À l’étude

Plus de commotions que prévu

Le nombre d’enfants et d’adolescents qui subissent des commotions cérébrales est de deux à quatre fois plus élevé que prévu, selon une nouvelle étude américaine. Beaucoup de parents les emmènent dans une clinique plutôt qu’aux urgences, ce qui complique la compilation des statistiques.

Le contexte

En partie à cause des articles sur les problèmes cognitifs d’anciens joueurs de football, les commotions cérébrales font les manchettes ces dernières années. Les spécialistes à la recherche de facteurs de risque se heurtent toutefois à un manque de données : les enquêtes nationales se limitent souvent aux commotions ayant mené à une hospitalisation. « On voit par exemple que le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, le TDAH, est souvent plus fréquent chez les enfants ayant eu une commotion », explique Juliet Haarbauer-Krupa, épidémiologiste aux Centres de contrôle des maladies (CDC) des États-Unis, qui est l’auteure principale de l’étude publiée fin septembre dans la revue JAMA Pediatrics. « Mais on ne sait pas si c’est une conséquence ou un facteur de risque ni si c’est plus souvent lié aux commotions sévères. »

La genèse

L’épidémiologiste d’Atlanta a publié en 2016 une étude sur les commotions à Philadelphie qui avait conclu qu’après une commotion, la moitié des enfants de moins de 5 ans, et les trois quarts des plus vieux, voyaient un médecin ailleurs qu’aux urgences. « Ça voulait dire que les statistiques nationales sous-estimaient beaucoup le problème, dit Mme Haarbauer-Krupa. Il fallait élargir la détection. »

Ce que révèle l’étude

L’analyse des données d’un sondage national du gouvernement fédéral montre que 2,5 % des enfants américains, soit 1,8 million d’enfants, voient un médecin chaque année pour une commotion. « Et on ne parle même pas des enfants qui ont une commotion qui n’est pas détectée ou que les parents n’emmènent pas voir un médecin », explique la chercheuse des CDC. Transposé au Québec, cela signifierait que près de 50 000 enfants ont chaque année une commotion. Il n’y a pas de données québécoises sur les commotions chez les enfants, mais les données de Concussions Ontario montrent que le taux de commotion est semblable à celui de l’étude du JAMA Pediatrics pour les moins de 5 ans, mais de deux à dix fois moins élevé pour les enfants plus vieux et les adolescents. Cette différence correspond à la forte proportion des enfants plus vieux qui ne vont pas aux urgences mais plutôt dans une clinique après une commotion, suggère la chercheuse d’Atlanta.

Et maintenant ?

Le prochain défi sera de détecter les commotions n’ayant pas mené à une visite chez le médecin. « Quand les gens sont mal assurés, ils ont moins tendance à voir un médecin quand leur enfant a une commotion légère », dit Mme Haarbauer-Krupa, qui estime que cette situation pourrait être comparée à la difficulté de voir un médecin rapidement, comme au Québec. « Ensuite, nous devons mieux analyser les facteurs de risque. » Une étude publiée le mois dernier dans la revue Neurology Clinical Practice montrait que chez les adolescents athlètes, un diagnostic de TDAH doublait le risque de commotion. L’autre priorité pour Mme Haarbauer-Krupa est de mieux arrimer le suivi des commotions entre le cabinet du médecin et l’école.

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