Une alliance unique contre la mononucléose
Chercheur et entrepreneur sont deux métiers bien différents. C’est pour cette raison qu’Univalor travaille à valoriser les découvertes scientifiques et les innovations technologiques qui voient le jour dans les laboratoires de l’Université de Montréal. La société le fait notamment pour l’élaboration d’un vaccin ciblant le virus Epstein-Barr (EB), responsable de la mononucléose infectieuse et associé à plusieurs cancers. Voici comment ils s’y prennent.
La majorité des adultes sont porteurs du virus EB, mais ils n’ont pas de symptômes. La plupart des infections qui surviennent chez les jeunes enfants passent inaperçues. Toutefois, lorsque les personnes s’infectent pour la première fois à l’adolescence ou à l’âge adulte, on voit apparaître des signes de la mononucléose. Les symptômes sont une fatigue prolongée qui peut forcer ces personnes à cesser leurs activités pendant plusieurs mois et peut même mener jusqu’à la mort. Puis, une fois qu’on a le virus, on ne peut pas s’en débarrasser, alors les symptômes de mononucléose peuvent toujours refaire surface.
« Le virus EB a été découvert en 1964, il affecte des milliers de personnes chaque année en Amérique du Nord et ailleurs, mais il n’y a toujours pas de vaccin sur le marché », indique Carolina Alfieri, chercheuse en virologie au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine qui travaille avec le virus EB depuis 1990.
Elle savait qu’une molécule était particulièrement prometteuse pour concevoir un vaccin contre l’EB et que l’entreprise pharmaceutique GlaxoSmithKline avait même déjà fait des essais dans les années 2000.
« Ils avaient cessé les essais parce que le vaccin développé n’avait pas protégé les jeunes de façon satisfaisante, raconte-t-elle. Nous avons voulu savoir pourquoi. »
Son hypothèse : comme la molécule virale qui confère une protection est très grande et que seulement un fragment joue l’essentiel du rôle dans le développement d’anticorps protecteurs, le vaccin serait beaucoup plus efficace si on utilisait uniquement ce fragment. Encore fallait-il le cibler précisément.
« Nos recherches sur le vaccin, commencées en 2012, nous ont permis de découvrir la séquence protectrice complète », explique la chercheuse.
Les résultats de la chercheuse ont été publiés en 2015, mais heureusement, Univalor était actif dans le dossier depuis le début.
« Univalor nous a guidés pour aller chercher les données nécessaires afin de demander les brevets avant de publier. Comme chercheuse, je ne connais pas tous les règlements liés aux brevets et je ne suis pas formée en commercialisation. »
— Carolina Alfieri, chercheuse en virologie
C’est justement cette expertise qu’apporte Clermont Beaulieu, directeur, développement des affaires, sciences de la vie, chez Univalor.
« Nous avons développé des accès privilégiés avec des gens bien placés dans plusieurs grandes entreprises ou qui connaissent bien les besoins du marché, explique-t-il. Avant de commencer à travailler avec un projet, je fais quelques téléphones confidentiels et je m’assure, par exemple, que des entreprises souhaiteraient signer une entente commerciale pour le produit. »
Par contre, avant qu’une entreprise pharmaceutique veuille aller de l’avant avec un nouveau vaccin, il faut se rendre à un certain niveau de test.
« Nous devons au moins terminer nos tests chez l’animal qui, jusqu’à maintenant, sont concluants », affirme la chercheuse.
C’est la période la plus difficile dans la création d’un nouveau vaccin.
« C’est dispendieux, les organismes subventionnaires ne donnent pas d’argent pour ce volet de la recherche et il faut le réaliser pour intéresser une entreprise, affirme M. Beaulieu. Obtenir des fonds de maturation d’un projet est un grand défi et c’est ce qui explique pourquoi on avance souvent lentement. »
« L’impact de ce vaccin serait important, affirme Carolina Alfieri. En plus de la mononucléose, nous avons espoir qu’il protégerait contre les cancers associés au virus, particulièrement chez des gens qui ont un système immunitaire affaibli. On parle de 200 000 cas de cancers dans le monde et je crois que c’est un chiffre conservateur. Nous voulons agir sur leur prévention. »