OPINION

CONDITIONS DE VIE DES PERSONNES ÂGÉES Vivre vieux, mais mieux ?

Comme proche aidante, je ne me lasse pas de réfléchir au sort de nos aînés vulnérables. Or, il me semble que dans le discours politique, notamment en campagne électorale, on traite insuffisamment de la vie avant le CHSLD.

Vivre plus vieux. Mais mieux ? Que de promesses et de nobles intentions afin de transformer l’établissement de soins de longue durée en vrai et digne milieu de vie, le contraire d’un mouroir. Nous en entendrons beaucoup parler au cours de la prochaine campagne électorale, comme si nos candidats et aspirants premiers ministres ne focalisaient que sur le terminus de la vie. 

Mais qu’en est-il de ce que le gouvernement peut faire pour sa population vieillissante, ses très nombreux baby-boomers, quant à la vie avant le CHSLD ? Afin que vieillir ne s’apparente plus à une lente et esseulée mise au rancart de la société…

Veiller au mieux-être de ses vieux, il me semble, ne doit pas se résumer à garantir deux bains par semaine et du manger mou bien présenté.

Le Québec est un chef de file au Canada en matière de services de garde pour enfants. Exigeantes sont les normes visant les CPE à l’échelle de la province. Un modèle, certes perfectible, mais un modèle tout de même. La formation des éducateurs et éducatrices répond à des critères précis. Le perfectionnement est de mise. Les activités ne sont pas le fruit d’une improvisation. La stimulation est réelle et mesurable.

Le gouvernement encourage la prolifération des centres de pédiatrie sociale, mais comment expliquer l’absence de l’équivalent pour les aînés ?

Et pourquoi n’existe-t-il pas la même rigueur nationale que pour les CPE quant à l’offre de prise en charge d’aînés en perte d’autonomie et déclin cognitif ? Du maintien à domicile jusqu’à une relocalisation, par exemple vers une ressource intermédiaire ?

Les ressources intermédiaires ne sont pas toutes semblables. L’espace vital offert à chaque résidant n’est pas identique. Pourtant, on impose le même tarif. Qui veille sur notre proche parent 24 heures par jour ? Juste des préposés le soir et la nuit ? C’est insuffisant, car on ne peut minimiser le risque d’incidents aux heures tardives. Et quel est leur niveau de formation ? Les normes quant aux espaces communs, la climatisation, les menus ne sont pas comparables d’un endroit à l’autre. Les exigences quant au nombre et au type des activités sont aussi à géométrie variable. Et qui les organise ? Des experts ou des préposés débordés ? Dans quels buts ? Tuer le temps ou bien le meubler ?

On est très loin de la rigueur imposée au réseau des CPE. Pourquoi donc ?

On ne semble pas accorder assez d’importance à la socialisation et à la stimulation cognitive des aînés en proie à la solitude dans notre société en général, et, plus précisément, dans les ressources intermédiaires, unités d’hébergement pour aînés dans les hôpitaux et CHSLD. Des postes de techniciennes en loisir et d’éducatrices spécialisées ont été abolis pour cause d’austérité budgétaire. C’est aberrant !

Par ailleurs, dans le cadre du maintien à domicile que notre société québécoise désire tant privilégier, en quoi est-ce logique de tolérer l’abolition du jour au lendemain de centres de jour pour aînés vivant à domicile ? Comme ce fut hélas le cas dans toute la région de Brome-Missisquoi. La Société Alzheimer tente de compenser cette grave lacune, mais les activités de répit-stimulation ne sont pas offertes dans toutes les localités.

Comment accepter que le Québec n’accorde pas la même importance aux enfants et aux aînés ? Avec le même degré de rigueur et d’humanisme.

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