Benny et les Jets

Le défenseur Ben Chiarot joue un rôle de premier plan avec le CH, après cinq saisons à faire sa place chez les Jets. Il affrontera ce lundi soir ses anciens coéquipiers à Winnipeg.

« Une vraie histoire de progression »

WINNIPEG — Josh Morrissey était un blanc-bec de 19 ans, sans aucune expérience chez les pros, qui débarquait dans ce drôle d’univers qu’est Terre-Neuve après avoir vécu toute sa vie dans l’Ouest canadien. Ce printemps-là allait durer longtemps, puisque les IceCaps de St. John’s ont atteint la finale de la Ligue américaine.

Qui s’est chargé d’accueillir le jeune Morrissey, de le faire sentir à l’aise ? Un gars pas tellement plus vieux du nom de Ben Chiarot.

« Notre saison dans le junior avait pris fin tôt, donc j’ai été rappelé pour jouer dans la Ligue américaine. Je vivais beaucoup de changements, et Benny m’a pris sous son aile, il s’est occupé de moi, il m’amenait souper, a raconté Morrissey, aujourd’hui le pilier de la défense des Jets, rencontré à leur centre d’entraînement dimanche midi. Il en a tellement fait pour moi. On a ensuite joué ensemble dans la LNH, donc on est devenus de plus en plus proches. C’est un gars formidable. »

C’est ce gars-là, grandement apprécié pendant ses cinq saisons à Winnipeg, qui reviendra devant ses anciens partisans et coéquipiers, ce lundi soir, à l’occasion du duel entre les Jets et le Canadien au Centre MTS.

Morrissey n’est pas le seul à être élogieux envers celui que tous appellent affectueusement « Benny ». Prenez son ancien coéquipier Grant Clitsome, aujourd’hui à la retraite.

« C’était un gars avec une bonne présence, un grand gars fort, toujours de bonne humeur. J’aimais vraiment son style de jeu. Je suis content pour lui. »

— Le Franco-Ontarien Grant Clitsome, en entrevue téléphonique

Pascal Vincent en a aussi gardé un bon souvenir. Aujourd’hui entraîneur-chef du club-école des Jets, Vincent était adjoint à Winnipeg quand Chiarot a fait ses premiers pas dans la LNH. Le Québécois s’occupait des attaquants et de l’avantage numérique, mais avait tout de même affaire à Chiarot. « Comme on le laissait de côté à l’occasion, je patinais avec lui, parce que c’était moi qui restais avec ces joueurs-là ! », a-t-il rappelé.

« J’ai toujours eu une bonne relation avec Benny. Il a vécu des expériences. Il a été dans la Ligue américaine, il a joué dans la ECHL, il est revenu dans la Ligue américaine, ensuite avec les Jets, a raconté Vincent, rencontré après le match du Moose du Manitoba, dimanche. On voyait le potentiel, mais on ne savait pas à quel point il était bon. Je suis content pour lui, car c’est une bonne personne. »

Une « bonne personne », un « gars formidable »… Mais qui n’a visiblement pas l’intention d’être aussi bon envers ses anciens complices lundi soir ! « Ça va être spécial, a admis Chiarot après le match de samedi à Edmonton. J’ai connu mes années formatrices avec cette équipe, j’y ai appris beaucoup. Les Jets ont beaucoup de profondeur et ils ont aussi plusieurs bons attaquants de talent. Mais j’ai hâte de frapper ces gars-là comme je le faisais à l’entraînement ! »

De 15 à 23 minutes

C’est un peu un réflexe humain. Un joueur connaît une année sensationnelle, ou relance sa carrière, et on cherche quel a été le déclic, le tournant. Car il y a souvent de bonnes histoires humaines derrière tout ça, des histoires qui peuvent inspirer le commun des mortels. Chez le Canadien, Nate Thompson en est l’illustration parfaite. Le vétéran a vaincu ses problèmes de consommation, et voilà qu’il rend de fiers services au CH, à 35 ans, dans une ligue où on offre pratiquement du jus de pruneau aux joueurs dans la trentaine.

Mais parfois, il n’y a tout simplement pas de scénario de Hollywood. Chiarot a passé l’essentiel de sa carrière à jouer 15 minutes par match. La saison dernière, sa dernière à Winnipeg, ce chiffre est passé à 18 minutes. Mais cette année, sa moyenne s’élève à 23 min 38 s. Depuis que Victor Mete s’est blessé, le 30 novembre, il a joué plus de 25 minutes à tous les matchs, sauf un. Tout ça pour un contrat fort raisonnable de 10,5 millions de dollars pour 3 ans, qu’il a signé à titre de joueur autonome.

