Chronique

Trop, des sœurs tout sauf grises !

Rien n’est trop dans la nouvelle comédie Trop de Radio-Canada. En fait, tout est bien dosé : l’humour, la tendresse et le drame. Les épisodes émeuvent, font rigoler et touchent droit au cœur. Tout ça, en moins de 30 minutes.

Vraiment, cette série tricotée finement autour de la relation entre deux sœurs dissemblables fait du bien à regarder. L’écriture de l’auteure Marie-Andrée Labbé, qui signe sa première œuvre en solo, est remplie de sensibilité, ce qui tranche avec le cynisme et la rugosité teintant la majorité des téléséries en vogue.

Les 13 épisodes déboulent aujourd’hui dans la section Véro.tv de l’Extra de Tou.tv. Sachez que Radio-Canada a promis hier que Trop hériterait aussi d’une case horaire à la télé traditionnelle, probablement à l’automne.

Trop fait référence à la personnalité des deux héroïnes. La première, Isabelle (excellente Évelyne Brochu), est trop gentille, trop carriériste et trop à l’écoute des besoins des autres au détriment des siens. Une vraie bonne pâte.

La deuxième, Anaïs (très bonne Virginie Fortin), la petite sœur de la première, est trop intense ou trop déprimée. C’est qu’elle souffre d’un trouble bipolaire pas encore diagnostiqué officiellement. Ce qui ne tardera pas, après une psychose et une phase maniaque aiguë.

Mais ne sautons pas d’étapes. Au premier épisode, la volcanique Anaïs quitte le Saguenay pour déposer ses boîtes chez Isabelle, une nouvelle célibataire qui habite un joli appartement du Mile-Ex.

Les deux sœurs s’aiment, évidemment, mais vivent dans deux fuseaux horaires complètement différents.

Au contact de sa petite sœur incandescente et impulsive, Isabelle apprendra à se décoincer, à circonscrire ce qu’elle veut vraiment dans la vie. À l’opposé, la droiture et le sens de l’organisation d’Isabelle déteindront inévitablement sur Anaïs l’éparpillée, non pas sans quelques conflits et écrasages d’orteils.

Elle est formidable, cette Anaïs. Très « yolo ». Elle déborde d’idées, manie la réplique qui tue et est dotée d’un charisme magnétique. C’est un personnage catalyseur qui forcera tous les autres à se repositionner au fil des émissions.

Autour des sœurs gravitent un cinéaste tombeur (Pierre-Yves Cardinal), l’ex d’Isabelle (Éric Bruneau), ainsi qu’un couple (Alice Pascual et Mehdi Bousaidan) en remise en question. Anne-Marie Cadieux incarne la patronne cassante d’Isabelle à l’espace culturel multidisciplinaire où elles bossent. Louise Portal joue avec beaucoup d’affection la mère d’Isa et d’Anaïs.

Les yeux de lynx remarqueront que le lieu de travail d’Isabelle dans Trop est également le loft de Gloria O’Hara dans O’ et l’appartement de la fille de la psychiatre assassinée dans Victor Lessard. Une maison magnifique.

Trop dépeint la même génération de trentenaires que Les Simone, mais avec plus de douceur et d’empathie. Si vous aimez la télé dite feel good, ou « pur bonheur », selon la traduction officielle, Trop vous ravira. Bonus : c’est Alex Nevsky qui a composé la chanson thème pétillante.

Trop est une des rares séries écrite, produite, portée et réalisée par des femmes (Louise Archambault et Chloé Robichaud). Ce n’est sans doute pas un hasard si elle atterrit d’abord sur Véro.tv, qui attire un public plus féminin et plus jeune.

Selon la SRC, 25 % de l’écoute du dernier mois sur la plateforme Extra a été générée par Véro.tv. L’émission que le public préfère sur la chaîne commissionnée par la blonde animatrice ? La téléréalité Les Morissette et moi. Et de loin.

La psy dans la cave

Nostradumas avait bien vu et il est pas mal fier de son coup. C’est bel et bien dans le sous-sol de Claire Hamelin (Marie-Thérèse Fortin) que la psychiatre Judith Laramée (Marianne Farley) a été enfermée par le vilain Jérémie Gendron (Pier-Luc Funk). L’épisode de mardi de Mémoires vives, le dernier de la saison, a confirmé cette théorie tordue.

Pendant le voyage en Afrique de Claire, Jérémie a amplement eu le temps d’aménager un bunker insonorisé dans la cave de la chic maison de sa grand-mère, dont il possède la clé. C’est un peu tiré par les cheveux, mais ça se tient dans cet univers biscornu.

Autre sujet de débat pour les prochains mois : l’avocat Ludovic (Laurent Lucas), c’est un bon ou un méchant, selon vous ? Personnellement, je le range dans la filière des crapules peu fréquentables.

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