Caufield veut jouer à Montréal dès avril

MADISON — Nick Suzuki, Ryan Poehling et Cale Fleury ont fait tourner les têtes au camp d’entraînement du Canadien. S’il n’en tient qu’à lui, Cole Caufield va lui aussi prouver qu’il a sa place dans la Ligue nationale.

Caufield, c’est ce petit attaquant de 5 pi 7 po, marqueur talentueux au possible, que le Tricolore a repêché au premier tour, 15e au total, en juin. C’est un jeune homme débordant de confiance que La Presse a rencontré la semaine dernière, à l’Université du Wisconsin. Un endroit qu’il aime bien, mais où il ne s’éternisera pas si tout se passe comme prévu.

« Mon but, c’est de me joindre au Canadien à la fin de la saison si l’équipe se qualifie pour les séries éliminatoires. »

— Cole Caufield

On peut comprendre Caufield de voir grand. Il s’amène à l’université après avoir pulvérisé des records au sein du programme de développement de l’équipe nationale américaine, la saison dernière. Auston Matthews détenait le record de 55 buts en une saison ; Caufield en a marqué 72. Phil Kessel avait établi la marque à vie de 104 buts ; Caufield en a enfilé 126. Au Championnat du monde des moins de 18 ans, l’Américain s’est permis 14 buts en 7 matchs.

Et en le regardant travailler à l’entraînement, en tant que tireur du côté gauche en avantage numérique, en remarquant ses coéquipiers qui le visaient constamment, on se dit qu’il aura toutes les occasions d’empiler les buts cette saison.

« Ça dépendra de mes performances. J’aimerais atteindre certains objectifs, nuance-t-il. J’ai beaucoup de choses à accomplir pour y parvenir. Je veux gagner un championnat national ici. C’est ce qui importe pour le moment, et de profiter de mon passage ici. »

Le cas Makar

Si Caufield rêve à un printemps à Montréal, c’est qu’il y a eu des précédents.

Chez le Canadien, on se souviendra longtemps de Ryan Poehling, qui s’est joint à l’équipe à la fin de la dernière saison, à temps pour le dernier match. Résultat : un tour du chapeau ! Quinn Hughes, Charlie McAvoy et Torey Krug sont d’autres récents exemples. Et il y en a eu d’autres.

« J’ai vu ce que Cale Makar a fait l’an dernier au Colorado. C’était sa deuxième année à l’université, j’en suis conscient, mais il a eu un effet immédiat en arrivant. C’est quelque chose que j’aimerais faire. Mais je dois démontrer que j’ai ma place, même si je suis un choix de premier tour. »

— Cole Caufield

Makar avait en effet laissé toute une impression avec l’Avalanche, récoltant 1 but et 5 aides en 10 matchs. Le défenseur avait cependant 20 ans, tandis que Caufield fêtera son 19e anniversaire de naissance en janvier prochain.

Et Hughes

Il n’a pas voulu le dire ouvertement, mais on devine aussi que Caufield s’imagine rapidement à Montréal parce qu’il voit son centre de la dernière saison, Jack Hughes, faire le saut dès cet automne chez les Devils du New Jersey.

Hughes, rappelons-le, a été le tout premier choix du dernier repêchage. Les sceptiques disent que Caufield a bénéficié des passes de Hughes pour gonfler sa production ; Caufield répond que Hughes n’aurait pas amassé autant de points sans un marqueur d’élite à ses côtés.

Cela dit, Hughes n’a pas été repêché au 1er rang par hasard ; des huit membres du programme américain réclamés au 1er tour en juin, il est le seul qui commencera la saison dans la LNH. Les autres ont besoin de rodage.

Caufield passera donc par cette étape cette saison en compagnie d’Alex Turcotte, issu du même programme, et repêché au 5e rang par les Kings de Los Angeles.

« Chacun a son chemin. Jack est un joueur incroyable et il mérite d’être dans la LNH, fait valoir Caufield. Même Alex, je crois qu’il aurait eu sa place à Los Angeles. On va passer l’année ensemble ici, on va se pousser l’un l’autre parce qu’on a le même objectif : passer une seule saison ici. Mais pour ce faire, on doit produire et rendre l’équipe meilleure. »

Granato met la pédale douce

L’entrevue avec Caufield était rafraîchissante. Le jeune homme s’est livré en toute authenticité, sans filtre.

Il est en effet peu commun d’entendre un joueur universitaire détailler ses objectifs comme l’a fait Caufield. Chez le Canadien, ces dernières années, Poehling et Jake Evans demeuraient toujours évasifs lorsqu’on leur demandait combien d’années ils pensaient passer à l’école. Prudence justement affichée par Turcotte.

« Je veux m’améliorer tous les jours. C’est cliché, je le sais ! », a répondu l’attaquant.

Caufield a beau voir grand, la réalité pourrait le rattraper. La marche est haute entre la NCAA et la LNH, a rappelé l’entraîneur-chef des Badgers, Tony Granato.

« Il doit se préparer pour le marathon de 82 matchs, en plus d’une vingtaine de matchs en séries si ton équipe est bonne. Ça, c’est complètement différent, explique Granato. Cole a un talent incroyable. Ses talents de marqueur sont incomparables. C’est spécial. Mais quand viendra le temps d’enfiler un chandail de la LNH, on veut qu’il soit prêt.

« Quand il le sera, on va le sacrer à la porte et on va lui donner une tape dans le dos ! Je ne serai pas égoïste afin de le garder ici une année de plus. S’il est prêt, je veux le voir à la télévision. Mais je ne veux pas qu’il fasse la navette dans la Ligue américaine ou qu’il joue sur un quatrième trio. Je veux le voir marquer des buts, jouer en avantage numérique, avec de bons joueurs. Si ça survient en avril, ainsi soit-il. »

Avant d’en arriver là, Caufield devra prouver qu’il peut dominer aux niveaux inférieurs. Il aura l’occasion de le faire au Wisconsin et, à moins d’une catastrophe, au Mondial junior en décembre. Les prochains mois s’annoncent intéressants.

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