Bolerama 2016

Le grand retour des coquilles

On commence à remarquer leur retour dans les campings et sur les autoroutes. Construites pour la plupart dans les années 70 et 80, les roulottes de type Boler ont survécu à l’épreuve du temps et leur charme opère encore, et de plus en plus. Au lendemain de la sixième Bolerama, rencontre avec quelques passionnés de ces intemporelles petites bulles sur roues.

Quand il a eu l’idée d’organiser une petite rencontre de passionnés de roulottes Boler en 2010, Jean-Luc Théberge ne croyait pas que son événement allait prendre une ampleur telle qu’il allait devoir refuser des gens six ans plus tard.

« Je savais qu’il y avait des rencontres comme ça en Ontario, s’est-il rappelé. Alors j’ai simplement lancé un appel à tous sur mon blogue de voyage, si bien que l’on s’est retrouvé la première année une soixantaine de passionnés dans un camping de Saint-Roch-des-Aulnaies. Mais ça a grossi d’année en année et cette fois, j’ai limité les inscriptions à 200 roulottes. »

Petites coquilles en fibre de verre de 13 pi, les Boler et ses descendantes – Trillium, Big Foot, Scamp, U-Haul, Casita et autres Happier Camper – représentent d’abord une solution de camping abordable et légère. Mais on assiste depuis quelques années à la naissance d’une tendance qui va bien au-delà des aspects pratiques.

« Il y a un engouement, il n’y a pas de doute. »

— Jean-Luc Théberge, organisateur du Bolerama

« Les gens se forcent pour rénover leurs roulottes et sont heureux de venir nous voir. Lors de la journée portes ouvertes, les gens se rendent visite les uns et les autres. On trouve des gens de tous les milieux, et chacun a des histoires abracadabrantes à raconter ! » a poursuivi le technicien en audiovisuel de l’Université du Québec à Rimouski.

Effet collatéral, les projets de rénovation ont aussi entraîné un joyeux tintamarre imaginatif. « On va du plus kitsch au plus flyé, a suggéré Jean-Luc Théberge. [Les] gens sont fiers de leurs roulottes. Ils les personnalisent, certains remettent le prix de leur achat seulement en peinture ! On trouve maintenant des propriétaires passionnés d’antiquité, d’autres qui privilégient le volet voyage alors que d’autres sont davantage bohèmes, plus colorés. »

COMME LES WESTFALIA, OU PRESQUE

Selon M. Théberge, il y a un parallèle intéressant à faire avec les Westfalia. « On trouve chez nous le même état d’esprit, celui de rouler différemment en toute liberté, a-t-il soutenu. Mais les Westfalia sont chers à l’achat et il faut de plus être mécano, pas simplement rénovateur. » 

« Une Boler, c’est plus simple d’entretien [qu'une Westfalia], abordable, et on peut compter sur une auto moderne et fiable pour la tirer. »

— Jean-Luc Théberge, organisateur du Bolerama

Selon l’organisateur du Bolerama, le retour des petites coquilles en fibre de verre illustre aussi un désir de revenir à un type de camping plus authentique. « Il y a une tendance vers les méga équipements, la consommation à outrance, mais on voit aussi un mouvement opposé, a soutenu celui qui a parcouru les États-Unis avec sa Boler 1980. J’ai vu bien des gens qui avaient des roulottes de 30 pi qui m’ont avoué avoir acheté une Boler afin de retourner aux sources et faire du vrai camping. »

Sans compter que les Boler ont parfois accès à des campings sans services réservés aux tentes. Et on ne parle évidemment pas des économies importantes de carburant.

Bien sûr, camper dans une bulle implique de tolérer une certaine promiscuité, mais c’est un sacrifice qui vaut le coup, si l’on en juge par la popularité croissante des petites Boler.

La Boler, fosse septique sur roues !

Avant d’être une roulotte, la Boler a d’abord été une fosse septique ! Quelque temps après avoir conçu et breveté sa fosse septique en fibre de verre, l’inventeur Ray Olecko, de Winnipeg, a réalisé qu’il pouvait utiliser cette coquille pour en faire une petite roulotte familiale ultralégère. La production a commencé tranquillement à la fin des années 60, jusqu’en 1988. Au total, quelque 10 000 Boler ont été construites. Plusieurs sont encore sur la route : « Elles sont faites en fibre de verre, ça ne pourrit pas, soutient Jean-Luc Théberge. Et si la fibre se déchire, ça se répare facilement. En fait, elles ont une durée de vie illimitée tant qu’on en prend soin. »

Visite guidée

La Boler 1982 de Pascale

Achat : 4000 $ Rénovations : 1800 $

Propriétaire d’un Westfalia pendant 10 ans, Pascale Lajeunesse a acheté sa première Boler en mai dernier. Avec son conjoint, elle a refait armoires et comptoirs, installé un nouveau frigo et un nouvel évier, réparé la fibre de verre, confectionné de nouveaux tissus et rideaux, un travail qui s’est échelonné sur quatre week-ends. « Pour rester dans le même esprit que le Westfalia, c’était la seule roulotte qui cliquait. Quand je jase avec les gens de West, c’est le même trip, celui de récupérer quelque chose qui dure dans le temps », a expliqué la propriétaire.

Visite guidée

La Boler 1972 de Josée et André

Achat : 1700 $ Rénovations : 8000 $

La Boler de Josée Briand et André Bernier était dans un piteux état. Le châssis et l’essieu ont été refaits selon les spécifications du modèle original, alors que l’espace habitable a été complètement rénové, un exercice de plus de 400 heures. « Au fond, on ne tire sa roulotte qu’une quinzaine de jours par année. Avec une Boler, on n’est pas coincé le reste du temps avec un gros véhicule gourmand », a dit André Bernier.

Visite guidée

La Boler 1973 de Caroline

Achat : 4200 $ Rénovations : 2800 $

Caroline Michaud est une passionnée de première date. Elle a acheté sa Boler 1973 en 2009. Elle l’a vendue depuis, l’a troquée pour une Trillium 1975 – trop lourde –, avant de racheter une autre Boler, un modèle de 1977 qu’elle achève de rénover. « En 2009, je passais pour une marginale dans le monde des véhicules récréatifs. Mais il faut avoir la couenne dure et persévérer dans nos projets farfelus. Et moi, j’aime la perfection, alors je n’ai jamais compté mes heures ! » a-t-elle dit.

Visite guidée

La Trillium 1976 de Juli et Hugo

Achat : 4500 $ Rénovations : 1000 $

Juli Boyer et Hugo Péloquin ont pris leur temps pour mettre leur petite Trillium, achetée au printemps 2015, à leur goût. Ils ont pris la route des vacances cet été, avec leurs enfants Maëlle, 11 ans, et Liko, 10 ans. « Je rêvais d’avoir une caravane depuis ma plus tendre enfance. C’est mon conjoint Hugo qui me l’a offerte pour mes 40 ans. Il est tombé en plein dans ma palette, car on aime bien les trucs rétro, les vieilles affaires », a confié Juli Boyer.

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