Chronique

Ils lancent et comptent (leurs sous)

Nul besoin d’être un maniaque de hockey pour sauter sur la patinoire avec les joueurs de la série chorale Demain des hommes, dont les dix épisodes d’une heure s’empileront ce matin dans l’Extra de Tou.tv.

Notre sport national y sert de prétexte pour parler de la réalité d’une ville industrielle fictive (Montferrand), de la lutte des classes sociales, de l’influence des médias régionaux et des choix cruciaux qui pendent au bout du nez d’une bande de jeunes adultes, hockeyeurs ou pas, rendus à un carrefour déterminant de leurs vies.

Cette nouveauté est très bien construite. Pensez plus au film Youngblood ou au documentaire Junior sur le Drakkar de Baie-Comeau qu’à Lance et compte ou Les Boys. L’approche du réalisateur Yves Christian Fournier et du scénariste Guillaume Vigneault, tous deux derrière le film Tout est parfait, s’apparente quasiment à du cinéma-vérité.

Demain des hommes renferme un cortège impressionnant de personnages complexes, qui gravitent autour des Draveurs, une formation de niveau junior majeur au centre de toutes les discussions à Montferrand.

Le bouillant entraîneur-chef (Normand D’Amour) a été formé à la vieille école de Pat Burns, ou de Jacques Mercier du National. Il aboie, tire des objets et arrose ses ouailles d’insultes. Son adjoint (Émile Proulx-Cloutier), plus cérébral, préfère une méthode d’entraînement plus moderne et douce. Pensez ici à Joé Juneau. L’opposition entre ces deux hommes dissemblables débouche sur des scènes formidables.

La vedette locale des Draveurs s’appelle Maxime Richer (Pier-Gabriel Lajoie). À 17 ans, il a de grosses chances de traverser dans la Ligue nationale, ce que désirent plus ses parents que lui, finalement. Maxime est tiraillé entre le hockey et une carrière de musicien.

Garagiste à temps partiel, Jean-Sébastien Labelle (Antoine Pilon), 20 ans, est le seul joueur des Draveurs à être papa. Lui et Noémie (Juliette Gosselin), 19 ans, joignent difficilement les deux bouts.

Les Draveurs alignent aussi un efficace employé de fonderie (Samuel Gauthier), un bum sympathique de Halifax (Alexandre Bourgeois), un gardien de but russe à la fois riche et mystérieux (Trevor Momesso, le fils de Sergio) ainsi que la star arrogante Zach Walker (Joey Scarpellino), un espoir recruté par les Blues de St. Louis.

La collision de ces jeunes provenant de milieux différents permet notamment à la série de parler de pauvreté sans sombrer dans le misérabilisme.

Alexis Martin campe l’oncle de l’un des attaquants des Draveurs, qui vit de prestations de la CNESST et qui carbure aux théories du complot. Dans cette maison semi-délabrée, on mange du baloney tartiné de moutarde baseball.

Marianne Fortier incarne la gérante de la cantine de l’aréna, qui étudie en soins infirmiers, en parallèle, et qui tire le diable par la queue. Sa maman (Pascale Desrochers) est une joueuse compulsive qui flambe son argent dans les vidéopokers. La fille devient donc la mère de sa mère.

En plus des enjeux liés au sport, Demain des hommes aborde la monoparentalité, le désir d’émancipation et l’ennui des jeunes en région. Nous sommes à Montferrand, mais nous aurions pu être à Sorel ou à Saguenay.

Les scènes sur la glace sont bien chorégraphiées, et personne n’y patine sur la bottine. La jolie trame sonore regorge de chansons country-folk de Tire le coyote. Et plusieurs touches humoristiques ponctuent le scénario.

Ne vous attendez cependant pas à des revirements à la fin de chacun des épisodes. Il y a beaucoup de gens à présenter dans Demain des hommes et la série ne se déploie pas à toute vitesse.

Le vrai animateur Jean-Charles Lajoie du 91,9 interprète un influent animateur de radio de Montferrand, qui sert aussi de narrateur à la série. Au fil des épisodes, vous découvrirez aussi la médecin des Draveurs (Catherine De Léan), le propriétaire de l’équipe (Roger Léger) ainsi que sa fille enjôleuse (Sophie Nélisse).

J’ai vu hier les trois premières heures de Demain des hommes et c’est le type de série atmosphérique parfaite pour la consommation en rafale.

Réconciliation post-Virginie

La nouvelle devrait se confirmer aujourd’hui : la comédienne Chantal Fontaine fera partie de la distribution de la quotidienne CLASH, produite par la compagnie Aetios de Fabienne Larouche et Michel Trudeau.

Chantal Fontaine a joué pendant 12 ans l’institutrice Virginie dans le feuilleton radio-canadien du même nom. La relation professionnelle entre l’actrice et sa productrice ne s’était pas terminée dans la joie et l’allégresse, mettons.

Le temps arrange toujours les choses, dit-on. Vrak et Super Écran relaieront la série CLASH à l’automne, qui tournera autour de quatre jeunes adultes fréquentant un centre de réhabilitation. Ludivine Reding (Fugueuse) y tiendra un des rôles principaux.

Aetios manufacture également District 31, et les artisans de la quotidienne policière ont appris qu’ils pourront concourir à la prochaine cérémonie des prix Gémeaux. Comment ?

Depuis 2015, les séries de fiction se divisent en trois catégories : saisonnières (de 2 à 13 épisodes), annuelles (de 14 à 26 épisodes) et quotidiennes (27 épisodes et plus). Quand une émission se retrouve seule dans sa catégorie, cette dernière disparaît. C’est logique, car elle raflerait tout, sans aucune compétition.

En vertu d’un nouveau règlement de l’Académie qui orchestre les Gémeaux, quand une émission est seule dans son créneau, au lieu d’être écartée de la course, elle peut désormais s’inscrire dans la catégorie qui lui ressemble le plus.

District 31 se frottera donc, en septembre, aux séries annuelles comme Unité 9, O’, Au secours de Béatrice, L’heure bleue et Mémoires vives, entre autres.

La catégorie des quotidiennes n’est toutefois pas rayée des Gémeaux. En 2019, il y aura deux quotidiennes en ondes, soit CLASH et District 31, et elles se battront l’une contre l’autre, et non contre les productions annuelles. Vous suivez toujours ?

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