Que sont-ils devenus ?  Pascal et Laurie-Ann Laflamme

La vie, c’est maintenant

En avril, un violent séisme de 7,8 a frappé l’Équateur. Des centaines d’Équatoriens ont été tués. Et une famille de Québécois a été durement touchée : Jennifer Mawn, 37 ans, et son fils Arthur Laflamme, 12 ans, ont été tués dans l’effondrement de leur maison, sur la côte pacifique. 

Pascal Laflamme et sa fille Laurie-Ann, eux, ont survécu au drame. Le deuil de Pascal Laflamme et de sa famille a été très public : de retour au Québec, ils ont multiplié les entrevues médiatiques. Pascal souhaitait raconter beaucoup de choses, en se confiant aux médias : sa colère devant la fragilité inconnue de l’immeuble qu’il louait, la grande résilience et la bonté des Équatoriens dans les heures et les jours qui ont suivi le séisme dévastateur. Et raconter sa famille, dire qui étaient Arthur et Jennifer.

Pascal Laflamme n’a pas regretté, « pas une seconde », d’avoir choisi de médiatiser le drame qui a frappé sa famille. On peut s’étonner de voir des gens accepter de parler aux médias après un drame qui a emporté des proches. Vingt années dans le métier m’ont appris que, bien souvent, cette médiatisation fait du bien aux principaux intéressés, aussi bizarre que cela puisse paraître. Ce fut le cas de Pascal Laflamme, en avril, qu’on a vu et entendu partout, y compris à Tout le monde en parle

« Ce fut extrêmement libérateur et positif. Il y a des gens qui m’ont écrit pour me dire que notre histoire les avait poussés à démissionner de leur boulot, à laisser un conjoint, à réaliser un rêve, à partir en voyage. »

— Pascal Laflamme

« Notre malheur a permis à plusieurs personnes de réaliser que personne n’est à l’abri d’un drame et que la vie, c’est maintenant, c’est aujourd’hui. »

Faire le deuil de Jennifer et d’Arthur est une entreprise lente. Laurie-Ann et Pascal sont retournés en Équateur à la fin du mois de juillet, avec leur « incroyable » psychologue, Marie-France Raymond, qui a organisé une cérémonie sur les fondations de l’édifice écroulé qui a emporté Arthur et Jennifer. 

« Pour permettre de marquer une étape dans notre deuil en présence des cendres de Jennifer et d’Arthur. Le symbolisme était grand, ce fut très difficile, mais cette étape était nécessaire pour nous et tous nos amis en Équateur. J’ai pleuré tous les jours pendant les six premiers mois. » 

Pascal a récemment retrouvé dans un ordinateur qu’il croyait détruit dans le tremblement de terre une vidéo de Jennifer, Arthur, Laurie-Ann et lui du temps où ils habitaient la Réunion en famille. « Les données ont pu être récupérées par un laboratoire en Californie. Je regarde ces images, et je ne fais que rire et sourire, c’est tellement positif. »

Dans l’appartement de ses parents, en Montérégie, je me souviens d’un Pascal Laflamme atterré, à vif… mais hyper-lucide. Laurie-Ann aussi. Dans cette cuisine, Pascal était le passager quasi impuissant d’un wagon de montagnes russes d’émotions : tristesse, colère, frustrations géraient sa vie, en ce printemps québécois frisquet. 

Huit mois plus tard, Pascal Laflamme est de retour en Amérique centrale, encore impliqué dans le projet résidentiel Las Olas Ecuador, qu’il habitera éventuellement. Laurie-Ann « va bien, mais elle trouve le temps un peu long en Équateur ». Elle continue de s’occuper des animaux errants de Bahía. Pascal et Laurie-Ann vont sans doute revenir au Québec l’an prochain pour que l’adolescente finisse sa scolarité ici.

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