Montréal persiste et signe : pas de virage à droite au feu rouge
Le responsable des transports au comité exécutif de la Ville de Montréal, Aref Salem, a fermé la porte hier à toute possibilité d’introduire le virage à droite au feu rouge (VDFR), estimant que cette pratique était incompatible avec l’approche « Vision zéro » préconisée par la métropole en matière de sécurité routière.
Malgré les appels lancés par les maires des 15 autres municipalités situées dans l’île de Montréal, hier, lors des consultations publiques organisées par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), M. Salem a rappelé que dans la métropole, un déplacement sur cinq (20 %) est fait à pied ou en vélo, et que cette particularité doit être prise en compte dans les stratégies de l’administration municipale.
« On ne veut pas du virage à droite au feu rouge, a-t-il dit, parce qu’on a déjà adopté une “Vision zéro”, et que dans cette vision, le premier principe est d’assurer la sécurité du plus vulnérable. Nous pensons qu’en raison de la spécificité de Montréal, ça peut sauver des vies. »
Immédiatement après le passage de M. Salem devant la commission de la SAAQ, les maires des villes de Montréal-Est, Beaconsfield et Mont-Royal, MM. Robert Coutu, Georges Bourelle et Philippe Roy, ont tenté de faire valoir que l’interdiction du VDFR peut créer une confusion chez les automobilistes de la banlieue ou d’ailleurs, qui peuvent tenter une telle manœuvre sans savoir qu’elle est interdite partout dans l’île.
Selon eux, le VDFR n’est responsable que de 1 % des accidents de la route, et n’a été mis en cause que dans six décès survenus au Québec entre 2003 et 2012. Les maires des 15 villes liées estiment ainsi que le virage à droite au feu rouge pourrait être implanté de façon sécuritaire à 60 % des intersections avec feux rouges de l’île de Montréal, soit environ 1550 carrefours.
Pour Aref Salem, une telle mesure manquerait de « cohérence » avec les intentions de la Ville de réduire le nombre de victimes de la route à Montréal.
La mise en œuvre de la Vision zéro, a-t-il ajouté, se fera progressivement à Montréal « avec les réaménagements des rues, des limites de vitesse et une implantation de radars partout [dans les] rues ».
Sur ce point, M. Salem a demandé à la SAAQ de recommander au gouvernement du Québec d’accorder une large « autonomie » à la métropole en matière de sécurité routière en raison du grand nombre des piétons et de cyclistes, qui font la spécificité de Montréal.
Il a aussi recommandé que l’approche « Vision zéro », née en Suède, soit étendue à l’ensemble du Québec.