Mythe ou réalité ?

En mangeant debout, on brûle plus de calories, vraiment ?

Évidemment, tout dépend de ce que l’on mange, dirait le grand Schtroumpf. Une poutine, assis ou debout, c’est 700 calories. Mais est-ce qu’on brûle vraiment plus de calories en mangeant debout ? « Sans doute, nous dit la nutritionniste Catherine Naulleau, mais c’est négligeable. Peut-être deux ou trois calories, parce qu’on sollicite une certaine masse musculaire. Manger debout pourrait aussi faire en sorte qu’on mange plus vite, donc pas une si bonne idée. » Et si on mangeait en marchant ? « On brûlerait un peu plus de calories, mais si on marche trop vite, on risque d’avoir des crampes », répond la nutritionniste. Le mieux est de déguster son repas assis et de marcher 15 minutes ensuite, ce qui facilite la digestion. « À la fin de la journée, pour brûler plus de calories, il faut intégrer plus d’activité physique et manger moins. » — Jean Siag, La Presse

Au-delà des maux

Ces médecins qui innovent

Au-delà des lits trop durs, du « manger » trop mou et de l’engorgement aux urgences, les hôpitaux et les centres de santé du Québec regorgent d’histoires heureuses, petites ou grandes. Deux fois par mois, La Presse passe une bonne nouvelle, une bonne action ou un dénouement heureux au scalpel. Cette semaine, trois innovations à surveiller.

Loi 10, loi 20, tensions politiques : le Collège québécois des médecins de famille a voulu jeter un peu de lumière dans la grisaille des dernières années en organisant, à la fin du mois de mai, un premier Symposium sur les innovations.

« On sentait nos équipes fatiguées, démotivées et ébranlées par le contexte légal et politique, dit sa présidente, Maxine Dumas Pilon. L’idée était de réengager nos troupes dans un exercice positif de transformation. » Plus de 30 innovateurs ont ainsi pu soumettre leur projet à des leaders cliniques et des gestionnaires, dans une formule inspirée de l’émission Dans l’œil du dragon. Au vu de son succès, l’exercice sera répété, promet la Dre Dumas Pilon. Zoom sur trois innovations qui ont retenu l’attention et qui promettent de s’étendre partout au Québec.

Favoriser la consultation électronique

Quoi : Un système de consultation sécurisé entre les médecins de famille et les spécialistes pour éviter que les patients se déplacent inutilement.

Le résultat : Réduction de 40 % des consultations en personne, délai de réponse réduit à deux jours en moyenne, économie de coûts.

Le défi : Négocier avec le gouvernement et les groupes spécialistes la rémunération des médecins spécialistes qui participent aux consultations électroniques.

Le projet BASE est né en 2008 en Ontario à partir d’un constat tout simple : les patients attendent trop pour avoir accès aux spécialistes. « Pour des cas moins urgents, le délai était parfois de plus d’un an. C’était très insatisfaisant », se souvient la Dre Clare Liddy, chercheuse clinique à l’Institut de recherche Bruyère, affilié à l’Université d’Ottawa. Son équipe et elle ont alors imaginé un système de communication directe entre les médecins de famille et les professionnels de deuxième et troisième lignes. À la suite d’une consultation qui exige des approfondissements, les omnipraticiens et infirmières peuvent consulter en ligne leurs collègues dans 86 domaines de spécialité. Résumé du cas, photographies, vidéos, radiographies : à partir de ces informations, les médecins de famille décideront en quelques jours s’il est nécessaire d’approfondir l’investigation. « Les réponses sont généralement très complètes, et je juge nécessaire d’envoyer mes patients rencontrer un spécialiste dans seulement 30 % des cas », explique la Dre Liddy. Trois projets-pilotes sont en chantier dans les régions de l’Outaouais, de la Mauricie et de l’Abitibi-Témiscamingue.

Maximiser la valeur des dossiers électroniques

Quoi : Un moteur d’extraction de données confidentiel pour les chercheurs et les médecins

Le résultat : Plus de 130 projets de recherche au Canada, augmentation de la fiabilité des statistiques en santé, amélioration continue de la gestion et des soins

Le défi : Étendre le service à l’ensemble des professionnels, nettoyer les informations fausses ou erronées.

L’implantation des dossiers médicaux électroniques ne s’est pas faite sans heurts au Québec, mais ceux-ci rejoignent maintenant plus de cinq millions de patients québécois. Les Drs Marie-Thérèse Lussier et Claude Richard, chercheurs affiliés à l’Université de Montréal et au Réseau canadien de surveillance sentinelle en soins primaires, sont convaincus que, mises ensemble, les données collectées contiennent une mine d’or d’information. Depuis 2008, les deux chercheurs s’appliquent, avec des collègues de partout au Canada, à permettre l’extraction de statistiques intelligibles et pertinentes sur huit maladies chroniques, dont le diabète, la démence et la dépression. « Pour la recherche, pour la surveillance, mais aussi pour que les médecins participants puissent se comparer de façon anonyme à leurs collègues de la clinique, de la province et du Canada », note la Dre Lussier. Financé par l’Agence de santé publique du Canada, le projet Sentinelle s’affaire maintenant à optimiser l’interface qui permet aux médecins de consulter des données par eux-mêmes et en temps réel.

Introduire les patients dans la gestion

Quoi : L’accompagnement des gestionnaires et des professionnels dans l’intégration de « patients partenaires »

Le résultat : Une gestion soucieuse de l’opinion et de l’expérience des patients, une meilleure vue d’ensemble des enjeux et une plus grande justesse dans les interventions

Le défi : Changer les mentalités, reconnaître et rémunérer l’expertise de patients experts, éliminer le jargon professionnel.

Revoir la relation entre les patients, les cliniciens et les gestionnaires : c’est le défi que s’est lancé la Dre Paule Lebel, qui codirige avec Vincent Dumez la Direction collaboration et partenariat patient. Son équipe accompagne – recrutement, formation, assistance – les groupes de médecine de famille (GMF) universitaires qui souhaitent intégrer des « patients partenaires » dans leur comité de gestion. « Pour nous, c’est très important que les patients prennent part aux décisions sur les services qui leur sont offerts, que leur expérience puisse servir à orienter les services, à les rendre meilleurs, indique la professeure à la faculté de médecine de l’Université de Montréal. Ce sont les savoirs de tous qui sont alors mis à profit. Les rapports deviennent égalitaires. » La Dre Lebel juge cette « coconstruction » particulièrement importante « afin de faciliter l’intégration des nouveaux professionnels » qui convergent vers les GMF, tel que prévu dans la restructuration du réseau. La « patiente partenaire » Ghislaine Rouly a participé, entre autres, aux décisions entourant la transformation du CHUM dans la foulée de son déménagement. « Au début, on m’a regardée de travers, dit-elle. On avait peur de la revendication, du jugement, mais ce n’est pas notre mission. Le véritable travail en est un de collaboration. Une fois qu’on m’a laissé la parole, que j’ai pu me présenter, ç’a très bien été. » L’une de ses expériences malheureuses, la mort de sa fille, a notamment permis d’orienter les procédures de visualisation des corps à la morgue, donne-t-elle en exemple.

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