SUZANNE COUPAL
Première audience parisienne
La Presse
Suzanne Coupal avait présenté sa dernière exposition, il y a deux ans, à la galerie Laroche, sur le boulevard Saint-Laurent. Une expo fort courue qui s’était révélée un succès. Ces jours-ci, on retrouve quelques-unes de ses toiles abstraites à la galerie Carte blanche, rue Amherst, dans le cadre d’une expo collective qui comprend des œuvres de Kittie Bruneau et du Frère Jérôme.
Après avoir passé deux ans et demi à commenter la commission Charbonneau sur RDI, l’ex-juge a pu souffler un peu au printemps dernier. De mars à septembre, elle s’est remise à créer.
« J’ai passé tout l’été ici, dans mon petit atelier vitré de la rue Lenoir. Après une courte période au cours de laquelle j’ai douté, l’inspiration est revenue. Et voilà ! »
— Suzanne Coupal
Il y a un an, elle a appris que la galerie du bar à vin La belle Hortense, dans le quartier du Marais, à Paris, était prête à accueillir ses toiles pendant un mois. On ne parle pas d’une grande galerie d’art parisienne, mais Suzanne Coupal n’en est pas moins ravie d’exposer dans cette ville qu’elle adore.
« J’avais envoyé mon dossier après avoir connu cet endroit et, au bout de trois mois, ils m’ont dit que ma production les intéressait, dit-elle. Je suis contente, car ils accueillent tous les genres, autant figuratif qu’abstrait, des artistes de partout, de Berlin, de Californie, et aussi de tous les âges. »
L’été dernier, elle a donc créé, l’une après l’autre, une dizaine de toiles de formats plus petits qu’auparavant, afin de se conformer au marché européen. Dans ses peintures, on reconnaît sa signature et ses teintes. Elle dit toutefois avoir légèrement changé de couleurs pour tenir compte du thème qu’elle voulait décliner : Paris.
« Paris pour moi, c’est ma ville, lance-t-elle. Elle a eu beaucoup d’influence dans ma jeunesse, dans ma carrière juridique. Paris, pour moi, c’est la musique, la peinture, la littérature. C’est Cocteau, c’est Camus. Alors, je me suis laissée inspirer par Paris pour peindre. »
Elle a donc laissé tomber ses disques de jazz et de blues pour écouter de la musique française. Dans son atelier, nous avons aperçu des DVD de Lou Doillon et de Léo Ferré.
Ses toiles ont encore beaucoup de ce mouvement automatiste qui l’anime. Un mouvement plus délicat à rendre sur des petits formats. La gestuelle de Suzanne Coupal s’exerce toujours aussi fermement dans les épaisseurs et construit sa toile couche sur couche, notamment à la spatule. Elle utilise le brossé, le tracé, les griffures et une recherche de textures et de superpositions qui donnent à chaque œuvre son caractère, sa tonalité particulière.
Une de ses toiles s’appelle
, une référence à Cocteau. Une autre s’intitule , comme la chanson de Bernard Lavilliers.« Les toiles parlent de la vie nocturne à Paris. L’exposition s’appelle
car pour moi, c’est Paris. La vie en rose. Des couleurs de nuit et de fête. Le rêve. Paris a toujours été rose pour moi. C’est tellement évident et familier que parfois, j’ai l’impression d’y avoir vécu. »— Suzanne Coupal
Après un mois passé à Paris, Suzanne Coupal aimerait bien collaborer en 2016 avec un muraliste ou un graffiteur, peut-être dans le cadre du 375
anniversaire de Montréal. « Cela permettrait de faire un pont entre deux générations, dit-elle. J’ai déjà fait des approches avec l’artiste urbain Scan. On verra ça l’année prochaine ! »On verra, car elle a aussi des velléités de créer des installations. Elle poursuit son activité d’accumuler des boîtes et des objets qui pourraient l’amener à ne plus travailler seulement en 2D, mais à se lancer dans la sculpture. L’ex-juge a le droit, tous les droits ! Et le talent pour en profiter… puisque pour elle, tout est permis : rose est la nuit.
de Suzanne Coupal, à la galerie La belle Hortense (31, rue Vieille du Temple, Paris), du 1 au 31 décembre