Alimentation

Le stress lié à la nourriture augmente à Montréal et à Toronto

Plus de 8 personnes sur 10 évitent d’acheter ou de manger des aliments parce qu’ils les perçoivent comme dangereux pour la santé, selon l’Indice de stress alimentaire lié aux risques de 2014, obtenu en primeur par La Presse. Quelque 80 % des Montréalais et 93 % des Torontois ont dit avoir changé leurs habitudes alimentaires en raison de risques liés à la nourriture.

« Entre 2004 et 2014, on s’aperçoit qu’il y a eu une augmentation significative du nombre d’enjeux qui poussent les gens à consommer ou à ne pas consommer un aliment », indique François Houde, président de l’entreprise de conseil Varium, qui établit cet indice de stress au moyen de sondages téléphoniques. Les enquêtes de 2014 ont été menées au mois d’octobre auprès de 600 adultes des régions métropolitaines de Montréal et de Toronto par la firme Tenor.

PLUSIEURS ENJEUX DÉRANGENT LES CONSOMMATEURS

À Montréal, 3,4 enjeux ont influencé négativement l’achat d’aliments en 2014 (crainte de la grippe aviaire, des OGM, d’une teneur trop élevée en sel, en sucre, etc.) comparativement à seulement 2,8 enjeux 10 ans plus tôt.

Les peurs liées à la fourchette sont encore plus présentes chez les Torontois, ébranlés par 4,16 enjeux cette année.

« L’exposition à l’information sur l’alimentation est plus importante dans les médias anglophones. »

— François Houde

« Sur les grandes chaînes américaines, qui sont écoutées par les Canadiens, il ne se passe pas une semaine sans information sur les risques liés à l’alimentation, affirme M. Houde. Ici, Pierre Bruneau n’en parle pas chaque semaine. »

Autre différence, le rapport à la nourriture n’est pas le même à l’autre bout de l’autoroute 401. « Dans les pays anglophones, l’alimentation a un aspect fonctionnel, avance M. Houde. On se nourrit parce qu’on doit se nourrir. En France et dans les pays d’origine latine, l’alimentation fait partie intégrante de la culture. Les Français se définissent par la bonne bouffe. On est un peu comme ça, ici aussi. »

LES FEMMES PLUS STRESSÉES QUE LES HOMMES

Faits à méditer en poussant son panier d’épicerie : le stress alimentaire est notablement plus élevé chez les répondants de 35 ans et plus, les universitaires, les gens ayant un revenu personnel de plus de 55 000 $, les ménages dont le revenu familial dépasse 75 000 $ et les femmes.

« Les gens veulent mieux manger pour leur santé, c’est vraiment devenu une norme sociale, une règle de comportement, analyse M. Houde. En mangeant mieux, ils désirent accumuler une espèce de capital santé, pour faire fuir les maladies liées à l’obésité et au fait de mal manger. »

ÊTES-VOUS PLUS STRESSÉ QUE LA MOYENNE PAR VOTRE ALIMENTATION ?

Vous est-il déjà arrivé de ne pas acheter ou de ne pas manger : 

1. Du bœuf ou du veau par crainte de la maladie de la vache folle ?

2. Du poulet par crainte de la grippe aviaire ?

3. Du poisson par crainte des pesticides ou des métaux lourds ?

4. Des fruits ou des légumes par crainte des pesticides ?

5. Des produits alimentaires par crainte des gras hydrogénés ou des gras trans ?

6. Des produits alimentaires pour leur teneur en sucre ?

7. Des produits alimentaires pour leur teneur en sel ?

8. Des produits alimentaires pour leur teneur en cholestérol ?

9. De la viande par crainte des antibiotiques ou des hormones ?

10. Des produits alimentaires par crainte des OGM (organismes génétiquement modifiés) ?

En moyenne, les Montréalais ont répondu « Oui » 3,39 fois sur 10 en 2014. Les Torontois ont dit « Oui » 4,16 fois.

— Marie Allard, La Presse

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