Chronique

Le mépris de la madame

Ça se tapait sur les cuisses et ça riait à gorge déployée chez Guy A. Lepage alors que Serge Denoncourt égratignait tout ce qui bouge dans un rayon de 50 kilomètres autour de la grande tour brune.

Que l’animateur et metteur en scène écorche Giovanni Apollo, Clodine Desrochers, Éric Salvail ou les créateurs de L’auberge du chien noir (« que ça meure ! »), aucun problème avec ça. Ces gens exercent tous un métier public, et encaisser quelques taloches fait partie de leur réalité quotidienne.

Là où Denoncourt a dérapé, c’est quand il s’est attaqué à la « madame » ordinaire, cette expression fourre-tout qui désigne la téléspectatrice québécoise moyenne. Ses propos suintaient le mépris, la condescendance.

C’était tout aussi inconfortable de voir une bonne partie des invités de Tout le monde en parle se délecter des paroles de Serge Denoncourt, eux qui vivent tous aux crochets de cette « madame » qui achète des billets de spectacle d’humour, qui se procure des livres, qui adore la télé québécoise et qui s’offre un abonnement au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) pour assister à Roméo et Juliette, par exemple.

La madame déçue qui a raté Les dieux de la danse parce qu’elle passait une soirée avec son copain ? « M’en câlisse, a tonné Serge Denoncourt. A pensait-tu qu’on allait attendre qu’elle ait fini de manger pour faire l’émission » ?

La madame qui trouve que Serge Denoncourt s’habille et se coiffe mal ? « Madame, mangez de la marde, je m’en câlisse », a-t-il répété.

La madame qui arbore un chandail fluo et une mauvaise teinture sur sa photo de profil ? Maudite quétaine, vous êtes qui pour critiquer ? décodait-on entre les lignes. La madame qui rouspète contre les notes attribuées aux Dieux de la danse ? Trouvez-vous une vie, franchement ! Dany Turcotte et Anne Dorval ont, heureusement, exprimé leur désaccord.

Parce que ce n’était pas super chic. Serge Denoncourt est pourtant un homme brillant, cultivé et pertinent à C’est juste de la TV. Personne ne l’accusera de jouer la carte de l’hypocrisie. Il a été franc et tranchant.

Par contre, s’il se sacre éperdument des commentaires provenant de quidams sur les réseaux sociaux, pourquoi s’enflamme-t-il à ce point quand il en jase ?

Et comme il endosse le rôle du juge méchant aux Dieux de la danse, c’est évident que le public fâché essaiera de lui renvoyer un boomerang de merde en plein visage, non ?

Certains ont adoré la franchise et l’authenticité extrêmes de cet homme de théâtre, qui ont débouché sur un bon moment de télé, il faut l’admettre. Probablement que son personnage « bête » a pris le dessus dans le feu de l’action.

Reste que c’est facile de fesser sur la madame qui aimerait voir René Simard ou Mario Pelchat à l’ADISQ et qui ne comprend pas nécessairement les mécanismes de fabrication d’une émission de télévision. Au bout du compte, c’est cette madame qui alimente la machine culturelle avec l’argent qu’elle y injecte. Beaucoup plus que le monsieur, d’ailleurs.

Si la madame décide de boycotter Les dieux de la danse ou tout autre beau programme de télé, vous allez voir les cotes d’écoute dégringoler assez rapidement, merci. Pas certain que les patrons de Serge Denoncourt trouveraient cette madame aussi emmerdante et lourde, finalement.

Des nouvelles de Johanne Fontaine

La comédienne Johanne Fontaine en découd depuis six ans avec un cancer grave qui ne lui accorde aucun répit. Elle ne devait survivre que deux ans. Elle est toujours là, fougueuse, lumineuse et courageuse, malgré les métastases au foie, à la vessie et à la rate qui envahissent son corps.

En rémission à l’été 2015, elle projetait alors de se marier avec son amoureux. La maladie est revenue. Et c’est là que nous reprenons son histoire inspirante dans le documentaire Johanne Fontaine : toujours accro à la vie, que Canal Vie diffusera le mercredi 14 décembre à 20 h. C’est très bon.

À la caméra, Johanne Fontaine pleure, rit, s’indigne, mais ne baisse jamais les bras. On la voit dans le bureau de son radio-oncologue, sur une civière avant une importante opération ou pendant l’un de ses nombreux cycles de chimiothérapie. « J’ai tellement peur de mourir », dira-t-elle dans un rare moment de découragement.

Par les témoignages de sa maman, de son fils, de son mari et de son amie Isabelle Maréchal, nous découvrons une Johanne Fontaine à la fois forte et vulnérable, qui nous sert une belle leçon de courage.

Mettons que ça remet en perspective nos propres petits bobos et que ça nous recentre sur l’essentiel : vivre.

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