Finale pancanadienne

La relève scientifique s’expose à Montréal

Pour la première fois depuis 52 ans, l’Expo-sciences pancanadienne a lieu à Montréal, jusqu’à demain, au complexe sportif de l’Université McGill. Pour l’occasion, La Presse brosse le portrait de trois Québécois qui s’y sont illustrés depuis 20 ans et qui poursuivent avec succès leur carrière scientifique.

STÉPHANIE BRISSON

Quand elle a décidé de participer à une Expo-sciences, en 2007, à sa polyvalente de Québec, Stéphanie Brisson a été une pionnière. L’année suivante, elle a réussi à convaincre d’autres élèves d’y participer, et elle s’est rendue en finale pancanadienne avec un projet de vulgarisation de la formation de l’Univers. « Après le cégep, j’ai appliqué dans quelques universités, dont le MIT et McGill », explique Mme Brisson, qui fait depuis ce printemps partie de l’équipe de Tech Open Air, un festival technologique de Berlin, après quelques années au sein de l’incubateur d’entreprises La Gare, dans le Mile End. « J’ai choisi de rester au Canada avec des bourses et j’ai fait ma première année d’université de Honours Physics. Après ma première année, j’ai changé pour la faculté de gestion. J’ai gradué avec une majeure en maths, une concentration en marketing et une mineure en physique. Après l’université, j’ai commencé à m’intéresser aux start-ups et à organiser des événements pour cette communauté. J’ai cofondé une boîte de gestion de projets, Credo, et j’ai été panéliste plusieurs fois pour des conférences sur le coworking et l’entrepreneuriat. »

Années de participation : 2007, 2008

DAVID DROUIN

Quand il était enfant, David Drouin avait l’habitude de démonter ses jouets pour comprendre comment les assembler. En troisième secondaire, au Mont-Saint-Sacrement à Québec, il a participé à l’Expo-sciences et a été frappé par les résultats des projets des participants plus âgés. « J’ai décidé de monter mon propre projet, l’évaluation du potentiel antimicrobien de plusieurs huiles essentielles, qui m’a permis de faire de la recherche jusqu’à l’université », explique M. Drouin, qui étudie actuellement en médecine tout en faisant des cours préparatoires de commerce, parce qu’il projette de faire un MBA par la suite. « Arrivé au cégep, j’ai participé à un congrès universitaire à l’Université Laval et j’ai montré mes résultats à des chercheurs. Comme j’avais une bonne méthodologie, j’ai été l’un des rares du cégep à pouvoir faire de la recherche dans un laboratoire universitaire. »

Années de participation : 2011, 2013

ALEXIS LUSSIER DESBIENS

Les deux parents d’Alexis Lussier Desbiens sont ingénieurs forestiers, et sa mère lui a transmis tôt la piqûre des Petits Débrouillards. En première secondaire, il a naturellement participé à l’Expo-sciences de sa polyvalente de Plessisville, avec un projet d’amélioration des engrais par l’analyse de l’effet de l’azote et du phosphore sur les plantes. « Je me suis rendu au provincial et j’ai vu d’autres projets, dont un bras robotique, qui m’ont beaucoup impressionné », explique le professeur de génie mécanique de l’Université de Sherbrooke. « J’ai décidé de me lancer dans la robotique et, en troisième secondaire, pour un projet de rover qui m’avait demandé 1000 heures de travail, j’ai eu des prix totalisant 10 000 $. Dans ma tête, je me suis dit que je pourrais travailler sur des projets d’Expo-sciences plutôt que de travailler dans un dépanneur et qu’en plus, ce serait bon pour mon CV. » Après un baccalauréat à Sherbrooke, il a fait sa maîtrise et son doctorat à la prestigieuse Université Stanford sur les robots marcheurs et les drones aériens, puis une année de postdoctorat à Harvard.

Années de participation : 1996, 1997, 1998, 1999 et 2000

POURQUOI PAS MONTRÉAL ?

Pourquoi Montréal a-t-il attendu 52 ans pour voir revenir l’Expo-sciences pancanadienne ? Après tout, Toronto l’a accueillie quatre fois et d’autres villes ontariennes, 18 fois (la finale a eu lieu quatre fois ailleurs au Québec). Tout simplement parce que les organismes québécois qui s’occupent des Expo-sciences visent la participation des élèves plutôt que d’organiser la finale canadienne, explique Agostino Porchetta, président de l’alliance pour l’enseignement de la science et de la technologie (AEST). Et pourquoi les Québécois ne constituent-ils que 10 % des participants, année après année ? « Le système favorise les petites villes, pour avoir la participation de tout le Canada », dit Brad McCabe, directeur général de Sciences jeunesse Canada. « Par exemple, cette année, il y a quatre participants de Fort McMurray, en Alberta. » Le Québécois Francis Boulva, a toutefois a longtemps été le seul Canadien à avoir remporté la finale nord-américaine (en 2001), INTEL ISEF, où deux jeunes de Vancouver ont remporté les premiers prix l’an dernier. M. Boulva est mort d’une maladie foudroyante en 2010 durant ses études de médecine.

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