FESTIVAL DE LA POÉSIE DE MONTRÉAL

Innue assise

NATASHA KANAPÉ FONTAINE

Âge : 23 ans

Recueils : N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures (2012), Manifeste Assi (2014)

Credo : « La poésie est ma cérémonie. »

Activités principales : Poète, comédienne, slameuse, militante

La terre du peuple (Innu Assi dans cette langue qu’on disait autrefois montagnaise) est immense. S’y investir et se l’approprier représente presque une vocation. Natasha Kanapé Fontaine occupe déjà une place importante parmi ceux et celles qui nomment ce monde aux confins de l’intime et du géant. Rien ne semble lui faire peur dans cette quête identitaire. Sa détermination tranquille se lit dans son regard et dans ses mots qui brûlent.

POÉSIE, POÉSIE ?

« La poésie est une remise en question constante. Elle est une mangeuse d’âme ; elle souhaite tellement soutirer le meilleur de nous tous qu’elle s’immisce en chacun pour provoquer des manifestations intérieures, puis extérieures. La poésie n’est pas qu’écriture ; elle est une vie entière où les dons de soi s’échangent avec d’autres dons de soi. Je ne peux rationaliser la poésie. Il faut l’écouter en silence, dans le creux de son oreille. »

PREMIÈRE FOIS

« Je voulais devenir artiste visuel, mais plein de choses dans ma vie, en peu de temps, m’ont fait bifurquer. Sans m’en rendre compte tout de suite, j’ai toujours été intéressée par la quête identitaire même si je n’arrivais pas à le verbaliser. Des professeurs m’ont encouragée, des auteurs aussi, comme Joséphine Bacon et Naomi Fontaine. Découvrir qu’il existait des écrivains autochtones a changé ma vie. J’ai commencé par le slam, un peu par hasard. J’ai eu la piqûre. Mes premiers textes ressemblaient plus à des poèmes trop longs que je lisais. »

POÉTIQUE

« Je cherche de nouvelles façons de faire, une nouvelle façon de parler et de créer de nouvelles images. Ça fait un moment que je travaille sur ma démarche. J’ai l’impression que je suis à la veille de trouver ce que j’entends dans ma tête. »

POÉTISER

« Écrire de la poésie, pour moi, fait partie d’un processus de guérison, très profondément du côté des émotions. Je travaille avec le spirituel, le physique, l’émotionnel, le mental dans un équilibre. Je trouve l’équilibre dans un certain déséquilibre qui m’engage à écrire. La poésie est mon mode d’expression, car elle l’a bien voulu. Dès le jour où je me suis mise à écrire, elle ne m’a plus quittée. La poésie est semblable à l’exil. L’exil ne quitte personne dès qu’il tombe amoureux de la différence. »

PROJET

« J'ai joint dernièrement une troupe de théâtre innue/québécoise à l'intérieur de laquelle les comédiens et moi travaillons à écrire de nouveaux textes de théâtre autour des préjugés à faire tomber et du dialogue que nous désirons tous entamer entre les Premières Nations et les Québécois. Le but du projet est d'ensuite présenter nos pièces dans des écoles secondaires autochtones et québécoises de partout sur le territoire. Durant ce temps, je voyage où la poésie militante me désire. Pour avoir tout déjà donné à l'intérieur d'un recueil (Manifeste Assi) aussi combatif et revendicateur d'identité, je réfléchis déjà au prochain livre où je laisserai tomber les armes simplement pour me reposer un peu, respirer un peu l'oxygène qui se trouve au peu plus au Nord, surtout chez les Innus. Chez nous. »

PARTI PRIS

« J’écris pour la collectivité, qui me nourrit, mais qui, j’espère, peut y trouver quelque chose pour transcender ses propres émotions. J’entre totalement dans mes émotions et les laisse rebondir par-dessus moi afin de les donner à d’autres personnes. Je verrais la poésie d’une autre manière si ce n’était que de mon héritage culturel, intellectuel et langagier. »

POST-SCRIPTUM

Un vidéopoème de son texte Je me retire écorce est accessible par des affiches en ville et sur videopoeme.com. Natasha Kanapé Fontaine fait partie des poètes participant à la soirée du Festival le 6 juin, 20 h 30, O Patro Vys.

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