CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Un moyen, pas une fin

Souhaitée ou pas, la faible croissance économique est installée pour rester dans les pays industrialisés. Bonne nouvelle ou calamité ? L’économiste Marcelin Joanis, professeur et fellow du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, répond à nos questions.

Est-ce que la décroissance peut être une bonne chose pour les économies modernes ?

La croissance peut avoir des conséquences négatives, notamment sur l’environnement. De là à dire qu’on doit viser la décroissance, je ne crois pas. Je pense qu’on peut viser la croissance économique en prenant les bonnes décisions. Je constate que la croissance ralentit et je ne vois pas ça d’un mauvais œil. Ça peut être salutaire. Ça nous force à investir dans les technologies vertes, à faire des choix plus intelligents que par le passé.

La croissance à tout prix a-t-elle atteint ses limites ?

La croissance économique n’est pas un objectif en soit, mais un moyen de satisfaire les besoins de la population. L’important est de trouver les meilleurs moyens de satisfaire ces besoins.

À partir d’un certain niveau de revenu, toute augmentation supplémentaire ne produit pas une amélioration du bien-être des populations. Pourquoi continuer à courir après la croissance ?

Il y a encore de la pauvreté et pour beaucoup de gens, on est encore loin d’un niveau de vie acceptable. Par ailleurs, les sociétés les plus heureuses ne sont pas les plus riches en termes de PIB par habitant, mais ce sont celles où l’État joue un rôle important pour redistribuer la richesse et atténuer les inégalités. Ça prend de la croissance pour faire ça. Les gouvernements ont besoin de la croissance, qui leur donne des revenus et des moyens d’agir.

La croissance ralentit : 

- pour des raisons démographiques : la population n’augmente plus

- parce que le rattrapage en matière d’éducation et de technologie est complété

- à cause des inégalités, qui concentrent la richesse entre les mains d’un petit nombre de personnes

- en raison de l’endettement élevé des ménages et des gouvernements

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