Espoir montréalais pour la dystrophie musculaire

Des chercheurs de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) ont élucidé une étape-clé de la formation des muscles. Leur découverte fournit une nouvelle cible pour le traitement des dystrophies musculaires. 

l’importance de la recherche

Jean-François Côté n’étudiait pas la dystrophie musculaire quand il a découvert le rôle du gène Dock-1 dans la formation des muscles. « Mon laboratoire travaillait sur le mécanisme de formation des métastases dans le cancer du sein », explique le biochimiste de l’IRCM, qui est l’auteur principal de l’étude publiée aujourd’hui dans la revue Nature Communications. « Le gène Dock-1 joue un rôle dans ce processus. Nous avons voulu voir quelle était la fonction normale du gène et avons mis au point un modèle de souris où l’activité de ce gène était supprimée (knock-out). Ces souris avaient de graves problèmes de développement des muscles. C’est un exemple parfait de l’importance de la recherche fondamentale. »

Fusion cellulaire

La découverte en 2014 de l’importance du gène Dock-1 a mené à la publication hier d’une étude sur son interaction avec deux autres molécules dans la formation des muscles. « Les muscles se forment par fusion cellulaire », explique Viviane Tran, étudiante au doctorat qui est coauteure de l’étude de Nature Communications. Des problèmes de fusion cellulaire sont-ils la cause de certaines dystrophies ? « Ils y sont associés, c’est certain, dit M. Côté. Mais on ne sait pas si c’est primaire, si c’est la cause de la dystrophie, ou secondaire, créé par une autre anomalie génétique. » La fusion cellulaire est-elle liée à la formation des métastases du cancer ? « Non, dans ce cas, le gène Dock-1 est impliqué dans la capacité des cellules à migrer », dit le biochimiste montréalais.

Essais cliniques japonais

Les deux molécules dont le rôle est décrit aujourd’hui dans Nature Communications pourraient être la cible de médicaments. Les chercheurs de l’IRCM travaillent avec des homologues de deux centres de recherche de Tokyo qui sont en train de mettre sur pied des essais cliniques dans ce sens, à la fois pour traiter la dystrophie musculaire et pour limiter le risque de métastase dans les cas de cancer du sein. Il faudra toutefois vérifier que les médicaments antimétastases ne créent pas de problèmes de formation des muscles, précise M. Côté.

eN CHIFFREs

De 19 à 25 personnes par tranche de 100 000 : prévalence des dystrophies musculaires en Amérique du Nord

14 personnes par tranche de 100 000 : prévalence de la dystrophie monotonique, la plus répandue des dystrophies, au Canada

189 personnes par tranche de 100 000 : prévalence de la dystrophie monotonique au Saguenay–Lac-Saint-Jean

Sources : Neuro-Epidemiology, Dystrophie musculaire Canada

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