L’explication ? La profondeur des Jets (et le manque de profondeur du Canadien) y est pour quelque chose. 

Car certains soirs, les limites de Chiarot ressortent un peu plus. Mais il a certainement fait son bout de chemin dans tout ça.

« On avait Tyler Myers et Dmitry Kulikov comme cinquième et sixième défenseurs, donc ça limitait les minutes de tout le monde, a souligné l’entraîneur-chef des Jets, Paul Maurice. […] L’an dernier, il occupait le même genre de rôle que cette saison à Montréal, mais la profondeur de notre groupe de défenseurs nous forçait à diviser un peu plus le temps d’utilisation.

« C’est une vraie histoire de progression d’un défenseur de la LNH, a poursuivi Maurice. Il est arrivé avec nous, il a fini par gagner le droit de ne plus sortir de la formation. Il a vite trouvé une cohésion avec [Dustin] Byfuglien et a joué un rôle très important. Mais avec tous nos attaquants qui marquent tellement de buts, on savait que ça serait difficile de le garder. Et maintenant, il est dans un rôle de meneur, donc il arrive dans la phase finale où il joue beaucoup de minutes contre les meilleurs trios adverses. »

De Byfuglien à Weber

Maurice l’évoquait, c’est dans le rôle de partenaire de Byfuglien que Chiarot a passé ses dernières campagnes au Manitoba. On raconte par ici que c’est essentiellement à la demande de Byfuglien que le duo a fini par durer.

« On avait Josh Morrissey et Jacob Trouba qui affrontaient les meilleurs trios adverses, parce que Byfuglien aime bien monter à l’autre bout de la patinoire, rappelle Maurice. Alors [Chiarot] jouait avec Buff. Tu ne peux pas donner les clés de l’auto à tes enfants quand ils ont 14 ans. Ils doivent le mériter. Et il l’a mérité. »

« Je jouais souvent avec Buff, et quand je me suis blessé, c’est lui qui a pris ce rôle, raconte Clitsome. Buff est un joueur dominant. Jouer avec lui… Il contrôle le jeu. Il faut toujours savoir où il est, parce qu’il peut partir n’importe quand ! C’est pour ça que ça fonctionnait, parce que Benny voyait bien le jeu. »

Coïncidence ou pas, Shea Weber est en voie de connaître la meilleure saison offensive de sa carrière, et il a engrangé une bonne partie de ses 29 points avec Chiarot comme partenaire. Il sera intéressant de voir si ce partenariat sera aussi durable – et fructueux – que celui avec Byfuglien.

Revoici Laine

C’est le jour et la nuit pour Patrik Laine cette saison par rapport à l’an dernier.

Le joueur repêché au deuxième rang en 2016, souvent comparé à Alexander Ovechkin, a connu une inquiétante baisse de régime en 2018-2019, avec seulement 50 points – dont 19 dans le seul mois de novembre – et un différentiel de - 24. 

Cette saison, il compte 34 points en 34 sorties et son différentiel se lit à + 7. « Il est arrivé dans la ligue à 18 ans », a rappelé Paul Maurice. 

« Il devait développer le reste de son jeu à un moment où il n’était pas prêt à occuper un aussi gros rôle. » 

L’entraîneur-chef des Jets a aussi tenu des propos fort éclairants sur la façon de gérer les jeunes talents qui débarquent dans la LNH.

— Guillaume Lefrançois, La Presse

Lisez l’article complet https://www.lapresse.ca/sports/hockey/201912/22/01-5254722-patrik-laine-comme-un-nouveau-joueur-dans-lalignement-des-jets.php

Perreault pas remis

Victime d’une dangereuse mise en échec de Joel Farabee, Mathieu Perreault n’était pas de l’entraînement de dimanche et ratera donc le rendez-vous de lundi contre le Canadien. « On espérait qu’il revienne pour le match contre le Canadien, mais ça n’arrivera pas. Il a de bonnes journées, donc on espère un retour bientôt », a indiqué Maurice. Farabee a été suspendu trois matchs pour son geste, commis le 15 décembre. Perreault ratera une troisième rencontre depuis l’incident. — Guillaume Lefrançois, La Presse

Voyez le geste de Farabee https://www.youtube.com/watch?v=2fvt2SsoMpQ

Le CH en congé

Les Jets ont tenu un entraînement relativement complet dimanche. Seuls Mark Scheifele, Blake Wheeler, Luca Sbisa et Gabriel Bourque manquaient à l’appel, car ils avaient droit à une journée de traitement. De leur côté, les joueurs du Canadien bénéficiaient d’un congé d’entraînement.

— Guillaume Lefrançois, La Presse

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