Katerine Savard

Des Jeux olympiques aux bancs d’école

Les athlètes québécoises ont brillé l’été dernier à Rio, particulièrement au centre aquatique, et elles ont eu droit à un bel accueil à leur retour. Après les cérémonies, les présentations, les honneurs, il a fallu reprendre la vie « normale ».

Pour la nageuse Katerine Savard, cela s’est traduit par un retour à l’Université de Montréal, où elle achève sa deuxième année en enseignement préscolaire et primaire. La semaine dernière, nous l’avons rencontrée entre deux cours dans la cohue du pavillon Marie-Victorin. Loin des Jeux, des piscines, des caméras, elle était une simple étudiante parmi des centaines d’autres...

« Les gens ici ne savent pas que j’ai gagné une médaille olympique – je ne la porte pas dans mon cou ! –, et ça me convient très bien. Mes études sont très importantes. J’ai toujours aimé les enfants, j’étais gardienne quand j’étais jeune et j’ai vraiment envie de travailler en milieu scolaire plus tard. »

Savard est plus connue qu’elle aime le penser et sa notoriété lui vaut plusieurs invitations pour des conférences, dans les écoles en particulier. 

« Je pense que c’est important de rendre tout ce que le sport nous apporte en aidant les jeunes, notamment. »

— Katerine Savard

« Ma médaille de Rio, elle est dans sa boîte, chez moi. Je la sors justement quand je vais dans les écoles, pour la montrer aux jeunes. C’est un peu une façon de redonner, d’en encourager d’autres à poursuivre leurs rêves eux aussi. Je viens d’une petite place [Pont-Rouge, près de Québec], mes parents ne sont pas millionnaires, mais ça ne m’a pas empêchée d’arriver où je suis. »

Détermination

La jeune femme de 23 ans cache une grande détermination derrière sa discrétion. On se rappellera qu’elle avait d’abord raté sa sélection pour les Jeux de Rio dans son épreuve préférée, le 100 mètres papillon. Une déception terrible, qui la hante encore un peu mais qui ne l’avait pas empêchée de rebondir deux jours plus tard en obtenant une place au relais 4 x 200 mètres libre.

« On dit souvent que rien n’arrive pour rien. Si je m’étais qualifiée pour le papillon, je n’aurais pu faire le relais et je serais peut-être passée à côté de cette médaille. Ç’a été dur, c’est vrai, mais c’est incroyable de voir le nombre de personnes qui m’ont soutenue à travers ça, des gens que je ne connaissais même pas, souvent. »

À Rio, le 100 mètres papillon était l’une des premières épreuves au programme. « J’étais dans les gradins, le premier jour, pour encourager les autres nageuses canadiennes. Il suffit parfois d’une seule personne pour galvaniser toute une équipe et c’est ce qu’a fait Penny [Oleksiak] à Rio. Quand elle s’est mise à gagner ses médailles, j’ai tout de suite senti que c’était aussi possible pour moi et pour les autres filles de l’équipe. »

C’est justement Oleksiak qui a complété le relais 4 x 200 m libre en troisième place, record national à la clé, le 9 août, après que Savard, Taylor Ruck et Brittany McLean eurent préparé le terrain.

Grâce à cette médaille de bronze, Savard est devenue une « vedette » à son retour de Rio. Avec d’autres médaillées québécoises, elle s’est retrouvée sur la scène pendant la cérémonie des prix Gémeaux, tout en étant honorée lors d’évènements sportifs ou de défilés de mode. Une belle visibilité pour celle qui préfère pourtant encore passer inaperçue.

Six mois après les Jeux et les « montagnes russes d’émotions », la nageuse est d’ailleurs passée à autre chose. « Rio aura été une étape pour moi. J’y ai appris beaucoup de choses sur moi, j’ai obtenu cette fameuse médaille, mais j’ai d’autres ambitions, d’autres objectifs... »

L’un de ces objectifs est d’aider les Carabins de l’Université de Montréal à enlever un premier titre aux Championnats canadiens universitaires, le week-end prochain à Sherbrooke.

« Nous étions venues très près du titre en 2014 et je crois qu’on a de bonnes chances cette année, estime Savard, qui a remporté six médailles d’or il y a 10 jours aux provinciaux. D’autres membres de l’équipe canadienne olympique seront aussi de la compétition avec d’autres universités et ce sera très disputé.

« C’est vraiment une compétition d’équipes et c’est très excitant, lors des relais en particulier. Et ça nous amène aussi à sortir de notre zone de confort, afin d’aller chercher un maximum de points. Notre entraîneur [Pierre Lamy] m’a ainsi demandé de faire le 400 m libre, une épreuve que je n’avais jamais courue. Si ça peut aider l’équipe... »

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