Sirop d’érable

Un pas pour mettre fin à la guerre du sirop d’érable

Critiquée pour le contrôle qu’elle exerce sur les ventes de sirop d’érable, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec propose des mesures pour en hausser les ventes et mettre fin aux chicanes à la cabane.

Dans un mémoire soumis dans le cadre de l’étude commandée par le gouvernement et obtenue par La Presse, la Fédération propose que les sirops d’érable qui se distinguent aient droit à une appellation d’origine contrôlée et à des pastilles de goût, comme celles de vins de la SAQ.

Ces produits certifiés seraient vendus dans les épiceries fines, avec l’aide de la Fédération, dans un projet-pilote destiné à valoriser la production.

La Fédération reconnaît ainsi que tous les sirops d’érable ne sont pas identiques et que certains producteurs peuvent être frustrés que leur produit élaboré avec beaucoup de soin soit vendu au même prix et finisse dans le même entrepôt qu’un sirop de moindre qualité.

L’existence de l’entrepôt lui-même, et des frais qui sont prélevés auprès des producteurs pour en assurer le fonctionnement ne sont pas remis en question par le syndicat des producteurs.

La Réserve stratégique mondiale, comme on l’appelle, joue un rôle crucial dans le maintien des prix et d’une offre constante, selon le syndicat, ce qui est important pour percer sur les marchés d’exportation.

Ce rôle de stabilisation est appelé à prendre de l’importance avec les changements climatiques, lit-on dans le document, qui assure aussi que la position du Québec comme premier producteur nord-américain n’est pas menacée, malgré l’augmentation de la production américaine.

Production nord-américaine

160 millions de livres

Production du Québec

115 millions de livres

85 % est exportée en vrac ou entreposée pour ventes futures

10 % est vendue directement par le producteur aux consommateurs

5 % est vendue au restaurants, épiceries et dépanneurs

UN CONTRÔLE CONTESTÉ

La Fédération prélève 12 cents par livre de sirop produit pour financer ses activités de recherche-développement et de commercialisation. Les producteurs qui vendent eux-mêmes leur production chez eux en contenant de moins de cinq litres sont exemptés de ce prélèvement. Ceux qui veulent exporter doivent obligatoirement passer par la Fédération.

Les producteurs qui contestent le contrôle de la Fédération sur les ventes de sirop veulent pouvoir vendre leur production eux-mêmes et être payés tout de suite, plutôt que de la vendre à la Fédération qui les paie par versements échelonnés sur un an.

Le mémoire du syndicat ne propose pas de changer cette formule, mais il suggère de rendre les producteurs de sirop d’érable admissibles à des programmes comme Agri-Risques d’Agriculture et Agroalimentaire Canada pour améliorer le financement de la réserve stratégique.

Invité à commenter la nouvelle, le directeur général de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, Simon Trépanier, estime que les propositions contenues dans le mémoire sont de nature à répondre aux critiques qui ont été formulées à l’encontre du plan conjoint de commercialisation mis sur pied il y a 15 ans. « Le taux de satisfaction à l’égard de notre travail est de 75 % », souligne-t-il.

LA FIN DES SAISIES ?

Est-ce que ça signifie la fin des saisies de sirop et de la contestation qui agite périodiquement le milieu des producteurs de sirop d’érable ? Probablement pas, reconnaît Simon Trépanier.

« Malheureusement, il y aura toujours des gens qui veulent profiter des avantages que leur donne le travail de la Fédération sans en payer le prix », dit-il.

UNE ENQUÊTE DISCRÈTE

« L’étude exhaustive de la situation de la production acéricole au Québec », est en cours dans la plus grande discrétion depuis le mois de mai. Elle est pilotée par Florent Gagné, un ancien directeur de la Sûreté du Québec qui a aussi agi comme tuteur de la Ville de Laval après le départ du maire Gilles Vaillancourt en 2003.

M. Gagné a été mandaté par le ministre Pierre Paradis à la suite des échauffourées survenues dans certaines érablières du Québec et des poursuites intentées par certains producteurs. Il doit aussi faire le point sur l’état de santé du secteur et sur l’évolution de ses parts de marché. Son rapport est attendu avant Noël.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.