toujours à cœur de métisser les genres dans toutes ses créations. Until the Lions ne fait pas exception et le chorégraphe va encore plus loin en relevant de défi d’évoluer sur une scène circulaire.

« Je trouvais que le Mahabharata était parfait pour ça. Dans la plupart des civilisations anciennes, les histoires étaient racontées en cercle. Dans la Grèce antique, les théâtres étaient d’ailleurs circulaires », explique Akram Khan, qui a confié la conception visuelle de la pièce à l’artiste visuel Tim Yip, connu notamment pour la direction artistique du film Tigre et Dragon, qui lui a valu un Oscar en 2001.

« La musique est également très importante. Je voulais un véritable dialogue sur scène entre des musiques de toutes les cultures, mais aussi entre musique traditionnelle et folk », conclut Akram Khan.

À la Tohu du 17 au 25 mars

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