Impôts payés et services reçus

Robin des Bois et le paradoxe de la redistribution

C’est Robin des Bois qui serait surpris. Prendre aux riches pour redonner aux pauvres n’est pas la meilleure façon de lutter contre la pauvreté.

Dur à croire ? Pas quand on connaît le paradoxe de la redistribution de la richesse, dont les rouages ont été exposés par deux sociologues suédois, Walter Korpi et Joakim Palme, dès la fin des années 90.

Ce paradoxe démontre qu’on ne peut pas s’en tenir uniquement à l’impôt pour lutter contre les iniquités. Il faut aussi s’appuyer sur des services publics généreux et universels.

Nos voisins américains, par exemple, ont des impôts plus progressifs que ceux du Danemark. Pourtant, le pays scandinave est bien plus égalitaire que les États-Unis. C’est que les programmes sociaux danois sont beaucoup plus généreux que ceux des Américains.

Comme les Danois profitent d’une vaste gamme de services universels, leur fiscalité est forcément plus lourde… et elle ne peut donc pas reposer seulement sur les épaules d’une poignée d’individus bien nantis.

Bref, tout le monde profite du système, mais tout le monde doit y contribuer à différents degrés. La redistribution de la richesse passe donc par la mise en commun.

Quand toute la population bénéficie d’un système universel, comme les soins de santé, l’éducation ou les garderies chez nous, les contribuables plus aisés sont plus heureux de payer la note. L’adhésion sociale large permettra d’assurer le financement et le maintien des programmes à long terme.

À l’inverse, des politiques fiscales très pointues qui visent strictement les plus pauvres risquent de diviser la population, de créer un schisme politique entre ceux qui reçoivent et ceux qui paient. Graduellement, ces programmes sont appelés à fondre comme peau de chagrin, faute d’appui populaire pour les défendre.

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