Embraer s’invite au dernier instant
Une improbable admission faite par Embraer vendredi dernier, jour même de la clôture de la preuve auprès des autorités américaines, pourrait-elle représenter le coup de théâtre ultime qui viendra donner raison à Bombardier contre Boeing ?
Le géant canadien a déposé hier auprès de la Commission sur le commerce international (ITC) américaine une requête de dernière minute pour faire ajouter au dossier un article de la publication spécialisée FlightGlobal dans lequel Embraer se félicite de l’augmentation de 2850 à 2900 milles nautiques de la portée de son E190-E2, un concurrent de la C Series.
L’augmentation, banale à première vue, pourrait être capitale dans le dossier qui oppose Bombardier à Boeing. C’est que dans sa plainte auprès des autorités américaines, Boeing a défini le segment de marché où elle était touchée comme étant celui des avions de 100 à 150 places disposant d’une portée minimale de 2900 milles nautiques.
Depuis le début, ce dernier critère semble directement destiné à exclure de la comparaison les avions d’Embraer, qui plafonnaient à 2850 milles nautiques.
« Au mieux, écrivaient les avocats de Bombardier dans un document récent, il s’agissait d’une ruse pour donner au 737 l’apparence d’être plus en concurrence avec le C Series qu’il ne l’est réellement. »
« Mais nous savons maintenant que Boeing avait un autre incitatif. Boeing cherche à acquérir Embraer. »
— Les avocats de Bombardier
« Si Boeing pouvait convaincre la Commission que les plus gros avions E-jets d’Embraer ne servent pas les mêmes segments de marché que la C Series […], les E-jets auraient un accès clair et non encombré aux acheteurs potentiels d’avions de 100 à 150 places aux États-Unis, pendant que les C Series importés du Canada seraient sujets à des droits compensatoires et antidumping. »
La mise à jour de la portée de l’E190-E2 a été dévoilée vendredi par Embraer, le jour même où l’ITC cessait d’accepter de nouvelles informations au dossier.
L’ITC doit déterminer si les subventions « illégales » obtenues par Bombardier et le prix trop faible qu’elle a offert à Delta, tels que déterminés par le département du Commerce, ont nui à l’industrie américaine, soit essentiellement à Boeing.
La décision finale de l’ITC, qui déterminera si oui ou non seront appliqués les tarifs de 292,21 % réclamés par le département du Commerce, doit être rendue demain. Il était encore trop tôt, hier, pour déterminer si l’ultime requête de Bombardier pourrait repousser cette échéance.